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| 11/01/2021

Futur stade de football de Montpellier : ce que l’on sait

In­ter­ro­gés par La Lettre M, les frères Ni­col­lin, un par­te­naire in­ves­tis­seur et d'autres ac­teurs-clés évoquent les contours du pro­jet et les défis à re­le­ver pour faire sor­tir de terre à Pé­rols, au sud de Mont­pel­lier, un « lieu de vie » au­tour du futur stade de foot­ball, d'en­vi­ron 25 000 places.

1 - Un ca­len­drier serré

Né il y a trois ans, le pro­jet a coûté 500 k€ au Mont­pel­lier Hé­rault Sport Club (MHSC), en études et si­mu­la­tions au­près de dif­fé­rents ca­bi­nets. Si aucun re­cours ne vient ra­len­tir cette ini­tia­tive, le futur stade de foot­ball sera inau­guré fin 2024, pour les 50 ans du club, es­time Laurent Ni­col­lin, le pré­sident. « Les dé­lais de réa­li­sa­tion sont chauds à tenir », re­marque Alain Gui­rau­don, DG de GGL Amé­na­ge­ment, par­te­naire in­ves­tis­seur. Le dépôt du per­mis de construire de­vrait in­ter­ve­nir fin 2021, les pre­miers coups de pioche, vers mi-2022. L’ou­ver­ture d’un débat pu­blic d’ici fé­vrier 2021, pour une durée « de six à neuf mois », pour­rait don­ner lieu à des re­cours, re­doute Laurent Ni­col­lin.

2 - L’obs­tacle Frey

Le pro­jet dé­pend aussi de Frey. La fon­cière mar­naise se sent lésée par Mont­pel­lier Mé­di­ter­ra­née Mé­tro­pole qui a aban­donné l’an passé son pro­jet de zone com­mer­ciale et de loi­sirs, en lieu et place du futur stade. Ce­lui-ci doit voir le jour à Pé­rols, au sud de la ville, pour une em­prise fon­cière es­ti­mée entre 7 et 8 ha, sur les 12,7 ha res­tant à ur­ba­ni­ser dans la Zac Ode à la mer. La col­lec­ti­vité confirme à La Lettre M les 77 M€ ré­cla­més en guise de ré­pa­ra­tion du pré­ju­dice mais se montre sûre de son coup : « Au­cune in­dem­ni­sa­tion n’est pré­vue dès lors que la pro­messe est ar­ri­vée à son terme contrac­tuel au 30 juin 2020. » Sur ce point, le club est can­tonné au rôle de spec­ta­teur.

3 - Un fi­nan­ce­ment privé

Le pro­jet privé du futur stade est es­timé entre 150 M et 180 M€, « pour 60 M à 80 M€ de fonds propres », pré­cise Laurent Ni­col­lin. Il est porté par la hol­ding Ni­col­lin, qui pi­lote la so­ciété fa­mi­liale épo­nyme et le club. Les Ni­col­lin se­ront ma­jo­ri­taires dans le ca­pi­tal de la struc­ture dé­diée. Celle-ci de­vrait être créée dans les pro­chains mois. Sont éga­le­ment mo­bi­li­sées cinq en­tre­prises ré­gio­nales : le groupe Oc Santé (17 éta­blis­se­ments de santé en Oc­ci­ta­nie) et des ac­teurs de l'im­mo­bi­lier, FDI Groupe, GGL Amé­na­ge­ment, le pro­mo­teur Tis­sot et Groupe Hugar, pré­sidé par Fran­çois Fon­tès, l’ar­chi­tecte du futur stade.

4 - Des in­ves­tis­seurs « at­ta­chés à leur ter­ri­toire »

Au nom de l’an­crage local, les in­ves­tis­seurs ont tous im­plan­tés leur siège so­cial à Mont­pel­lier, à l’ex­cep­tion du nî­mois Tis­sot, qui dis­pose d’une an­tenne à Mont­pel­lier. En at­ten­dant de mon­ter un pool ban­caire, ces der­niers dis­cutent ac­tuel­le­ment pour sa­voir « qui met com­bien », ex­plique Oli­vier Ni­col­lin, PDG du Groupe Ni­col­lin. Ce grou­pe­ment est parti pour « s’ins­crire a mi­nima sur les 15 à 20 pro­chaines an­nées », af­firme Alain Gui­rau­don. Et de confier : « Laurent et Oli­vier Ni­col­lin nous ont sol­li­cité car comme eux, nous fai­sons par­tie de ces en­tre­prises lo­cales dont les pa­trons - di­ri­geants et as­so­ciés, fra­tries - sont at­ta­chés à leur ter­ri­toire, en connaissent les ac­teurs de longue date dans un res­pect mu­tuel, et ont la culture de l’in­ves­tis­se­ment et du long terme. »

5 - Des bu­reaux, pas de com­merces

À ce jour, le na­ming n’est pas en­vi­sagé. Le stade de­vrait donc s'ap­pe­ler Louis Ni­col­lin, en l'hom­mage du pré­sident my­thique du MHSC. Des bu­reaux sur en­vi­ron 15 000 m2, des res­tau­rants, un hôtel, un pôle mé­di­cal (mé­de­cine du sport, cryo­thé­ra­pie...) et une crèche doivent se gref­fer à l’en­ceinte spor­tive. L’op­tion lo­ge­ments n’est pas écar­tée. En re­vanche, point de com­merces, pro­met le pré­sident. « Nous dis­cu­tons avec des pros de l’hô­tel­le­rie, de la crèche, de la santé », dé­taille Laurent Ni­col­lin, qui ai­me­rait bien in­té­grer d’autres ser­vices comme une banque avec dis­tri­bu­teurs. Les loyers des en­tre­prises, res­tau­ra­teurs, etc. vi­se­raient à rem­bour­ser la dette, à hau­teur de 70 M€ mi­ni­mum. À cette ren­trée d’ar­gent ré­gu­lière s’ajou­te­raient les ventes de pro­duits dé­ri­vés de la bou­tique et des en­trées du musée de la col­lec­tion de maillots de Louis Ni­col­lin, gérés di­rec­te­ment par le club.

6 - Des sé­mi­naires toute l'an­née

Or­ga­ni­sa­teur de spec­tacle - uni­que­ment foot­bal­lis­tique - une ving­taine de fois par an dans son ac­tuel stade de la Mos­son, situé en zone inon­dable et non ac­ces­sible aux ca­mions pour les concerts, le MHSC sou­haite consa­crer les salles ré­cep­tives du futur stade aux sé­mi­naires et confé­rences. « Cela vau­drait le coup de s'ap­puyer sur des équipes com­mer­ciales per­ma­nentes pour at­ti­rer les en­tre­prises, sur­tout dans un bas­sin éco­no­mique comme celui de Mont­pel­lier », sug­gère Oli­vier Monna, ex­pert du Centre de droit et d'éco­no­mie du sport (CDES) à Li­moges. En com­plé­ment de cette ac­ti­vité hors foot­ball, le club se ver­rait bien ac­cueillir, pen­dant la trêve es­ti­vale, en juin et juillet, des concerts, fes­ti­vals et tour­nois de e-sport. Ces évé­ne­ments ponc­tuels n’ont pas été pris en compte dans le bu­si­ness plan. « Ce sera du bonus », ex­plique Jean-Pierre Mas­sines, le sta­dium ma­na­ger du MHSC. « On ne s’in­ter­dit rien », ajoute son pré­sident.

7 - Un pro­jet à peau­fi­ner

Les idées sont là, reste à l’ar­chi­tecte Fran­çois Fon­tès de des­si­ner « un lieu qui va vivre toute la se­maine », an­nonce Laurent Ni­col­lin. Dans son es­prit, le stade et sa pe­louse for­me­ront un seul bâ­ti­ment avec les ac­ti­vi­tés an­nexes au foot­ball. Parmi les ques­tions à tran­cher : le nombre de places. Le futur stade de­vrait en comp­ter au­tour de 25 000. La Mos­son en a 22 000 et se re­trouve ra­re­ment à gui­chets fer­més.

8 - Un stade éco­res­pon­sable

Une cer­ti­tude, l’en­ceinte se veut à la pointe de l’éco­lo­gie. De la ges­tion des dé­chets, sa­voir-faire des Ni­col­lin, à la pro­duc­tion d’éner­gie via le pho­to­vol­taïque, la géo­ther­mie… « L’uti­li­sa­tion de ma­té­riaux la­bel­li­sés sera pri­vi­lé­giée », pro­met Jean-Pierre Mas­sines, no­tam­ment en vue du re­cy­clage des sièges usés. Le club en­vi­sage éga­le­ment d’iso­ler son stade avec de la laine de verre et des sub­sti­tuts vé­gé­taux (et lo­caux) comme la paille.

À lire éga­le­ment : Le futur stade Louis Ni­col­lin du MHSC sera situé à Ode à la mer à Pé­rols.

 

Zoom sur le mo­dèle éco­no­mique des fu­turs stades de Mont­pel­lier et Nîmes, à lire ce mardi 12 jan­vier, dans La Lettre M (PDF et pa­pier).

Cyril Peter, avec Vé­ro­nique Coll
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