La Lettre M

Éolien flottant : un pacte de Narbonne pour faire pression

Les faits: 

Le 13 octobre, quatre présidents de régions littorales métropolitaines (Sud, Occitanie, Bretagne et Pays de la Loire) adressent un courrier au 1er ministre sur la future programmation pluri-annuelle de l’énergie (PPE) pour la période 2019-2023. L'étape est jugée « déterminante » pour donner « la visibilité nécessaire pour le développement d'une filière compétitive, créatrice d'emplois et d'activités économiques » en matière d'éolien flottant. Les collectivités soulignent qu' « aux côtés de l'ensemble des acteurs industriels, environnementaux et des professionnels de la mer »elles ont identifié « des macrozones qui seront versées aux futurs débats publics ». 

L'analyse: 

Le 15 novembre, la Région Occitanie, présidée par Carole Delga (PS), réunit plus de 400 acteurs impliqués dans filière de l’éolien flottant en mer (collectivités, industriels, entreprises, start-up, associations, fédérations…) à Narbonne (11). Une opération de lobbying, qui se traduit par le Pacte de Narbonne. Initié par la Région Occitanie et ses partenaires*, ce pacte vise à concrétiser les projets de fermes pilotes éoliennes flottantes (48 MW) portées par les consortiums EFGL/Engie (Leucate - 11) et EolMed (Gruissan - 11) d’ici à 2021. L’intérêt du PPE est de planifier le développement des parcs éoliens flottants, les volumes de production et la situation géographique. « Nous demandons à l’État que les appels d’offres pour les parcs commerciaux soient lancés dès 2019 et atteignent 750 MW pour les deux façades littorales », annonce Carole Delga. L'Occitanie est encore à la traîne par rapport aux projets en cours à l'ouest du pays : Dunkerque, Saint-Nazaire, Fécamp, Le Tréport, Saint-Brieuc... Le but est de rattraper le retard et d’atteindre, en France, trois à cinq GW en 2030, dont 1,5 GW dans le Golfe du Lion. « Une puissance de 250 à 350 MW en Méditerranée représenterait 1 Md€ d’investissement », rebondit Jean-Marc Bouchet, président de Quadran Énergies Marines/EolMed. « Le coût pour l’État est de 500 M € par an pour soutenir cette filière le temps d’atteindre un prix de 60 €/MWh. » « On est dans le bon timing pour le volet commercial en lien avec un fort potentiel à l’international », complète Jean-Mathieu Kolbe, directeur du projet EFGL. L’élue régionale, qui ambitionne une région à énergie positive à l’horizon 2050, rappelle que « la Région investit 210 M€ dans le port de Port-la-Nouvelle, pour qu’il devienne le hub de l’éolien flottant. En 2019, une Semop (société d'économie mixte à opération unique) sera par ailleurs créée pour la concession du port (exploité par la CCI 11, NDLR). Autre atout, le raccordement à RTE est opérationnel (2 GW). » Grand témoin de cette matinée, Yann Barbaux, senior vice-président d’Airbus et président d’Aerospace Valley (850 PME), a pointé les synergies de l'éolion off shore avec l’aéronautique. Il propose de créer un cluster « Éolien flottant valley en Occitanie ». Concernant le calendrier de réalisation des fermes pilotes, les dossiers d’autorisations sont en cours d’instruction. Les deux consortiums poursuivent leurs études. « Les flotteurs feront 50 m de côté sur 15 m de haut, et pèseront 10 000 t, auxquels s’ajoutent 3 000 t d’éolienne », précise Jean-Marc Bouchet. L’enquête publique se tiendra au premier semestre 2019, période où les consortiums vont boucler les financements. La filière continue sa structuration et son lobbying, à travers le salon du littoral méditerranéen (21 et 22 novembre) et le forum Energaïa (11 et 12 décembre) au parc des Expos à Montpellier.
*Ademe, SER, FEE, Cluster maritime Français, Pôle mer Méditerranée, CCI Occitanie et Aude, Grand Narbonne.

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