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Midi-Pyrénées / Languedoc-Roussillon
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| 18/11/2015

Régionales : Philippe Saurel veut « mettre l’entrepreneur au coeur de la construction des politiques économiques »

Le maire et pré­sident (DVG) de la Mé­tro­pole de Mont­pel­lier, qui pré­sente des listes « ci­toyennes » aux pro­chaines élec­tions ré­gio­nales des 6 et 13 dé­cembre, dé­voile son pro­gramme éco­no­mique à La Lettre M.

À com­bien vou­lez-vous por­ter le ni­veau d’in­ves­tis­se­ment an­nuel de la nou­velle ré­gion ?

Ac­tuel­le­ment, le ni­veau d’in­ves­tis­se­ment est d’en­vi­ron 188 € par ha­bi­tant en Lan­gue­doc-Rous­sillon et de 161 € en Midi-Py­ré­nées. Il n’est pas en­vi­sa­geable de di­mi­nuer le ni­veau d’in­ves­tis­se­ment de la fu­ture grande Ré­gion, c’est pour cette rai­son qu’il fau­dra le por­ter à mi­nima au ni­veau du LR voire plus, si des marges de ma­nœuvre sont dé­ga­gées, no­tam­ment par une baisse des coûts de fonc­tion­ne­ment. Mais c’est sans comp­ter les fonds eu­ro­péens dont la fu­ture grande Ré­gion sera le ges­tion­naire. Avec plus de 3 mil­liards d’eu­ros, les in­ves­tis­se­ments de­vront ré­pondre aux grandes prio­ri­tés, à sa­voir le dé­ve­lop­pe­ment éco­no­mique, l’em­ploi-for­ma­tion, l’amé­na­ge­ment, la mo­bi­lité, la pré­ven­tion des risques, l’agro-éco­lo­gie en­vi­ron­ne­ment. Ces in­ves­tis­se­ments doivent être un le­vier pour la struc­tu­ra­tion de la Ré­gion et son dé­ve­lop­pe­ment.

Quel bud­get al­lez-vous consa­crer au dé­ve­lop­pe­ment éco­no­mique, avec quelles prio­ri­tés ?

La com­pé­ti­tion éco­no­mique est au­jour­d’hui eu­ro­péenne, in­ter­na­tio­nale et la Ré­gion doit s’ins­crire dans cette dy­na­mique pour por­ter plus haut les en­tre­pre­neurs, les ta­lents les cher­cheurs de la fu­ture grande ré­gion. Le dé­ve­lop­pe­ment éco­no­mique, com­pé­tence clé de la Ré­gion, sera une prio­rité du man­dat.

La pre­mière prio­rité est de faire en sorte que 2016 ne soit pas une année blanche pour les aides aux en­tre­prises. Il ne faut pas que les ac­teurs éco­no­miques soient pé­na­li­sés par cette ré­forme, bien au contraire ! La fu­ture Ré­gion compte de nom­breux atouts, on axera le bud­get du dé­ve­lop­pe­ment éco­no­mique vers sept prio­ri­tés : le tou­risme, dont LRMP est la 4e ré­gion en terme d’em­ploi, la santé, avec ses trois CHU et ses cen­taines d’en­tre­prises, l’in­dus­trie, dont no­tam­ment l’aé­ro­nau­tique et le spa­tial, le nu­mé­rique et ses deux mé­tro­poles French Tech qui ont per­mis de struc­tu­rer ces fi­lières, le lit­to­ral avec ses sta­tions tou­ris­tiques, sa pre­mière flot­tille de pêche et le po­ten­tiel de l’éco­no­mie bleue, l’agro-ali­men­ta­tion. Enfin, la re­cherche, dont LRMP est la pre­mière ré­gion de France avec près de 30 000 cher­cheurs, car l’in­no­va­tion est un fac­teur dif­fé­ren­ciant pour le dé­ve­lop­pe­ment de nos en­tre­prises.

Des ac­tions se­ront me­nées pour mo­bi­li­ser les sys­tèmes éco­no­miques, pour dé­ve­lop­per une vi­sion com­mune en­tre­prises–pou­voirs pu­blics, afin de construire une feuille de route par­ta­gée. Celle-ci devra per­mettre l’in­ter­na­tio­na­li­sa­tion de nos en­tre­prises, dé­ve­lop­per l’éco­no­mie de proxi­mité, fa­vo­ri­ser la crois­sance des PME, in­ten­si­fier la va­lo­ri­sa­tion de la re­cherche et le trans­fert de tech­no­lo­gie et d’in­no­va­tion et at­ti­rer de nou­veaux in­ves­tis­seurs na­tio­naux et in­ter­na­tio­naux.

Quelle sera votre me­sure phare en fa­veur des en­tre­prises ?

La grande ré­gion comp­tera plus de 370 000 PME, re­pré­sen­tant 99,8 % des en­tre­prises. L’en­tre­pre­neur, c’est le ci­toyen libre qui dé­cide de s’en­ga­ger to­ta­le­ment, pour in­no­ver, dé­ve­lop­per de l’ac­ti­vité, pro­po­ser du chan­ge­ment. L’en­tre­pre­neur est por­teur de pas­sion, de créa­ti­vité d’am­bi­tion et de so­li­da­rité. C’est pour cette rai­son que je sou­haite mettre l’en­tre­pre­neur au cœur de la construc­tion des po­li­tiques éco­no­miques, ap­por­ter le sou­tien et l’en­ga­ge­ment opé­ra­tion­nel de la col­lec­ti­vité aux ini­tia­tives des en­tre­pre­neurs et fa­vo­ri­ser l’an­crage local des en­tre­prises. Car l’en­tre­pre­neur dé­ve­loppe de l’em­ploi non dé­lo­ca­li­sable et bien qu’in­ter­ve­nant dans une éco­no­mie mon­dia­li­sée, il est at­ta­ché à son ter­ri­toire et par­ti­cipe à sa dy­na­mi­sa­tion au quo­ti­dien.

Afin de dé­ve­lop­per l’es­prit d’en­tre­prendre, à l’ins­tar de la dé­marche French Tech, il faut ac­com­pa­gner et dé­ve­lop­per la culture en­tre­pre­neu­riale par une dif­fu­sion de l’es­prit d’en­tre­prendre, par­tout dans la so­ciété ci­vile, et no­tam­ment dans le sys­tème édu­ca­tif avec des ac­tions de sen­si­bi­li­sa­tion tout au long de la sco­la­rité. Il faut am­pli­fier des rap­pro­che­ments En­tre­prises Ecoles Uni­ver­si­tés et mettre en place des for­ma­tions spé­cia­li­sées sur l’en­tre­pre­na­riat tout au long des par­cours.

Afin de rap­pro­cher le monde de la for­ma­tion et de la sphère éco­no­mique, il faut an­ti­ci­per les be­soins des en­tre­prises de la grande ré­gion en adap­tant l’ap­pa­reil de for­ma­tion pour être en adé­qua­tion avec les be­soins des en­tre­prises. Ceci ne peut se faire qu’en réunis­sant les en­tre­prises et les or­ga­nismes/éta­blis­se­ments de for­ma­tion afin de dé­ve­lop­per une vi­sion com­mune et une feuille de route par­ta­gée.

De la proxi­mité, de l’ac­ces­si­bi­lité, un bon ac­com­pa­gne­ment et un suivi des pro­jets sont im­por­tants pour les chefs d’en­tre­prises. Une com­mis­sion de tra­vail avec les dif­fé­rents syn­di­cats de branche sera mise en place pour éva­luer, échan­ger et faire évo­luer aux mieux les dis­po­si­tifs d’aides aux évo­lu­tions du sec­teur.

Faut-il har­mo­ni­ser les dis­po­si­tifs de sou­tien à l’éco­no­mie des deux ré­gions ac­tuelles, et à quelle échéance ?

À terme, il fau­dra bien sûr har­mo­ni­ser les dis­po­si­tifs de sou­tien à l’éco­no­mie. On ne pourra pas ad­di­tion­ner les dis­po­si­tifs des deux ré­gions. En LR, il y au­rait 730 aides aux en­tre­prises ! Il faut évi­ter le sau­pou­drage et l’illi­si­bi­lité des aides ! Il fau­dra éva­luer les dis­po­si­tifs et ne gar­der que ceux qui marchent et, le cas échéant, en pro­po­ser de nou­veaux afin de conser­ver uni­que­ment ceux dont l’ef­fet le­vier sur le dé­ve­lop­pe­ment des en­tre­prises est im­por­tant. Tou­te­fois, cette ré­vi­sion ne doit pas faire de 2016 une année blanche avec un risque que l’ad­mi­nis­tra­tion de la Ré­gion soit pa­ra­ly­sée avec un blo­cage de la com­mande et des tra­vaux pro­gram­mée ou en cours et des dis­po­si­tifs d’aides dans leur en­semble. Il fau­dra étu­dier les me­sures d’équité entre les dif­fé­rents ter­ri­toires (zone de mon­tagne, zone ru­rale ou zone por­tuaire par exemple).

La fu­ture Ré­gion doit-elle fi­nan­cer et gérer en di­rect des parcs ré­gio­naux d’ac­ti­vi­tés éco­no­miques ?

La ques­tion fon­cière et im­mo­bi­lière est dé­ter­mi­nante dans le dé­ve­lop­pe­ment des en­tre­prises. Nous avons un po­ten­tiel ex­cep­tion­nel pour dé­ve­lop­per notre éco­no­mie et at­ti­rer de nou­velles en­tre­prises. Les PRAE ré­pondent à deux en­jeux : le dé­ve­lop­pe­ment éco­no­mique et l’amé­na­ge­ment du ter­ri­toire. Si ces deux do­maines sont des com­pé­tences ré­gio­nales, elles sont par­ta­gées avec les in­ter­com­mu­na­li­tés. Le sys­tème mis en place par la Ré­gion LR est assez in­té­res­sant. La Ré­gion fi­nance les PRAE au tra­vers d’un syn­di­cat mixte dont elle fait par­tie avec la com­mune ou l’in­ter­com­mu­na­lité concer­née. L’in­ter­com­mu­na­lité est au contact des en­tre­prises, de leurs be­soins, c’est elle qui connaît le mieux les be­soins de son ter­ri­toire. La ré­gion at­tri­bue donc des fi­nan­ce­ments sous di­verses formes per­met­tant la créa­tion de la PRAE mais éga­le­ment son bon fonc­tion­ne­ment. Ce sys­tème ré­pond donc à la ques­tion du fi­nan­ce­ment. Oui, la Ré­gion doit fi­nan­cer et par­ta­ger le pro­ces­sus dé­ci­sion­naire avec l’in­ter­com­mu­na­lité concer­née.

Par contre, il est ab­so­lu­ment né­ces­saire de s’in­ter­ro­ger sur la per­ti­nence des fu­turs PRAE, quels be­soins, pour quelles en­tre­prises. C’est pour cela que dans le cadre du SR­DEII (Schéma ré­gio­nal de dé­ve­lop­pe­ment éco­no­mique, d'in­no­va­tion et d'in­ter­na­tio­na­li­sa­tion, NDLR), je pro­pose de réa­li­ser un plan d’amé­na­ge­ment des en­tre­prises à l’échelle de la Ré­gion. L’ob­jec­tif sera de mettre en co­hé­rence l’en­semble des po­li­tiques d’amé­na­ge­ment et de dé­ve­lop­pe­ment éco­no­mique concou­rant au dé­ve­lop­pe­ment de l’offre fon­cière et im­mo­bi­lière, de sorte à per­mettre leur adé­qua­tion avec les be­soins réels des en­tre­prises tout en maxi­mi­sant l’in­ter­ven­tion des pou­voirs pu­blics sur les opé­ra­tions les plus per­ti­nentes.

Faut-il har­mo­ni­ser les CPER des deux ré­gions, et à quelle échéance ?

Oui, il faut har­mo­ni­ser le pro­chain CPER, c’est-à-dire en 2020, tout en te­nant compte des spé­ci­fi­ci­tés des ter­ri­toires. Ac­tuel­le­ment, nous avons deux CPER dis­tincts qui ont été construits avec les par­te­naires ter­ri­to­riaux et les conseils ré­gio­naux. Il est prévu une clause de re­voyure, qui per­met de voir l’avan­cée des pro­jets. La fu­ture grande Ré­gion devra mener une ana­lyse des pro­jets afin de dé­ter­mi­ner s’il y a des rap­pro­che­ments à réa­li­ser, des mu­tua­li­sa­tions à conduire et de por­ter une vi­sion com­mune du ter­ri­toire.

Pour cela, il faut que le pro­chain CPER, le­vier d’in­ves­tis­se­ments, fa­vo­rise la créa­tion d'in­fra­struc­tures et le sou­tien à des fi­lières d'ave­nir de ma­nière équi­table sur l’en­semble de la fu­ture grande ré­gion, en fa­vo­ri­sant les liens entre les deux ter­ri­toires mé­tro­po­li­tains et les ter­ri­toires ru­raux. Cela né­ces­site que l’Etat main­tienne son en­ga­ge­ment !

La struc­tu­ra­tion d’un ter­ri­toire de ne se fait pas seul, et il faut aller plus loin que ne le pro­pose la ré­forme en in­vi­tant l’en­semble des col­lec­ti­vi­tés lo­cales qui sou­haitent prendre part au CPER. La fu­ture grande Ré­gion pourra s’ap­puyer sur le Par­le­ment des ter­ri­toires pour Mont­pel­lier Mé­di­ter­ra­née Mé­tro­pole et l’As­so­cia­tion du dia­logue mé­tro­po­li­tain pour Tou­louse Mé­tro­pole, pour construire un CPER par­tagé avec l’en­semble des ac­teurs du ter­ri­toire.

Faut-il gar­der la marque Sud de France et l’étendre à la grande ré­gion ?

Une étude fine devra avoir lieu sur les re­tom­bées éco­no­miques de la marque sur les pro­duits vi­ti­coles et agro-ali­men­taires et sur les re­tom­bées d'images sur les sites (aé­ro­ports, ports, etc...) et sur la des­ti­na­tion. Celle ci devra se faire en lien avec le nom de la fu­ture ré­gion et avec la stra­té­gie de pro­mo­tion tou­ris­tique por­tée par les deux ré­gions (Grands sites en Midi Py­ré­nées et Des­ti­na­tion Sud de France en LR). Il fau­dra étu­dier aussi les com­plé­men­ta­ri­tés avec la marque Sud Ouest France por­tée par l’ac­tuelle Ré­gion Midi Py­ré­nées et la Ré­gion Aqui­taine et So Tou­louse porté par la Ville de Tou­louse et son of­fice.

Henri Frasque
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