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Languedoc-Roussillon
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Viticulture
| 26/11/2015

Jacques Gravegeal : "Nous avons besoin de 30 000 ha de vigne en plus pour produire 2 Mhl supplémentaires"

Jacques Gra­ve­geal, em­blé­ma­tique pré­sident du syn­di­cat des pro­duc­teurs de l’IGP Pays d’Oc, re­trouve le sou­rire. « Après deux an­nées de ré­ces­sion due à des pe­tites ré­coltes qui nous ont fait craindre la rup­ture de stock, la ré­colte 2015 ar­rive enfin avec vo­lume et qua­lité ». Entre 6,2 et 6,7 Mhl de vins IGP Pays d’Oc de­vraient être pro­duits cette année, soit 50 % de la pro­duc­tion ré­gio­nale. Pour le porte-pa­role des vins de Pays d’Oc, l’heure du chal­lenge a sonné : « Si nous conti­nuons sur notre lan­cée, nous pou­vons at­teindre les 8 Mhl, en une di­zaine d’an­nées. Cela si­gni­fie re­plan­ter entre 30 000 et 40 000 ha de vignes. Cela a été va­lidé par l’in­ter­pro­fes­sion et le né­goce ». Un large appel aux can­di­da­tures est donc lancé par le syn­di­cat pour que des vi­gne­rons, en par­ti­cu­lier les jeunes, viennent s’ins­tal­ler. « Toute per­sonne qui vou­dra en­trer dans la sphère vi­gne­ronne, en par­ti­cu­lier Pays d’Oc, sera la bien­ve­nue ». Sur une éven­tuelle ex­ten­sion de l’aire géo­gra­phique de l’IGP Pays d’Oc au vi­gnoble de Midi-Py­ré­nées pour trou­ver ces vo­lumes sup­plé­men­taires, Jacques Gra­ve­geal n’y op­pose pas un non ca­té­go­rique. « Nous étu­die­rons les de­mandes au fur et à me­sure mais pas de dé­marche pros­pec­tive de notre part. Nous n’avons pas l’in­ten­tion de man­ger qui que se soit ».

Ga­ran­ties fi­nan­cières

Pour at­ti­rer ces nou­veaux vi­gne­rons, le volet fi­nan­cier est évi­dem­ment pri­mor­dial. Outre le sou­tien des banques, « en par­ti­cu­lier du Cré­dit agri­cole », le syn­di­cat en ap­pelle à la BPI. « Pour l’ins­tant la banque d’in­ves­tis­se­ment ne sou­tient que des pro­jets de mi­ni­mum 750 000€, il faut que le plan­cher soit revu à la baisse pour que nous puis­sions en bé­né­fi­cier ». Autre sujet fort, la contrac­tua­li­sa­tion des ventes entre pro­duc­tion et né­goce. « Le com­merce nous de­mande de mon­ter à 8 Mhl ? S’il a confiance alors il faut contrac­tua­li­ser, avoir un don­neur d’ordre et plan­ter ce dont ils ont be­soin ». Les contrats cou­raient sur 10 ans. Jacques Gra­ve­geal sou­haite éga­le­ment ré­in­tro­duire la no­tion de paie­ment de la pro­duc­tion en men­sua­li­tés. Au­jour­d’hui les vi­gne­rons sont payés quand le vin sort des chais, la men­sua­li­sa­tion per­met­trait alors de mettre sur un pied d’éga­lité les pro­duc­teurs de vins sor­tant ra­pi­de­ment et ceux, plus pre­mium, qui doivent res­ter en cave plu­sieurs mois.

Gros­sir ou mou­rir

L’IGP Pays d’Oc est le lea­der eu­ro­péen des vins de cé­pages, 5e ex­por­ta­teur au ni­veau mon­dial. « Nous avons dé­cidé de par­ler en ac­cord avec le né­goce », ré­pète Jacques Gra­ve­geal. « Notre pro­jet n’est pas de dé­sta­bi­li­ser le mar­ché. Au­jour­d’hui nos prix sont com­pa­tibles avec la concur­rence, les vi­gne­rons ar­rivent à vivre. Le consom­ma­teur, même fran­çais, a un en­goue­ment pour les vins de cé­pages. Un mar­ché s’ouvre à nous. Si nous n’y ré­pon­dons pas, nous al­lons le perdre et il en­traî­nera les vins Pays d’Oc dans sa chute ».

Par ailleurs, pour évi­ter toute rup­ture de stock, un dé­cret sera bien­tôt signé pour va­li­der le prin­cipe du VCI ou l’au­to­ri­sa­tion de pro­duire 5hl/ha de plus que ce qui est au­to­risé par le ca­hier des charges de l’IGP, pour per­mettre du sto­ckage ré­gu­la­teur en cas de pe­tite ré­colte. Pour mé­moire, en 1974, le Lan­gue­doc-Rous­sillon comp­tait 434 000 ha de vignes et pro­dui­sait 33 Mhl de vins ; en 2015, la ré­gion af­fiche 236 000 ha de vignes et une ré­colte 2015 de 13,6 Mhl.

Nelly Barbé / barbe@​lalettrem.​net
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