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Région Occitanie
| | 29/10/2020

Reconfinement : les réactions en région

​In­ter­ro­gés par la ré­dac­tion de La Lettre M, les ac­teurs éco­no­miques et po­li­tiques de la ré­gion Oc­ci­ta­nie ré­agissent aux an­nonces d'Em­ma­nuel Ma­cron et à la mise en place d'un nou­veau confi­ne­ment.

  • HÔ­TEL­LE­RIE-RES­TAU­RA­TION


« Une déci­sion prise par des Pa­ri­siens pour des Pa­ri­siens »​, Jacques Mestre - pré­sident de l'Umih ex-Lan­gue­doc-Rous­sillon
Un scan­dale. Contacté ce matin, le pré­sident de l’Umih (Union des mé­tiers et des in­dus­tries de l'hô­tel­le­rie) pour la par­tie ex-Lan­gue­doc-Rous­sillon, Jacques Mestre, ne dé­co­lère pas. « C’est une honte », mar­tèle-t-il, ac­cu­sant une dé­ci­sion prise par des Pa­ri­siens pour des Pa­ri­siens. « Les me­sures an­non­cées conviennent à Paris et ses mil­lions d’ha­bi­tants mais pas ici où nous vi­vons au grand air. Croyez-vous vrai­ment que beau­coup de res­tau­rants de La Grande Motte vont faire de la vente à em­por­ter ? » En­cou­ra­gée pour­tant par le pré­sident de la Ré­pu­blique, la vente à em­por­ter n’est, pour Jacques Mestre, qu’un pis-al­ler « qui ne ré­glera rien, hor­mis peut-être pour ceux qui n’ont pas de sa­la­rié à charge. »
Et d’ajou­ter : « Ils ne se rendent pas compte ce que re­pré­sente le tou­risme dans notre ré­gion. Ils n’ont même pas at­tendu la fin des va­cances sco­laires. Ils n’ont pas non plus pris la peine de nous don­ner quelques jours pour écou­ler les stocks. » Dès au­jour­d’hui, Jacques Mestre sera à la pré­fec­ture de l’Hé­rault pour ren­con­trer les re­pré­sen­tants des banques no­tam­ment : « Nous n’avons plus de re­cettes. Qu’on ne nous parle plus d’aides et qu’on nous paye déjà ce qu’on nous doit. Le PGE reste un cré­dit, s’il n’y a pas d’exo­né­ra­tions de charges cal­cu­lées sur les pertes d’ex­ploi­ta­tion, nous n’y ar­ri­ve­rons pas. »

  • BTP


« Bien qu'épar­gné, le bâ­ti­ment s'in­ter­roge sur le rem­bour­se­ment du PGE », André Ti­quet - pré­sident de la FBTP de l’Aude
« La bonne nou­velle dans ce contexte de re­con­fi­ne­ment est que le sec­teur du BTP est épar­gné », lance André Ti­quet, pré­sident de la FBTP de l’Aude, se ré­jouis­sant qu' «  aucun clus­ter Covid n’a été dé­claré sur nos chan­tiers, preuve que le pro­ces­sus de pré­ven­tion est ef­fi­cace et adapté à la si­tua­tion ». André Ti­quet est dans l'at­tente de pré­ci­sions, no­tam­ment pour les en­tre­prises en dif­fi­culté même si le chô­mage par­tiel est re­con­duit. Et de pour­suivre : « Le PGE a été pensé pour une seule pé­riode de confi­ne­ment, c’est louable. Mais au­jour­d’hui, com­ment rem­bour­ser le PGE avec ces taux avec un se­cond confi­ne­ment ? A priori ce point se­rait en dis­cus­sion au sein des mi­nis­tères ». Lo­ca­le­ment, André Ti­quet ap­pelle à « trans­for­mer le zo­nage de l’Aude en B1 pour les deux ans à venir. Cela re­pré­sen­te­rait la construc­tion de 300 lo­ge­ments et la pré­ser­va­tion de 300 em­plois dans le bâ­ti­ment. »


« Il ne faut pas que la gé­né­ra­li­sa­tion du té­lé­tra­vail ra­len­tisse nos chan­tiers », Thierry Du­cros - pré­sident de la FFB de l’Hé­rault
« Ce matin, j’ai fait le tour des en­tre­prises. Le bâ­ti­ment est moins im­pacté que lors du pre­mier confi­ne­ment », note Thierry Du­cros - pré­sident de la FFB de l’Hé­rault. Pour au­tant, ce cli­mat, au len­de­main de l’an­nonce du pré­sident Ma­cron, est sou­mis à une condi­tion : « Il ne faut pas que la gé­né­ra­li­sa­tion du té­lé­tra­vail chez les maîtres d’ou­vrages, les maîtres d’oeuvre ou en­core les bu­reaux d’études ne viennent ra­len­tir ou blo­quer les chan­tiers. La pré­sence phy­sique des ar­chi­tectes ou des bu­reaux d’études res­tent né­ces­saires sur les chan­tiers pour prendre les dé­ci­sions qui s’im­posent ». Thierry Du­cros ajoute « que les dis­tri­bu­teurs de ma­té­riaux et les loueurs d’équi­pe­ment res­tent ou­verts. Point P nous a déjà confirmé que ses 850 agences d’Oc­ci­ta­nie se­ront opé­ra­tion­nelles à condi­tion que les ap­pro­vi­sion­ne­ment amonts soient ef­fec­tifs ».
Par contre, des pro­blèmes se posent dans les en­tre­prises qui ont des chan­tiers en dé­pla­ce­ment, selon lui. « Est-ce qu’il fau­dra la ré­qui­si­tion d’hô­tels et de res­tau­rants pour ac­cueillir les sa­la­riés ? », s'in­ter­roge-t-il. Autre sujet d’in­quié­tude : « la ré­ti­cence des clients par­ti­cu­liers à faire réa­li­ser les tra­vaux qui risque d’im­pac­ter les pe­tites en­tre­prises », ainsi que l’après confi­ne­ment : « si la pro­fes­sion est confrontée à des dé­fauts d’at­tri­bu­tion de per­mis de construire, faute d’ins­truc­tion des dos­siers par les ser­vices de l’État et les col­lec­ti­vi­tés lo­cales. Ac­tuel­le­ment, nos en­tre­prises pompent sur leur car­net de com­mande et si de nou­veaux mar­chés ne sont pas lan­cés cela va im­pac­ter toute la chaine de l’acte de bâtir. La fé­dé­ra­tion reste mo­bi­li­sée et ren­contre le pré­fet à 17h (la réunion a été de­puis re­por­tée à ven­dredi 11h, NDLR) dans le cadre de la cel­lule de crise qui a été ré­ac­ti­vée. »

« Évi­ter les blo­cages de l'ac­ti­vité », Da­niel Druil­het - pré­sident de la fé­dé­ra­tion avey­ron­naise du BTP
« Lors du pré­cé­dent confi­ne­ment nos en­tre­prises n’ont cessé leurs ac­ti­vi­tés que lorsque leurs clients ou des blo­cages ad­mi­nis­tra­tifs les y ont contraintes. Par­tout où elles ont pu conti­nuer elles l’ont fait. Or au­jour­d’hui si elles sont au­to­ri­sées à pour­suivre leur fonc­tion­ne­ment, ce main­tien de l’ac­ti­vité ne dé­pend pas que de leur seule vo­lonté. Il faut évi­ter que les si­tua­tions de blo­cage du prin­temps der­nier ne se re­pro­duisent », com­mente le pro­fes­sion­nel qui plaide pour que les clients pu­blics et pri­vés pour­suivent les chan­tiers en cours et leurs pro­jets. « Les per­mis de construire, au­to­ri­sa­tions ad­mi­nis­tra­tives doivent conti­nuer à être dé­li­vrés sans re­tard. L’ap­pro­vi­sion­ne­ment des chan­tiers par les four­nis­seurs du BTP doit conti­nuer à fonc­tion­ner et l’en­semble des ac­teurs de la construc­tion, au-delà des seules en­tre­prises de BTP, doivent res­ter opé­ra­tion­nels pour main­te­nir l’ac­ti­vité », ex­plique Da­niel Druil­het.

  • PRO­MO­TION


« Sans conti­nuité d’ins­truc­tion des per­mis, l’em­ploi sera me­nacé », Laurent Vil­la­ret - pré­sident FPI Oc­ci­ta­nie Mé­di­ter­ra­née
L’acte II du confi­ne­ment mo­bi­lise les ac­teurs de l’acte de bâtir. « Nos so­cié­tés vont conti­nuer à tra­vailler en adap­tant leur or­ga­ni­sa­tion avec le té­lé­tra­vail, in­dique Laurent Vil­la­ret, pré­sident de la fé­dé­ra­tion des pro­mo­teurs im­mo­bi­lier Oc­ci­ta­nie Mé­di­ter­ra­née. Le but est de ne pas ra­len­tir les dos­siers pour les maîtres d’œuvre, les bu­reaux d’études et les en­tre­prises du bâ­ti­ment. » Les fé­dé­ra­tions du bâ­ti­ment et de la pro­mo­tion im­mo­bi­lière sont à l’unis­son. « Il faut que les ser­vices des col­lec­ti­vi­tés conti­nuent à ins­truire les per­mis de construire. Toute in­ter­rup­tion de la chaine du ser­vice pu­blic ris­que­rait d’im­pac­ter l’ac­ti­vité du sec­teur et me­na­ce­rait les em­plois, pré­cise Laurent Vil­la­ret. Avec la fé­dé­ra­tion du bâ­ti­ment de l’Hé­rault, nous dia­lo­guons ré­gu­liè­re­ment et nous par­ta­geons cette même in­quié­tude qui nous unit dans cette épreuve sa­ni­taire. La ques­tion de la santé doit res­ter mal­gré tout prio­ri­taire ».

  • SYN­DI­CATS PA­TRO­NAUX


« Je suis très in­quiet pour les pe­tites struc­tures », Guy Du­rand - pré­sident UPE 66
« Suite aux an­nonces gou­ver­ne­men­tales son­nant la fer­me­ture d’un bon nombre des ac­ti­vi­tés de nos res­sor­tis­sants dans le cadre d’un re­con­fi­ne­ment, je suis très in­quiet pour les pe­tites struc­tures », ne cache pas Guy Du­rand, pré­sident de l'UPE 66. Sa­luant tou­te­fois cette dé­ci­sion comme une me­sure sa­ni­taire de bon sens face à cette épi­dé­mie mal connue, « celle-ci in­ter­vient après le mou­ve­ment des gi­lets jaunes et un pre­mier confi­ne­ment de deux mois qui va im­pac­ter les en­tre­prises déjà fra­gi­li­sées, re­doute-t-il. Je pense no­tam­ment au com­merce hors ali­men­taire, au sec­teur aux ac­teurs du tou­risme café/hôtel/res­tau­ra­tion...Il est vrai que l’ac­ti­vité dans les Py­ré­nées-Orien­tales n’est pas aussi forte qu’à Tou­louse ou Mont­pel­lier et que l’on ne s’en re­met­tra peut-être pas aussi fa­ci­le­ment. Mais ce qui se passe dans l’aé­ro­nau­tique va im­pac­ter l’ère tou­lou­saine. Nous sommes dès au­jour­d’hui en contact avec les ins­tances na­tio­nales pour ap­por­ter à nos adhé­rents toutes les pré­ci­sions né­ces­saires à la mise en place de ces nou­velles res­tric­tions. Qu’est-ce qu’une ac­ti­vité es­sen­tielle ? Qui doit fer­mer ou non ? Quelles se­ront les aides dis­po­nibles pour vos mé­tiers ? Au­tant de ques­tions pour l’ins­tant sans ré­ponses et que le 1er Mi­nistre sera peut-être amené à pré­ci­ser ce soir, dans son al­lo­cu­tion de 18h30. »


« C’est aux charges fixes qu’il faut s’at­ta­quer », Sa­muel Hervé - pré­sident du Medef Hé­rault Mont­pel­lier
« Les en­tre­prises et l’éco­no­mie payent le prix de la né­gli­gence d’une par­tie de la po­pu­la­tion », re­grette Sa­muel Hervé, pré­sident du Medef Hé­rault Mont­pel­lier. L’in­com­pré­hen­sion pré­do­mine d’ailleurs sur le fait de lais­ser jus­qu’à di­manche pour ren­trer de va­cances mais de de­voir fer­mer les res­tau­rants dès jeudi soir. « Nous at­ten­dons de sa­voir ce qui est en­tendu par com­merce es­sen­tiel, pour­suit-il. Com­ment les ar­ti­sans vont-ils pou­voir conti­nuer à tra­vailler si les en­seignes de bri­co­lage sont fer­mées par exemple ? » Et de pour­suivre : « les en­tre­prises ont en­caissé le confi­ne­ment en mars car il y avait une pers­pec­tive de re­prise, es­time-t-il. On an­nonce des aides sur les tré­so­re­ries mais il fau­dra rem­bour­ser. C’est aux charges fixes qu’il faut s’at­ta­quer : loyers, cré­dits… » Et d’avan­cer l’idée d’un PGE pour les SCI ou per­mettre aux bailleurs de re­por­ter « de façon si­gni­fi­ca­tive les cré­dits au­près des banques ». Le ren­dez-vous prévu à 17h à la pré­fec­ture de l’Hé­rault est re­porté à ven­dredi 11h. « J’es­père que nous al­lons pou­voir ob­te­nir cer­taines dé­ro­ga­tions d’ou­ver­ture, voir des aides sup­plé­men­taires. » Et d’in­sis­ter sur la né­ces­sité d’ac­com­pa­gner les com­merces (20 000 dans l'Hé­rault) dans la nu­mé­ri­sa­tion de leur ac­ti­vité avec un volet lo­gis­tique, pro­jet sur le­quel planche la CCI de l’Hé­rault ac­tuel­le­ment, « mais qui ne peut pas se faire du jour au len­de­main », rap­pelle le pré­sident du Medef Hé­rault Mont­pel­lier. Et pour­tant, cer­tains com­merce réa­lisent 30 à 50 % de leur CA an­nuel au mo­ment des fêtes, ajoute-t-il.


« Les cri­tères d’ac­cès aux aides de­vront être adap­tés aux pertes des en­tre­prises », Gré­gory Blan­vil­lain - pré­sident CPME de l’Hé­rault
« On pres­sen­tait cet acte deux du confi­ne­ment mais pas aussi vite et en­core une fois pas aussi abrup­te­ment », ré­sume le pré­sident de CPME Hé­rault, re­gret­tant un manque d'an­ti­ci­pa­tion qui « ne laisse pas aux en­tre­prises le temps de s’or­ga­ni­ser ». Lui-même pro­fes­sion­nel dans l'évé­ne­men­tiel, il rap­pelle ainsi que « l'an­nu­la­tion d'un évé­ne­ment qui de­vait avoir lieu ce week-end plante un trai­teur local de 4 000 repas ! ». Gré­gory Blan­vil­lain es­time que les choses vont se com­pli­quer en­core plus pour le sec­teur de la res­tau­ra­tion, du com­merce hors ali­men­taire, de l’évé­ne­men­tiel, des salles de sport… « Il faut at­tendre les dé­crets d’ap­pli­ca­tion, pour­suit-il. Il faut que les me­sures soient adap­tées à ce se­cond confi­ne­ment. Les cri­tères d’ac­cès aux aides de­vront être en co­hé­rence avec les pertes des en­tre­prises. Un di­ri­geant de salle de sport ne peut se conten­ter de 1 500 € alors que son loyer est de 50 000 € ! la CPME 34 a ré­ac­tivé sa cel­lule Covid où des avo­cats, des ex­perts comp­tables et des man­da­taires peuvent ren­sei­gner et ac­com­pa­gner les di­ri­geants (covid19@​cpmeherault.​fr) »


« On connait les ef­fets des­truc­teurs du confi­ne­ment », Sa­muel Cette - pré­sident de la CPME Oc­ci­ta­nie
« Les PME res­sentent une forme d’abat­te­ment », constate le pré­sident de la CPME Oc­ci­ta­nie. « On a dé­sor­mais l’ex­pé­rience du confi­ne­ment, et on en connait les ef­fets des­truc­teurs sur l’éco­no­mie ». Les en­tre­pre­neurs craignent que ce nou­veau confi­ne­ment signe l’ar­rêt de mort de cer­tains d’entre eux. « On nous pro­pose de l’en­det­te­ment, qui va en fait nous ser­vir à mou­rir un peu plus tard… Beau­coup d’en­tre­prises ne sont déjà pas en ca­pa­cité de rem­bour­ser les prêts du pre­mier confi­ne­ment. Com­ment pour­raient-elles en rem­bour­ser un se­cond ? ». Pour Sa­muel Cette, ce nou­veau confi­ne­ment est d’au­tant plus in­quié­tant que les en­tre­pre­neurs ne croient plus aux dis­cours du gou­ver­ne­ment. Selon une en­quête menée par la CPME au­près de ses adhé­rents, les aides pro­mises lors du pre­mier confi­ne­ment ne sont, pour beau­coup, tou­jours pas ar­ri­vées. « La condi­tion­na­lité des aides est bien trop res­tric­tive », dé­plore l’en­tre­pre­neur qui es­time que « si l’État a dé­cidé de nous contraindre, il doit in­dem­ni­ser le pré­ju­dice subi ».


« Beau­coup d’en­tre­prises ne pour­ront pas bé­né­fi­cier d’un se­cond PGE », Pierre-Oli­vier Nau - Medef 31
« Nous avions poussé pour qu’il n’y ait pas de re­con­fi­ne­ment, donc nous sommes déçus de la dé­ci­sion du gou­ver­ne­ment. Bien en­tendu, nous n’op­po­sons pas santé et éco­no­mie, mais les chefs d’en­tre­prise ont fait preuve de res­pon­sa­bi­lité et la dif­fu­sion du virus ne s’est pas faite au tra­vail, dé­clare Pierre-Oli­vier Nau. Nous com­men­cions à peine de par­ler du plan de re­lance, et tout à coup, tous ces dis­cours de­viennent ana­chro­niques ». Ce nou­veau confi­ne­ment va très cer­tai­ne­ment pro­vo­quer des faillites, es­time le pré­sident du Medef 31. « Toutes les en­tre­prises déjà sous per­fu­sion de l’État ne pour­ront très cer­tai­ne­ment pas bé­né­fi­cier d’un se­cond PGE ». La fer­me­ture de nom­breuses en­tre­prises risque par ailleurs de créer un « effet halo », c’est-à-dire ra­len­tir l’ac­ti­vité des autres en­tre­prises qui pour­ront res­ter ou­vertes. « Ce nou­veau confi­ne­ment est un si­gnal né­ga­tif pour la consom­ma­tion », dé­plore Pierre-Oli­vier Nau. Dans ce contexte, le Medef 31 a dé­cidé de créer une cel­lule de crise pour les sec­teurs les plus en souf­france en Haute-Ga­ronne : l’aé­ro­nau­tique, le tou­risme et le com­merce. « Nous sommes en contact constant avec le Medef na­tio­nal pour faire re­mon­ter les in­for­ma­tions de ter­rain ».


« Un chef d’en­tre­prise a be­soin de vi­si­bi­lité (…) De plus, les com­pen­sa­tions n’y sont pas », Xa­vier Per­ret, pré­sident de la CPME 30
« Nous sommes dans l’in­con­nue la plus to­tale quant aux ni­veaux d’ac­ti­vité que nous pour­rons es­pé­rer dans les mois à venir, dé­plore le pré­sident de la CPME 30. Et d’ajou­ter, « le plan de re­lance an­noncé à l’is­sue du pre­mier confi­ne­ment semble sou­mis à de nom­breuses condi­tions. dif­fi­ciles à sa­tis­faire.. » Le gou­ver­ne­ment ap­puie sur le frein et l’ac­cé­lé­ra­teur en même temps. « Les en­tre­prises les plus im­pac­tées par ce re­con­fi­ne­ment, ce sont les bars, res­tau­rants et com­merces. Or, leurs di­ri­geants ont res­pecté scru­pu­leu­se­ment le pro­to­cole sa­ni­taire, ils se sont eux-mêmes ex­po­sés, ont pris des risques. Et là, le gou­ver­ne­ment leur dit en sub­stance “tout ce que vous faites ne sert à rien, vous fer­mez“. Ils n’ont pas le choix. » Xa­vier Per­ret se dit très in­quiet pour la suite d’au­tant plus que, selon une étude réa­li­sée par la CPME (na­tio­nale), en sep­tembre, 52 % des TPE et PME s'es­ti­maient en dif­fi­culté pour rem­bour­ser leur prêt ga­ranti par l'État. « Si on ajoute à cela le mur de la dette consti­tué des dif­fé­rents re­ports de charges… » Ce que de­mande la CPME 30, c’est, entre autres choses, la conso­li­da­tion des prêts de façon à per­mettre aux en­tre­prises de rem­bour­ser sur plu­sieurs an­nées, une plus grande sou­plesse des cri­tères d’ob­ten­tion du plan de re­lance, ainsi qu’une com­pen­sa­tion par l'État des pertes d’ex­ploi­ta­tion.

  • CHAMBRES CONSU­LAIRES


« C’est à nou­veau les pe­tits com­merces qui vont être im­pac­tés », André Del­jarry - pré­sident de la CCI de l'Hé­rault
« Après les Gi­lets jaunes, la ré­forme des re­traites et la pre­mière vague, c’est à nou­veau les pe­tits com­merces qui vont être im­pac­tés, dé­plore André Del­jarry, pré­sident de la CCI de l'Hé­rault. A par­tir de de­main, tous les centres-villes de l’Hé­rault se­ront morts. » S'il salue « le meilleur équi­libre » par rap­port au pre­mier confi­ne­ment (écoles ou­vertes, pos­si­bi­lité de se rendre au tra­vail), le di­ri­geant re­doute en 2021 et 2022 un tsu­nami de dé­pôts de bilan. « D’ailleurs, cela a déjà com­mencé, as­sure-t-il. A Mont­pel­lier, il y en a eu 140 entre mars et au­jour­d’hui, contre une ving­taine sur la même pé­riode en 2019. » De nou­veau sur le pied de guerre, les 85 col­la­bo­ra­teurs de la CCI Hé­rault ar­rêtent les opé­ra­tions non ur­gentes pour se dé­dier uni­que­ment à l’ac­com­pa­gne­ment des com­merces non es­sen­tiels via les cel­lules d’ur­gence (covid19@​herault.​cci.​fr, 04 99 51 52 00 ou 04 99  51 54 10) et d’écoute psy­cho­lo­gique (0 800 501 201), ré­ac­ti­vées. Concer­nant City Foliz, l'opé­ra­tion ré­gio­nale de sou­tien aux com­merces à 1M€ qui de­vait durer du 4 no­vembre au 24 dé­cembre, en par­te­na­riat avec une ving­taine d'EPCI, elle est dé­sor­mais pré­vue du 4 dé­cembre au 24 jan­vier.


« Dire que l’éco­no­mie est se­con­daire, ça n’a pas de sens », Éric Gi­rau­dier, CCI du Gard
« Il faut pré­ser­ver la santé de nos conci­toyens évi­dem­ment, mais quand j’en­tends cer­taines per­sonnes, no­tam­ment des mé­de­cins, dire que l’éco­no­mie ce n’est pas im­por­tant, que c’est se­con­daire, ça n’a pas de sens, s’émeut le pré­sident de la CCI du Gard. L’éco­no­mie contri­bue au bien-être des per­sonnes, aux in­ter­ac­tions, à la culture… » Contrai­re­ment au pre­mier confi­ne­ment, les en­tre­prises sont déjà fra­gi­li­sées, sou­ligne Éric Gi­rau­dier qui s’in­quiète d’une frac­ture éco­no­mique qui s’ac­com­pa­gne­rait d’une frac­ture so­ciale. « Dans le Gard, un tiers de l’éco­no­mie est concer­née par les fer­me­tures. Cette dé­ci­sion ar­rive alors que les en­tre­prises sont ex­sangues et à une pé­riode qui, d’ici une quin­zaine de jours, sera clé en termes de chiffre d'af­faires. Et on ne peut pas la dé­ca­ler ni la rat­tra­per. » Tan­dis que les com­merces de proxi­mité se­ront fer­més, les consom­ma­teurs risquent de se re­por­ter en­core da­van­tage sur la vente en ligne ce qui va créer une dis­tor­sion de concur­rence, re­doute-t-il. Par ailleurs, Éric Gi­rau­dier pré­cise : « ce n’est pas dans les com­merces de centre-ville et les res­tau­rants que le virus se trans­met mais lors d’évé­ne­ments pri­vés et dans les trans­ports en com­mun. » Enfin, le pré­sident de la CCI30 s’in­quiète pour l’après et cible les dis­cours an­xio­gènes. « Les chefs d’en­tre­prises sont res­pon­sables, si la confiance n’est pas res­tau­rée, il n’y aura pas de consom­ma­tion. »

  • COM­MERCES

« Nous nous y at­ten­dions, la seule in­con­nue c’était quand », Lio­nel Amat, tré­so­rier de l’as­so­cia­tion de com­mer­çants Cœur de Nîmes et pa­tron de la bras­se­rie Le Mo­ga­dor (cinq sa­la­riés), à Nîmes
S’il juge le re­con­fi­ne­ment in­évi­table, Lio­nel Amat n’en de­meure pas moins in­quiet. « Les com­merces qui étaient déjà en dif­fi­culté sont condam­nés. Au prin­temps 2021, beau­coup d’en­tre­prises de­vraient fer­mer. » Et de citer les ma­ga­sins de jouets et dé­co­ra­tions réa­li­sant en­vi­ron 30 % de leur CA glo­bal en dé­cembre. « En confi­ne­ment, les gens vont faire leurs courses de Noël en ligne, sur Ama­zon no­tam­ment. » Ce « stop and go » conti­nuera jus­qu’à ce qu’un vac­cin soit trouvé, sou­ligne-t-il. « Nous sommes convain­cus qu’il y aura un 3e confi­ne­ment. » Pour ce pa­tron de bras­se­rie, la si­tua­tion est très ten­due : « Nous avons déjà fermé deux mois et demi et cet été notre chiffre d’af­faires a baissé de 30 % (par rap­port à l’an­née der­nière, NDLR) car nous avions mis moins de tables en ter­rasse pour res­pec­ter les règles de dis­tan­cia­tion phy­sique. » D’au­tant plus qu’il craint de ne pas pou­voir rou­vrir avant début jan­vier, plu­tôt que début dé­cembre, es­ti­mant que les bars et res­tau­rants sont assez stig­ma­ti­sés par les di­rec­tives gou­ver­ne­men­tales.

La ré­dac­tion / redaction.​montpellier@​lalettrem.​net - redaction.​toulouse@​lalettrem.​net

Les ré­ac­tions du côté des col­lec­ti­vi­tés


« Nous for­mons un pack avec l’État et les chambres consu­laires » - Ca­role Delga, pré­si­dente de la Ré­gion Oc­ci­ta­nie
« Plus le confi­ne­ment sera li­mité dans le temps, mieux nous ar­ri­ve­rons à nous en re­le­ver so­cia­le­ment et éco­no­mi­que­ment. Cela doit être notre seule prio­rité au­jour­d'hui », com­mente la pré­si­dente de Ré­gion. « Ce nou­veau confi­ne­ment est un coup très dur pour les en­tre­prises, les com­mer­çants et leurs sa­la­riés », in­dique l'élue ré­gio­nale avant de rap­pe­ler que sa col­lec­ti­vité « forme un pack avec l’État et les chambres consu­laires ». La Ré­gion Oc­ci­ta­nie a mis en place de­puis avril der­nier des me­sures des­ti­nées à sou­te­nir la tré­so­re­rie et les in­ves­tis­se­ments des en­tre­prises ré­gio­nales.

« Un nou­veau coup dur porté à l'éco­no­mie », Jean-Luc Mou­denc - maire de Tou­louse et pré­sident de Tou­louse Mé­tro­pole
« La dé­ci­sion de re­con­fi­ne­ment gé­né­ral an­non­cée par le chef de l’État a le mé­rite de la clarté. L'évo­lu­tion de l'épi­dé­mie ne lais­sait guère le choix aux au­to­ri­tés : il faut im­pé­ra­ti­ve­ment frei­ner l'évo­lu­tion de l'épi­dé­mie pour pré­ser­ver nos soi­gnants et gué­rir nos ma­lades », sou­ligne l'élu tou­lou­sain avant d'évo­quer l'im­pact éco­no­mique de ce nou­veau confi­ne­ment : « Pour le monde éco­no­mique, c’est un nou­veau coup dur par­ti­cu­liè­re­ment grave et je tiens à ap­por­ter tout mon sou­tien aux en­tre­prises, aux com­mer­çants et à tous ceux qui craignent pour leur em­ploi. L’État et l’Eu­rope doivent com­pen­ser à 100% les pertes oc­ca­sion­nées par cette crise, "quoi qu'il en coûte", comme l'a af­firmé le Pré­sident. »


« La pro­tec­tion de la po­pu­la­tion doit être notre prio­rité ab­so­lue », Michaël De­la­fosse, maire de la Ville de Mont­pel­lier et pré­sident de Mont­pel­lier Mé­di­ter­ra­née Mé­tro­pole (3M)
« Cette deuxième vague s’ap­pa­rente à une lame de fond, écrit l'édile sur sa page Fa­ce­book. Elle s’an­nonce, pour notre dé­par­te­ment, d’ores et déjà plus mor­telle que la pre­mière. » À l'agenda du pré­sident de 3M ce jour, un point avec « les com­mer­çants qui doivent im­pé­ra­ti­ve­ment être ac­com­pa­gnés au re­gard des nou­velles res­tric­tions. J’as­sure éga­le­ment de ma mo­bi­li­sa­tion pleine et en­tière le monde cultu­rel, spor­tif et as­so­cia­tif : comme je m’y at­tache de­puis le début de mon man­dat, ses ac­teurs se­ront, avec toutes les res­sources à ma dis­po­si­tion, épau­lés. »


« Tsu­nami so­cial et casse éco­no­mique », Georges Méric, pré­sident du conseil dé­par­te­men­tal de la Haute-Ga­ronne
« La prio­rité ab­so­lue est de pro­té­ger la santé du plus grand nombre avec des me­sures fortes et sans am­bi­guï­tés face à l’évo­lu­tion alar­mante de l’épi­dé­mie. » L’élu re­grette ce­pen­dant les « ter­gi­ver­sa­tions du gou­ver­ne­ment ces der­nières se­maines et les dé­ci­sions prises au compte-goutte, qui nous ont fait perdre un temps pré­cieux contre la ma­la­die ». Georges Méric s’at­tend par ailleurs à « un tsu­nami so­cial et à la casse éco­no­mique » du pays et du ter­ri­toire de la Haute-Ga­ronne. « Les fonds ex­cep­tion­nels de sou­tien aux per­sonnes ayant subi des pertes de re­ve­nus, aux mondes as­so­cia­tif, cultu­rel et tou­ris­tique, ins­tau­rés par le Dé­par­te­ment au début de la crise sa­ni­taire, sont pro­ro­gés jus­qu’à nou­vel ordre pour sou­te­nir les ac­teurs du ter­ri­toire dans cette pé­riode très dif­fi­cile », in­dique éga­le­ment de pré­sident du Dé­par­te­ment.

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