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Région Occitanie
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Aéronautique et spatial
| 28/09/2017

Yann Barbaux : « Je veux pouvoir mesurer nos résultats en termes d’emplois créés »

Yann Barbaux, directeur de l'innovation d'Airbus, est élu le 26/9 nouveau président du pôle mondial de compétitivité Aerospace Valley, qui rassemble les acteurs du secteur aéronautique, spatial et systèmes embarqués d'Occitanie et de Nouvelle-Aquitaine (840 membres, budget de fonctionnement de 4,8 M€). Interview exclusive.

Votre élection à la tête du pôle Aerospace Valley est-il un message adressé par Airbus à l’écosystème aéronautique et spatial régional ?
L’idée de ma candidature est née d’une discussion que j’ai eue en mai dernier avec Fabrice Brégier (directeur des opérations du groupe Airbus, NDLR). Du côté d’Airbus, il y avait l’impression que le pôle n’était plus aussi orienté que cela vers l’aéronautique. Et du côté d’Aerospace Valley, il y avait le sentiment qu’Airbus se désintéressait quelque peu du pôle. En réalité, tout cela n’était qu’une perception, qui ne se traduisait d’ailleurs pas dans les chiffres. Mais c’était une impression ressentie des deux côtés. Et il est vrai que pour des raisons liées notamment à la réorganisation du groupe Airbus, la partie « avion commercial » de nos activités n’était plus aussi présente qu’avant au sein du pôle. Cela risquait, à terme, de se traduire dans les chiffres si nous ne faisions rien.

Quelle est votre feuille de route stratégique, désormais ?
Je souhaite que nous fassions émerger des projets d’innovation permettant d’améliorer la performance globale de la chaîne de valeur. Il ne faut pas se contenter de travailler sur des projets de R&D. Il faut transformer l’essai afin que ces innovations se retrouvent à la fois dans les usines et sur les marchés. Pour cela, dans un groupe comme Airbus, il est nécessaire, au-delà des services innovation, de mobiliser également les acteurs des achats et de l’industrie.

Quelle est votre ambition, en la matière ?
À titre personnel, plus qu’une ambition, j’ai une conviction forte. J’ai toujours pensé que nous étions meilleurs à plusieurs que tout seul. C’est la raison pour laquelle, tout au long de ma carrière, j’ai choisi de développer des plateformes de collaboration dans le champ de la recherche et de l’innovation. Au sein d’Airbus, lorsque nous trouvons un intérêt à utiliser une nouvelle technologie développée par une start-up, nous aidons cette entreprise à se développer, afin qu’elle devienne un fournisseur crédible. C’est un contrat de partenariat qui se veut équilibré.

Et c’est ce principe que vous souhaitez appliquer au pôle ?
Exactement. Le même principe, multiplié par « n ». L’objectif d’un pôle est d’améliorer la compétitivité des entreprises pour créer de l’emploi. Il faut trouver les moyens de revenir à cet objectif initial, en passant par de l’innovation collaborative. Il faut par conséquent faire évoluer notre culture afin que cette solidarité entre tous les acteurs puisse jouer à plein. Je veux pouvoir mesurer le résultat de nos actions en termes d’emplois créés.

Aujourd’hui, c’est une phase de diagnostic que vous menez ?
Absolument. Nous devons dans un premier temps évaluer la situation actuelle. Car il y a presque autant de problématiques différentes que de membres du pôle. Nous devons structurer cette analyse et poursuivre notre travail de terrain permettant de développer les outils les mieux adaptés. Il y a clairement un équilibre à trouver entre les deux régions.

Nous comprenons qu’avec votre élection, l’aéronautique se trouve renforcée au sein du pôle. Mais le spatial et les systèmes embarqués ne sont pas oubliés pour autant ?
L’aéronautique reste le secteur n°1 du pôle en nombre de projets accompagnés. C’est notre locomotive principale. Mais il y a l’opportunité de développer de nouvelles activités dans l’exploitation des données d’imagerie spatiales, par exemple. De même, dans les systèmes embarqués, nous devons relever le challenge de l’automobile, en trouvant une façon intelligente de travailler avec des acteurs comme le cluster Automotech. Nous n’avons pas vocation à faire des voitures, mais nous avons vocation à travailler ensemble ! Au final, il ne s’agit pas de faire moins d’espace et de systèmes embarqués, mais de faire de tout, plus et mieux.

Propos recueillis par Alexandre Léoty
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