Port de Sète : l’émouvant départ de Marc Chevallier
Départ de Marc Chevallier, lundi soir au terminal croisière du port de Sète, de la présidence de l’EPR Port Sud de France, en présence de Carole Delga, présidente de la Région (propriétaire du port) et Jean-Claude Gayssot, nommé président de l’EPR.
Carole Delga a rappelé les racines sétoises de Marc Chevallier, en citant Jaurès : « C’est en allant vers la mer que le fleuve est fidèle à la source ». Avant d’ajouter : « vous êtes resté fidèle à la source familiale, à l’esprit pionnier de vos ancêtres. Votre parcours est marqué par la passion de la mer. Vous êtes issu d’une dynastie qui trouve sa source à Alger, à la fin 19ème siècle : d’abord le transport du vin, puis la création de la maison Chevallier (Jean Chevallier&Compagnie) à Sète. Le développement des échanges entre l’Algérie et la France a permis à votre famille d’investir dans des aménagements portuaires et des transports de vins en vrac (pinardiers) sous l’emblème de la croix occitane. Vous avez appris plusieurs métiers : agent maritime, gestion d’un chai, transit, management des dockers…, avant de devenir PDG de l’entreprise familiale de transport maritime (gestion de navires, agences maritimes et de chais portuaires) en 1978. »
Marc Chevallier a déclaré : « Armateur, c’est le plus beau métier du monde. On envoie son patrimoine – le navire et son équipage - au bout du monde. C’est un métier vivant, enthousiasmant, où la parole a valeur de contrat et la relation humaine est authentique, un métier où règnent le respect de ceux qui naviguent et la solidarité des gens de mer. J’ai commencé sur le port d’Oran et fini sur le port de Sète. »
Il est revenu sur les moments saillants de sa présidence, entamée en 2010 : « L’assemblée générale de Medcruise en 2011. Cette association regroupant 70 ports de Méditerranée et d’Atlantique et les grands armateurs de croisières, qui ont découvert Sète et les environs : ce fut un tremplin de notre évolution dans ce secteur ; Le surprenant repêchage de 80 voitures et autres bateaux du fond du bassin du midi ; la remise en ordre des canaux fermés, objet de nombreuses contestations – je me suis demandé si ma voiture ne finirait pas, elle aussi, dans le canal ; La saisie des trois ferries marocains, le 6 janvier 2012, et le calvaire des 120 marins bloqués à bord, sans salaires, pendant plus de cinq mois ; les 150 ans de la société nautique de Sète et l’émotion de Christian Bourquin (ex-président de Région, décédé en août 2014, NDLR) sur le bassin du midi face au défilé des 16 multicoques, les fameux golden Oldies, voiliers de légende, dont certains ont été vainqueurs de transatlantiques en solitaire ; l’escale du paquebot Azamara et les joutes sur le canal royal. 550 croisiéristes américains ont chanté leur hymne national au son des hautbois qui accompagnent les joutes ; l’organisation des assises de la mer en 2013, avec 1.600 congressistes du monde maritime ; l’implosion des silos sur le môle Masselin, devant une foule de Sétois (en mars 2013) ; l’énorme succès d’Escale à Sète, merveilleuse association propriété de ses 400 bénévoles, qui ont organisé la plus grande manifestation maritime de la Méditerranée, recevant 350.000 visiteurs en mars 2016 – en perspective, l’escale de l’Hermione, qui fera sa première entrée en Méditerranée et restera une semaine dans notre port fin mars 2018 ; l’inauguration du quai H et de la Maison de la Mer (en octobre 2016) ; Les 350 ans du port (été 2016), marqués par plusieurs événements, un livre et une exposition de photos anciennes (…) J’ai toujours aimé la mer. »
« Un port dans la ville, ce n’est pas simple, a rajouté Marc Chevallier, en présence du sénateur-maire LR de Sète, François Commeinhes. Il est vrai que de temps à autre, par vent de Sud-Est, ça sent parfois la vache (sic), et puis parfois les groupes électrogènes des navires en escale sont un peu bruyants, mais c’est ainsi, n’oublions pas que la ville a les pieds dans l’eau. L’environnement reste au centre de nos priorités. Les eaux sont propres, les lignes de flottaison ne sont plus marquées d’un trait noir, nous avons obtenu le certificat Iso 14001, et le label port propre. Nous poursuivons sur cette voie environnementale, le photovoltaïque couvrira bientôt tous les hangars du port et alimentera 2.500 foyers en électricité. La Région a 3 ports maritimes et un port fluvial en Occitanie. Il faut une gouvernance portuaire unique. C’est urgent, et toujours pas mis en place. » Marc Chevallier se tourne vers ses nouvelles activités : Parlement de la Mer, Académie marine, Club des Croisières et travaux au Ceser.
Carole Delga a insisté sur le virage pris par le port depuis dix ans : « 154 M€ d’investissements régionaux, et environ autant d’investissements privés (Orsero, Lafarge Ciment, Sea Invest…). Le Bassin du midi et le quai d’orient ont été aménagés pour la plaisance, le môle Masselin a été requalifié, le quai J prolongé, le quai H créé, les instruments de levage renouvelés et complétés… Le port est redevenu compétitif, notamment en matière de commerce et de croisière. »
Jean-Claude Gayssot, ministre des Transports entre 1997 et 2002 (gouvernement Jospin), a été choisi pour « sa politique d’accessibilité des transports qu’il a menée en ex-Région LR, pour son engagement politique, sa connaissance du terrain régional et de l’économie maritime, et son réseau européen », indique Carole Delga. Jean-Claude Gayssot, avec humour, s’est dit « surpris de la proposition de Carole Delga, à cause de mon âge (72 ans, NDLR). C’est vrai que je suis plus jeune que Marc (Chevallier, NDLR) : j’ai trois mois de moins que lui ! Mais je n’ai pas hésité longtemps. Je connais bien Marc Chevallier, c’est un ami. On a travaillé ensemble dans des moments très difficiles, quand j’étais ministre des Transports, notamment lors du naufrage de l’Erika, et du pacte signé avec tous les acteurs du monde maritime. Comme vice-président de la Région chargé des transports, puis des questions européennes et internationales, j’ai vu l’évolution du port de Sète en 10 ans. C’est le jour et la nuit. La feuille de route était claire : faire du port un atout économique majeur pour la région. (…) »