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Hérault / Région Occitanie
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Tourisme - Loisirs
| 24/01/2017

Petit déj Lettre M / Les collectivités doivent-elles financer le sport professionnel ?

Le financement des clubs sportifs et plus largement du sport est l'un des thèmes évoqué lors du petit Déj de La Lettre M organisé le 24/1 au Gazette Café à Montpellier sur le thème « Sport et économie », en présence d'une centaine de participants. « Le sport est rentré dans les sphères économiques depuis peu de temps. Il n’était pas considéré comme un acteur économique, souligne Patrice Canayer, manager général du MHB (budget : 7,5 M€). L’État s’est emparé du sport depuis longtemps en créant un ministère de la jeunesse et du sport. La législation et l’absence de culture du sport sont un frein. D’ailleurs, l’obligation pour les clubs de passer en société est récente. Un actionnaire d’un club ne peut pas toucher des dividendes, c’est une réalité économique, est-ce bien ou mal ? » La question du financement des clubs se pose. D’ailleurs, le MHB est le seul club en France qui a une organisation atypique. « Depuis 6 ans, les partenaires privés représentent plus de 60 % du CA au MHB. L’idée est de stabiliser l’aide des collectivités territoriales et de faire monter le partenariat privé, explique Patrice Canayer. Le club a développé le marketing sportif et la capitalisation du club. « 70 % du club a été vendu à 17 entreprises régionales, poursuit-il. L’économie des sports de salle n’est pas viable sans apport des collectivités territoriales, un ratio qui peut atteindre 30 à 40 % voire 70%. »

Déficit d'équipement en Occitanie

Philippe Villemus, professeur à Montpellier Business School, spécialiste du marketing sportif, ne l'entend pas de cette oreille. Il se dit « contre le fait que l’argent public finance le sport professionnel. Il est anormal et choquant que les contribuables financent les salaires de joueurs étrangers ou des infrastructures de stades qui appartiennent à des magnas privés... Le sport pro a besoin de se désintoxiquer de l’argent public. » Philippe Villemus explique sa position en s’appuyant sur des études qui place l'Occitanie comme une région « pauvre » qui a « un déficit chronique d’équipement : terrains de foot, basket, golf, tennis, stade, boulodrome… Nous sommes un des territoires les moins doté de France. Montpellier a fait le choix du sport professionnel au dépend du sport de masse. » « À Montpellier, le sport et culture sont nés d’une volonté politique. Ce n’est pas en opposant le sport professionnel et de masse que l’on va arriver à trouver une solution », rétorque Patrice Canayer.
Si Kamel Chibli, vice-président de la Région Occitanie, délégué au sport (budget : 20 M€) confirme le déficit d’équipement, il concède que la Région « accompagne tous les petits clubs dans les investissements en matériel et tous les projets d’infrastructures sportives pour irriguer tout le territoire. 1 € de la collectivité génère 10 € du privé. Il faut être vigilants à ne pas opposer le monde du sport amateur et professionnel, car nous avons besoin de locomotives. »

Marketing sportif et stratégie partenariale

« Dans l’entreprise, peu connaissent la culture du marketing sportif. Le marketing sportif en est à ses balbutiements en France. C’est différent en Allemagne où le moindre club a 100 partenaires car les incitations fiscales sont importantes contrairement à la France, précise Patrice Canayer. En France, il y a moins d’incitations fiscales dans le sport que dans la culture. » Le groupe Angelotti, aménageur et promoteur finance des clubs petits et grands dans diverses disciplines : foot, rugby, tennis de table, basket, course à pied... « Le sport amateur a tout autant sa place que le professionnel. On est partenaire des collectivités et on doit participer à l’animation, ce que permet le sport. Le sport, c’est la vie et les gens, c'est donc lié à mon métier d’aménageur et de promoteur ! », déclare Roch Angelotti, directeur du développement de l'entreprise familiale biterroise éponyme.
Kito de Pavant, skipper malheureux du dernier Vendée Globe dont le bateau « Bastide-Otio » a été construit à 100 % en Occitanie, a déjà la tête dans sa prochaine aventure sportive avec la transat Jacques Vabre. Il a créé une écurie « Made in Midi » pour financer ses courses et développer la pratique en Méditerranée. « Comme tout sport il faut trouver des moyens… Les bateaux sont coûteux en raison des technologies. J’ai eu la chance de travailler avec de grands groupes : Vivendi, Bel… Pour trouver un gros sponsor qui met quelques M€, ce n'est pas facile. J’ai choisi de trouver non pas un, mais 100 sponsors et proposer à des entreprises des tickets d’entrée à partir de 5.000 € ou des partenariats techniques avec des entreprises régionales qui réalisent des pièces ou développent des systèmes intelligents », complète-t-il.

Véronique Coll / coll@lalettrem.net
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