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| 24/05/2023

Dominique Faure : « Je veux rappeler aux maires que je suis une des leurs »

Dominique Faure, ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité.
© DR

Quelques jours avant qu'elle lance officiellement le nouveau centre d’analyse et de lutte contre les atteintes aux élus, Dominique Faure confiait à La Lettre M son analyse de la situation et passait un message de soutien à la communauté des élus, dont elle faisait encore récemment partie, avant son entrée au Gouvernement comme secrétaire d’État à la ruralité puis ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité.

Vous avez lancé le 17 mai dernier le nouveau centre d’analyse et de lutte contre les atteintes aux élus (lire encadré). Quelle est votre analyse personnelle de la situation ?

La création de ce centre est le fruit de plusieurs semaines de travail durant lesquelles nous avons d’abord cherché à quantifier et à cartographier ces atteintes sur le territoire. Nous savons ainsi qu’elles sont en forte hausse (+ 32 % entre 2021 et 2022, avec 2 265 faits recensés, NDLR). Ces violences sont évidemment inadmissibles et je les combats de façon acharnée avec Gérald Darmanin. Mais le problème est plus vaste car ce travail de cartographie a aussi montré que ces violences ne représentent « que » 15 % des raisons pour lesquelles les maires démissionnent. S’y ajoute surtout une grande lassitude face aux lourdeurs administratives, aux sacrifices personnels que la vie politique implique ou encore aux tensions internes qu’ils doivent affronter au sein de leur conseil municipal. Récemment, un maire de l’Aude m’a avoué qu’il n’en pouvait plus, m’expliquant que la situation s’était fortement dégradée au  fil des mandats, avec une opposition qui a complètement divisé la commune. Ce cas de figure n’est malheureusement pas isolé et beaucoup d’élus  finissent par jeter l’éponge.

Quel message souhaitez-vous faire passer à ces maires qui se découragent ?

Je veux leur rappeler que je suis une des leurs (lire bio express en encadré), leur dire que je suis à leur écoute et qu’il existe aujourd’hui beaucoup de dispositifs qu’ils ne connaissent pas forcément et qui peuvent les aider dans leur quotidien. Je pense notamment à solutionsdelus.gouv.fr, une plateforme d’initiatives portées par et pour les élus, ou encore à anct.gouv.fr, le site de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT). Être maire est pour moi la plus belle mission du monde mais il faut pouvoir la conduire plus aisément qu’ils ne le font aujourd’hui.

Une dernière question, d’ordre plus personnel. Vous nous confiiez en 2019 votre « passion pour le mandat de maire, qui permet de voir le fruit des politiques publiques que nous portons au quotidien ». Regrettez-vous cette écharpe ?

Même si on ne fait jamais l’unanimité dans une ville, être maire est pour moi le plus beau des mandats car, à la façon d’un chef de village, on emmène avec soi une équipe, avec l’envie d’améliorer la qualité de vie des gens et au bout d’un, deux, trois ou quatre ans, on voit les effets de son travail, de son don de soi. En tant que ministre, je verrai sans doute moins les effets des transformations auxquelles j’ai contribué avec le Gouvernement mais cette belle aventure me passionne, au point que je m’y donne complètement, du matin 8h au soir minuit. Être ministre, et donc faire partie des 40 qui gouvernent la France, c’est un honneur et une chance pour un pur produit de l’ascenseur social comme moi. Avant d’entrer en politique comme maire, députée puis ministre, j’ai eu une vie simple de dirigeante d’entreprise, de mère et d’épouse, et j’ai vraiment envie d’agir au sein de ce gouvernement dans lequel je me sens bien.

 

> L'intégralité de cet entretien, dans lequel Dominique Faure dévoile aussi les grandes lignes du futur plan France Ruralités, est à retrouver dans notre hebdo du 23 mai.
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> À lire également : [Exclusif] Ce que prévoit le Gouvernement dans son futur plan pour les ruralités

 

Propos recueillis par Aline Gandy / gandy@lalettrem.net

De nouvelles mesures pour protéger les élus

2 265 faits de violence envers des élus ont été signalés en France en 2022, contre 1 720 l’année précédente. Et la tendance s’accentue encore de 2 % sur le 1er trimestre 2023. Pour tenter de « briser cette spirale de la violence », le Gouvernement annonce une série de mesures le 17 mai – une semaine après la démission du maire de Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique).
Porté par Dominique Faure, ce plan prévoit la création d’un centre d’analyse et de lutte contre les atteintes aux élus pour, d’une part, « mieux connaître le phénomène, l’analyser et adapter la réponse opérationnelle en temps réel » et, d’autre part, « coordonner l’action des forces de sécurité qui agissent sur le terrain pour protéger les élus ». Ce même centre pilotera le déploiement du « Pack sécurité », prévoyant notamment la création d’un réseau de 3 400 référents dans les brigades de gendarmerie et les commissariats auxquels les élus pourront faire appel, le renforcement du dispositif « Alarme élu », avec une vigilance renforcée et des secours encore plus rapides pour les élus enregistrés dans ce fichier ou encore la mobilisation de la plateforme Pharos pour repérer plus vite les contenus haineux en ligne visant des élus. Un renforcement des sanctions pénales pour les auteurs de violences faites aux élus (jusqu’à sept ans d’emprisonnement et 100 k€ d’amende) est également prévu dans le cadre d’un texte de loi qui pourrait être examiné cet automne.

Bio express

Née en 1959 à Carcassonne, Dominique Faure grandit à Kénitra, au Maroc, jusqu’à l’âge de 17 ans. Passionnée par le sport (elle a été douzième meilleure joueuse de tennis française) et les sciences, elle suit une formation d’ingénieur à l’Insa de Lyon puis occupe différentes fonctions managériales chez IBM, Motorola, SFR ou encore Veolia Eau avant de rejoindre le Parti radical et de se lancer en politique lors des législatives de 2012. En 2014, elle est élue maire de Saint-Orens-de-Gameville (31) puis, dans la foulée, vice-présidente de Toulouse Métropole en charge de l’Innovation, de l’Économie et de l’Emploi. En 2022, elle remporte les élections législatives dans la dixième circonscription de Haute-Garonne, mandat auquel elle renonce pour intégrer en juillet le Gouvernement en tant que secrétaire d’État chargée de la Ruralité. En novembre, elle succède à Caroline Cayeux, démissionnaire, comme ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité.

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