Fil infos

Gard
|
Industrie
| 6/07/2017

Cleantech Valley et Grand Carénage EDF : le Gard industriel sort ses griffes à Place à l’Entreprise (UPE 30)

Lors de la table ronde « In­dus­trie » de Place à l’En­tre­prise ! (UPE 30), ani­mée par La Lettre M, ce 5/7 au Mas Mer­let (Nîmes), il a été rap­pelé le poids in­dus­triel du Gard en Oc­ci­ta­nie : ce dé­par­te­ment est en effet le 2ème (sur 13) en ma­tière de puis­sance in­dus­trielle. Mor­ceaux choi­sis des in­ter­ven­tions d’Ar­naud Le Guillou (Sa­nofi Ara­mon, membre as­so­cié à la CCI de ré­gion et chargé de mis­sion à la CCI 30) et Vir­gi­nie Mon­nier-Mangue (EDF, pré­si­dente du Bic In­nov’Up, élue à la CCI 30, di­rec­trice du pro­gramme Éner­gies du Gard).

Le site Sa­nofi à Ara­mon em­ploie 850 sa­la­riés (50 em­bauches en trois ans, 10 M€ in­ves­tis chaque année), et fait vivre 150 en­tre­prises ex­té­rieures y tra­vaillent chaque jour (ar­ti­sans et PME). Cette usine de pro­duc­tion de prin­cipes ac­tifs chi­miques de mé­di­ca­ment se situe très en amont de la fi­lière du mé­di­ca­ment. « C’est des poudres qui sortent de chez nous. Notre grand pro­duit est un an­ti­agré­gant jouant sur le rythme car­diaque », pré­cise Ar­naud Le Guillou. Trois ac­ti­vi­tés prin­ci­pales sur le site : chi­mie or­ga­nique ; bio­tech­no­lo­gies ; ex­trac­tion de pro­duits vé­gé­taux. Chaque année, 600 T de prin­cipes ac­tifs phar­ma­ceu­tiques sont pro­duits. Chaque jour, l’équi­valent de 100.000 com­pri­més est fa­bri­qué.

Vir­gi­nie Mon­nier-Mangue a fait le point sur la cen­trale d’Ara­mon, fer­mée de­puis sep­tembre 2016. « La dé­cons­truc­tion est ache­vée. Nous sommes dans une phase de mise en sé­cu­rité de la cen­trale, pour qu’il n’y ait plus de risque élec­trique. Nous vi­dons les fluides, net­toyons des cuves de fioul… » Mme Mon­nier-Mangue in­siste sur l’émer­gence d’une clean tech val­ley, au­tour de la chi­mie verte, en en­ga­geant di­vers ac­teurs - Sa­nofi, BRL, eau, éner­gie. L’idée est de fixer ra­pi­de­ment « des ob­jec­tifs concrets, de créer des ren­contres bu­si­ness, de dé­ve­lop­per une pla­te­forme in­ter­net pour les ap­pels d’offres des grands groupes ».
2 Md€ vont être in­ves­tis sur 10 ans par EDF à Tri­cas­tin et Cruas. « Les parts de mar­ché du Gard sont sur ces sites de 6 %. Au­tant dire qu’il y a de vraies pers­pec­tives de dé­ve­lop­pe­ment pour la fi­lière in­dus­trielle gar­doise : main­te­nance, élec­tro-tech­nique, chau­dron­ne­rie. Et au­tour des mé­tiers connexes : écha­fau­dages, lo­gis­tique. Les tra­vaux com­mencent début 2018. »
Elle re­grette par contre les dif­fi­cul­tés au­tour des ENR : « Il y a beau­coup de dif­fi­cul­tés pour les dé­ve­lop­per dans le Gard, par rap­port à l’Aude ou les Py­ré­nées-Orien­tales, parce que l’ac­cep­ta­bi­lité des pro­jets pho­to­vol­taïques et éo­liens dans le Gard est par­ti­cu­liè­re­ment faible. »
Ar­naud Le Guillou, mal­gré le poids du site qu’il di­rige, dit « se sen­tir assez seul en Oc­ci­ta­nie. La ré­gion est écra­sée par le poids in­dus­triel d’Air­bus. Lors d’une ses­sion de la CCI de ré­gion à Bla­gnac (31), c’était fla­grant. L’om­ni­pré­sence d’Air­bus fait qu’on n’évoque pas l’in­dus­trie du Gard ».

La CCI 30 in­cite les PME à « sor­tir de leur zone de confort, à ne pas se conten­ter des clients ha­bi­tuels » (Vir­gi­nie Mon­nier-Mangue), à tra­vers par exemple une ren­contre avec des don­neurs d’ordres de rang 1 (9/6, puis 28/9 dans la cen­trale de Cruas). « Ces don­neurs d’ordres, qui viennent de ga­gner des mar­chés au­près d’EDF, re­cherchent des sous-trai­tants. Nous sommes en train de mo­bi­li­ser une team gar­doise », sou­ligne Vir­gi­nie Mon­nier-Mangue.

Ar­naud Le Guillou re­grette l’ab­sence de so­lu­tions de sto­ckage froid. « Au­cune so­ciété ne pro­pose un en­vi­ron­ne­ment de sto­ckage avec un label phar­ma­ceu­tique. On loue des mo­dules de chambres froides qu’on va ins­tal­ler sur le site. On s’est même de­man­dés si on n’al­lait pas loué des en­tre­pôts à Sa­nofi Lyon, voire au nord de Paris. »

Pour pal­lier les dif­fi­cul­tés de re­cru­te­ments, le di­ri­geant uti­lise le CDI In­té­rim (mise à dis­po­si­tion chez Sa­nofi pen­dant trois ans, mais sa­la­riés d’Adecco). Les ho­raires contrai­gnants (week-end, nuit…) du sec­teur, mal­gré des sa­laires su­pé­rieurs à la moyenne (entre 10 et 20 % au-des­sus), posent pro­blème par rap­port aux jeunes gé­né­ra­tions. « Nous consta­tons un dés­in­té­res­se­ment des Bac Pro Chi­mie du fait du rythme de tra­vail. Mais c’est aux nou­velles gé­né­ra­tions de s’adap­ter. Les ré­ac­tions chi­miques ne peuvent pas s’ar­rê­ter la nuit et le week-end ! » Sa­nofi Ara­mon compte 39 ap­pren­tis sur 700 CDI.

Hu­bert Via­latte / vialatte@​lalettrem.​net
Bloc Abonnement

La Lettre M sur votre bureau chaque mois, la newsletter quotidienne à 18h, toute l'actualité en temps réel sur lalettrem.fr, les magazines thématiques, le guide « Les Leaders, ceux qui font l’Occitanie », la référence des décideurs d'Occitanie