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Hérault / Région Occitanie
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Energies
| 12/02/2019

La transition énergétique engage les collectivités

Pour son pre­mier petit déj thé­ma­tique de l’an­née 2019 au Ga­zette Café à Mont­pel­lier, La Lettre M et son par­te­naire Icade mo­bi­lisent près de 150 ac­teurs lo­caux (élus, en­tre­prises, pro­mo­teurs, opé­ra­teurs éner­gé­tiques...) in­té­res­sés par le thème abordé : « les col­lec­ti­vi­tés lo­cales à l’heure de la tran­si­tion éner­gé­tique ». La tran­si­tion éner­gé­tique consti­tue un enjeu ma­jeur et d’ac­tua­lité (marches pour le cli­mat dans les villes, mou­ve­ment des gi­lets jaunes NDLR) no­tam­ment pour le pro­mo­teur mont­pel­lié­rain Icade (550 lo­ge­ments/an, 31 col­la­bo­ra­teurs). « La tran­si­tion éner­gé­tique est une lame de fond issue d’une prise de conscience d’une consom­ma­tion ex­ces­sive et du gas­pillage de l’éner­gie de­puis 30 ou 40 ans. 40 % des dé­penses d’éner­gie pro­viennent de l’ha­bi­tat ou des bu­reaux, ex­plique Em­ma­nuel Au­ber­tin, di­rec­teur ré­gio­nal d’Icade. Moins consom­mer d’éner­gie no­tam­ment dans le bâ­ti­ment ne sera pas fa­cile, pas gra­tuit et pas fa­cul­ta­tif. » Face à ces en­jeux, un tiers des bâ­ti­ments construits par Icade sont la­bel­li­sés en E+ C-. Il s’ap­puie aussi sur l’éco­no­mie cir­cu­laire à tra­vers la fi­liale Cy­cle’up, créée avec Egis pour dé­ve­lop­per le re­cy­clage des ma­té­riaux.

De leur côtés, les col­lec­ti­vi­tés dé­ve­loppent des aides, des dis­po­si­tifs et s’ap­puient sur des so­cié­tés d’éco­no­mie mixte (Sem) et des EPL (en­tre­prise pu­blique lo­cale) pour dé­ve­lop­per des pro­jets en fa­veur de la tran­si­tion éner­gé­tique en zone ur­baine, ru­rale et de mon­tagne : cen­trales pho­to­vol­taïques, unité de mé­tha­ni­sa­tion, chauf­fe­rie bois, géo­ther­mie,… « Les mar­chés pour les en­tre­prises sont im­menses et non dé­lo­ca­li­sables. Sur le mar­ché des co­pro­prié­tés, il y a beau­coup de mé­tiers qui peuvent émer­ger car ils n’existent pas en­core : pé­da­go­gie, com­mu­ni­ca­tion, tech­nique, fi­nan­cière, Il manque des in­ter­lo­cu­teurs maîtres d’œuvre sur ces ques­tions de tran­si­tion éner­gé­tiques », sou­ligne Sté­pha­nie Jan­nin, vice-pré­si­dente de la Mé­tro­pole de Mont­pel­lier dé­lé­guée au dé­ve­lop­pe­ment du­rable.

Em­ma­nuel Au­ber­tin, di­rec­teur ré­gio­nal Icade ex-LR, et Hu­bert Via­latte (La Lettre M). Photo A. Ham­part­zou­mian.

Tran­si­tion éner­gé­tique et pou­voir d’achat ?
« La pré­ca­ri­sa­tion éner­gé­tique est un des plus grands signes de la pré­ca­rité d’un foyer », dé­clare Sté­pha­nie Jan­nin. « La tran­si­tion éner­gé­tique, ce n’est pas un truc de bobo des grands centres ur­bains, com­plète Hus­sein Bourgi, pré­sident de la com­mis­sion Tran­si­tion éner­gé­tique de la Ré­gion Oc­ci­ta­nie. Beau­coup de bailleurs so­ciaux, tels que ACM, Eri­lia, font de la ré­no­va­tion ther­mique. Cela gé­nère un recul de 25 à 30 % de la fac­ture pour les oc­cu­pants ». Sous pré­texte de tran­si­tion éner­gé­tique, cer­tains craignent une en­vo­lée des prix du mar­ché im­mo­bi­lier. A cette ques­tion, Em­ma­nuel Au­ber­tin pense né­ces­saire « de li­mi­ter la consom­ma­tion de car­bone tant à la construc­tion qu’à l’ex­ploi­ta­tion des bâ­ti­ments ».

Des ter­ri­toires ac­tifs à condi­tion d’être ac­com­pa­gnés
Le ter­ri­toire de l’Ouest Hé­rault s’ins­crit de­puis quelques an­nées dans une dé­marche de tran­si­tion éner­gé­tique, à la­quelle elle as­so­cie la ges­tion des dé­chets. Ce sec­teur colle aux am­bi­tions d’une ré­gion à éner­gie po­si­tive et s’est aussi « calé sur le futur plan ré­gio­nal de ré­duc­tion et de pré­ven­tion des dé­chets », in­dique Pas­cal Pon­thieu, di­rec­teur gé­né­ral des ser­vices tech­niques du Sic­tom de Pé­ze­nas Agde et DG de Sem­per (Sem dé­diée à l’éner­gie dans l’Ouest Hé­rault) et de la SPL (so­ciété pu­blique lo­cale) Oe­ko­med (re­groupe les in­ter­com­mu­na­li­tés d’Agde, de Sète et de Gi­gnac, bio mé­tha­ni­sa­tion).
Avec ces deux ou­tils, Sem­per et Oek­med, le Sic­tom agit sur le dé­ve­lop­pe­ment de cen­trales pho­to­vol­taïques (69 000 m2 dé­ve­lop­pés en trois ans, soit la consom­ma­tion de 15 000 per­sonnes), construit une usine de biomé­tha­ni­sa­tion qui pro­duira à terme du bio­gaz (2022), agit sur le tri de bio-dé­chets (48 com­munes concer­nées) pour ali­men­ter l’unité de mé­tha­ni­sa­tion et pro­duire des bio-dé­chets va­lo­ri­sés, gérer un centre d’en­fouis­se­ment le moins dom­ma­geable à l’en­vi­ron­ne­ment à Mont­blanc. « En at­ten­dant la pro­duc­tion ef­fec­tive de bio­gaz, le Sic­tom se dote en mars d’une flotte de vé­hi­cules ali­men­tés en gaz avec Seven et GRDF et s’équipe d’une sta­tion de bio­gaz et bio­GNV (plus tard NDLR) à Pé­ze­nas », an­nonce-t-il. La mé­tro­pole de Mont­pel­lier s’in­ter­roge elle aussi de­puis long­temps sur les ef­fets de la mé­tro­po­li­sa­tion sur la maî­trise de la consom­ma­tion éner­gé­tique. « Les EPL, comme Ener­gies du Sud (Serm, Caisse des dé­pôts et Caisse d’Epargne), ac­com­pagnent les col­lec­ti­vi­tés dans leur pro­jet ur­bain qui est en lien avec la tran­si­tion éner­gé­tique. Elles consti­tuent un effet de le­vier fi­nan­cier et leur sou­plesse fa­ci­lite la réa­li­sa­tion de pro­jets éner­gé­tiques », com­plète Chris­tophe Pérez, DG de la Serm/SA3M et membre du conseil d’ad­mi­nis­tra­tion de la fé­dé­ra­tion des EPL, qui en Oc­ci­ta­nie re­pré­sente 122 EPL et 708 M€ de CA. Ener­gies du Sud s’oc­cupe de 10 cen­trales éner­gé­tiques qui des­servent 2 M de m2 la der­nière est à Port Ma­rianne et four­nit du chaud, du froid et de l’élec­tri­cité, des om­brières PV du par­king de l’aé­ro­port de MTP et bien­tôt celui de Car­cas­sonne, de pro­jet de géo­ther­mie no­tam­ment au futur quar­tier Ode à la mer (10 000 lo­ge­ments, des bu­reaux, pro­jet com­mer­cial Frey) et mise aussi sur l’uti­li­sa­tion de l’éner­gie fa­tale (data cen­ter) sur le quar­tier Eu­réka. En re­la­tion avec les élus des com­munes, Hus­sein Bourgi constate que « la ques­tion éner­gé­tique est sou­vent ab­sente des pro­jets. Les élus craignent un sur­coût qui pour­tant peut être com­pensé par les aides de la Ré­gion et de l’Ademe (50 à 70 % d’aides), voir d’autres. L’in­ves­tis­se­ment sera amorti en 3 à 5 ans », ex­plique-t-il. Autre ac­tion de la Ré­gion les éco­chèques lo­ge­ment qui ont bé­né­fi­cié à 47 000 fa­milles de­puis 2016. « La ré­no­va­tion ther­mique concerne un parc im­mense soit 500 000 lo­ge­ments en FranceNotre ob­jec­tif est de 1 000 lo­ge­ments ré­no­vés en ma­tière ther­mique. 3M ac­com­pa­gnée par la SA3M in­ter­vient au­près des co-pro­prié­tés sur les études et les mar­chés de tra­vaux. La ré­si­dence Le Saint-Clé­ment (quar­tier des Cé­vennes) va réa­li­ser 3,85 M€ de tra­vaux », sou­ligne Sté­pha­nie Jan­nin. Le dis­po­si­tif Ré­nov'éner­gie de 3M offre un ser­vice d’in­for­ma­tion, diag­nos­tic, pa­lette des aides fi­nan­cières. 357 lo­ge­ments ont été ac­com­pa­gnés sur 3M de­puis juin par ce dis­po­si­tif avec un ob­jec­tif de 1 300 lo­ge­ments ré­no­vés en 3 ans (par­te­naires : Ademe, Alec, Capeb, FFB, Caue, Adil).

L’éner­gie de­vient de plus en plus di­gi­tale
Les éner­gies re­nou­ve­lables sont plus com­pé­ti­tives. Les prix des mo­dules pho­to­vol­taïques ont été di­vi­sés par 10 en 10 ans, tout comme les bat­te­ries dont les prix ont été di­visé par quatre. Idem pour l’éo­lien. Le bio­gaz est en de­ve­nir et va suivre le même che­min. « Les ni­veaux de ren­ta­bi­lité sont évi­dents, le prix est proche du prix du ré­seau d’où l’es­sor de l’au­to­con­som­ma­tion. Et le di­gi­tal vient bous­cu­ler la donne, in­dique André Joffre, pré­sident du pôle de com­pé­ti­ti­vité Derbi (éner­gie dans le bâ­ti­ment et l’in­dus­trie). La dé­cen­tra­li­sa­tion des moyens de pro­duc­tion (élec­tri­cité et gaz) montre que le schéma ac­tuel de l’éner­gie est plus maillé au­tour beau­coup de pe­tites cen­trales de pro­duc­tion sur le ré­seau qui sera géré par le di­gi­talLe temps du tarif unique ou ad­mi­nis­tré est fini. L’en­jeu : où place-t-on la va­leur ajou­tée ? Ce sera dans la ré­par­ti­tion et moins dans la mo­lé­cule de gaz et l’élec­tron. » Des start-up comme Sun­chain (Per­pi­gnan) qui tra­vaille sur la ré­par­ti­tion des ré­seaux via la blo­ck­chain en a fait son ac­ti­vité. « La tech­no­lo­gie est calée mais il faut faire évo­luer la rè­gle­men­ta­tion », conclut-il. 

Vé­ro­nique Coll / coll@​lalettrem.​net
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