Fil infos

Haute-Garonne
|
Transports - Logistique
| 2/04/2015

LGV : ce que les commissaires-enquêteurs reprochent aux aménagements au nord de Toulouse

Dans le coup d’arrêt donné à la LGV Bordeaux-Toulouse, les commissaires-enquêteurs ont également émis un avis défavorable à la demande de déclaration d’utilité publique des travaux nécessaires à la réalisation des aménagements ferroviaires au nord de Toulouse (AFNT).
Pour rappel, le projet AFNT porte sur les communes (listées du nord au sud) de Castelnau d’Estrétefonds, Saint-Jory, Lespinasse, Fenouillet et Toulouse. Il consiste en la mise à quatre voies (deux ou trois actuellement) de l’ensemble du linéaire Saint-Jory/Matabiau sur environ 19 kilomètres. Cette mise à quatre voies s’accompagnerait de la réalisation de nombreux ouvrages (création d’un terminus partiel à Castelnau-d’Estrétefonds, réaménagement des sept points d’arrêt existants, création d’une véritable interconnexion fer/métro, aménagements des voies et des quais en gare Matabiau) et de multiples travaux connexes. La réalisation du projet AFNT permettrait principalement l’arrivée à Toulouse des TGV destinés à relier Bordeaux et Toulouse dans le cadre du projet GPSO, la mise en service d’un train cadencé au quart d’heure et le développement des capacités du transport ferroviaire régional.
Sur le fond, « la commission considère que le projet AFNT présente trop d’inconvénients par rapport à ses avantages pour que son utilité publique soit affirmée. Elle estime que le projet, tel qu’il a été soumis à enquête publique, doit être abandonné. »

Absence de coordination

 

Parmi les critiques formulées : absence d’autorité organisatrice supérieure, et de coordination entre Toulouse Métropole et la Région MP ; aucune solution alternative de transport proposée ; fréquentation supplémentaire modeste pour le train cadencé (700 M€ d’investissements pour 3 500 personnes supplémentaires en 2024, soit un « coût prohibitif ») ; encouragement à l’étalement urbain, en permettant de choisir un lieu de résidence éloigné du cœur de l’agglomération mais bénéficiant d’un accès rapide à Toulouse ; inutilité du réaménagement de plusieurs haltes ; un déficit d’exploitation annuel de l’ordre de 20 M€, « supportés par le contribuable » ; obligation de réaliser des ouvrages de protection des voyageurs au droit de deux sites de Total, générant un coût élevé (50 M€) et une « incidence sur le paysage très négative » ; non-détermination, à ce jour, du coût total de l’investissement (infrastructure elle-même, places de parking, voiries, rabattement en transport public). Ce dernier « peut être estimé à au moins 800 M€ ».

 

« Divergences majeures »

 

Les commissaires-enquêteurs taclent les divergences entre acteurs. « Il (nous) a semblé tout à fait anormal que l’enquête publique sur le projet AFNT ait pu être lancée alors même que des divergences majeures n’avaient pas trouvé de solution concertée entre RFF et les autorités chargées du transport public et de l’urbanisme (conseil régional et Toulouse Métropole principalement) sachant, de plus, qu’elles seront appelées à participer à son financement. L’absence d’une autorité organisatrice supérieure, qui aurait pu trancher les débats et agir au mieux de l’intérêt public, apparaît criante. »
Plusieurs sources proches considèrent que l’activisme des Zadistes de Sivens (Tarn) a joué un rôle dissuasif sur le projet. La Lettre M a pu observer que les tensions de Sivens (affrontements entre force de l’ordre et opposants aux projets, occupation illégale du terrain, manifestations violentes dans le centre de Toulouse…) sont évoquées dans de nombreuses réunions rassemblant des décideurs.
Le rapport des commissaires-enquêteurs est consultable à la préfecture de Haute-Garonne et dans 13 mairies (dont celle de Toulouse).
Lien : www.haute-garonne.gouv.fr, onglet « publications ».

 

Bloc Abonnement

La Lettre M sur votre bureau chaque mois, la newsletter quotidienne à 18h, toute l'actualité en temps réel sur lalettrem.fr, les magazines thématiques, le guide « Les Leaders, ceux qui font l’Occitanie », la référence des décideurs d'Occitanie