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| 19/10/2018

Attractivité : l'offensive des territoires (analyse)

Com­ment ré­sis­ter face aux deux mé­tro­poles, dont le pou­voir d’at­trac­ti­vité ne de­vrait pas s’at­té­nuer à l’ave­nir ? Les ter­ri­toires four­bissent leurs armes, comme en at­testent trois ini­tia­tives ré­centes.

Dans l’Avey­ron, la com­mu­nauté de com­munes Mil­lau Grands Causses a lancé la marque de ter­ri­toire Style Mil­lau, une vi­sion d’avance, le 9 oc­tobre. Prin­ci­paux ob­jec­tifs : fé­dé­rer les ac­teurs mil­la­vois, prendre conscience de ses atouts et boos­ter le dé­ve­lop­pe­ment exo­gène. D'un point de vue gra­phique, la marque fait al­lu­sion au sa­voir-faire tra­di­tion­nel du ter­ri­toire (fi­lière cuir no­tam­ment), et au via­duc de Mil­lau, sym­bole de mo­der­nité et de tech­no­lo­gie, connu dans le monde en­tier. « Notre vo­lonté est de dou­bler le rythme de crois­sance dé­mo­gra­phique, en pas­sant de + 0,2 % par an à + 0,43 %, ex­plique Gé­rard Prêtre, pré­sident de l’in­ter­com­mu­na­lité. Cela passe par des im­plan­ta­tions d’en­tre­prises ex­té­rieures », par exemple dans la zone d’ac­ti­vi­tés Mil­lau Via­duc 2. Pour s’ou­vrir da­van­tage aux autres ré­seaux d’af­faires ré­gio­naux, Pas­cal Pin, di­rec­teur d’Ac­tia Té­lé­com (80 sa­la­riés à Saint-Georges-de-Lu­zen­çon) et pré­sident de l’as­so­cia­tion Mi­pi­Rail (Tou­louse), an­nonce la créa­tion im­mi­nente de Lea­der Oc­ci­ta­nie Mil­lau. Le di­ri­geant, im­pli­qué dans la concep­tion de Style Mil­lau, aux côtés des forces vives mil­la­voises, in­siste, pour un dé­ploie­ment réussi de la marque Style Mil­lau, sur la théo­rie des pe­tits pas : « Kits de pré­sen­ta­tion, créa­tion et ani­ma­tion d’une page web et d’un compte twit­ter, com­mu­ni­ca­tion sur les sa­lons étu­diants… Mieux vaut dé­fi­nir des ac­tions très concrètes, à court terme, plu­tôt que d’af­fi­cher de grandes am­bi­tions dans une liste de rêve. » Un ac­cord de co­opé­ra­tion éco­no­mique est en né­go­cia­tion avec Mont­pel­lier Mé­di­ter­ra­née Mé­tro­pole, confie Gé­rard Prêtre. Autre ac­tua­lité : l'im­plan­ta­tion, par Sis­mic (Rodez), d'un in­cu­ba­teur de pro­jets in­no­vants, au sein de la Mai­son des En­tre­prises.

Le 11 oc­tobre à Paris, Nîmes Mé­tro­pole (pré­sident : Yvan La­chaud) a lancé sa cam­pagne de pro­mo­tion d’Ope­Nîmes, sur le ton de l’hu­mour : « De­puis le temps qu’on dit Olé, il est temps de dire Hello ! » « Nous sommes in­té­res­sés pour de­ve­nir am­bas­sa­deur, ex­plique Ghys­lain Mor­van, di­ri­geant de Trai­teur Grand (22 sa­la­riés, CA 2017 : 2,7 M€), pour basé à Mont­pel­lier. Cela pour­rait nous per­mettre de ga­gner en vi­si­bi­lité, no­tam­ment au­près de nos clients pa­ri­siens et in­ter­na­tio­naux qui nous sol­li­citent no­tam­ment pour des ma­riages. » Une ac­ti­vité qui re­pré­sente 25 % du chiffre d’af­faires. Un com­mer­çant ré­cem­ment ins­tallé à Nîmes hé­site quant à lui à s'as­so­cier à la dé­marche. « Elle peut être as­si­mi­lée de près ou de loin à un cou­rant po­li­tique et pour­rait m'éloi­gner d'une par­tie de mes clients. Or, je m'oc­cupe de tous mes clients de la même ma­nière », sou­ligne-t-il.

Autre dé­mons­tra­tion de force, dans l’Aude, le 9 oc­tobre, au do­maine vi­ti­cole de l’Hos­pi­ta­let à Nar­bonne. L’as­so­cia­tion Cœur du Lan­gue­doc, réunis­sant cinq in­ter­com­mu­na­li­tés (d’Agde, dan l’Hé­rault, à Lé­zi­gnan-Cor­bières, dans l’Aude), a at­tiré 300 en­tre­prises, tous sec­teurs confon­dus. Une stra­té­gie pour peser entre Tou­louse et Mont­pel­lier.

Pour Gilles N’Goala, res­pon­sable du mas­ter « Mar­ke­ting, in­no­va­tion et ter­ri­toires » à l’Ins­ti­tut Mont­pel­lier Ma­na­ge­ment (Uni­ver­sité de Mont­pel­lier), et in­ter­ve­nant le 9 oc­tobre à Mil­lau, une marque de ter­ri­toire réus­sie doit as­so­cier les am­bas­sa­deurs au pro­jet. En clair : les mes­sages des­cen­dants, ve­nant des po­li­tiques, c’est fini. Comme contre-exemple, il cite Mont­pel­lier Un­li­mi­ted, lan­cée fin 2012 par l’ex-pré­sident de l’ag­glo­mé­ra­tion de Mont­pel­lier, « dans la seule op­tique des élec­tions mu­ni­ci­pales de 2014. Le sujet d’une marque de ter­ri­toire est de­venu com­plè­te­ment tabou à Mont­pel­lier de­puis ce flop », ana­lyse-t-il. Autre point im­por­tant : me­su­rer la no­to­riété de la marque, et rendre des comptes à in­ter­valles ré­gu­liers. « C’est l’un des vrais en­jeux. On voit ce que coûte une marque, pas tou­jours ce qu’elle rap­porte. » Il cite en exemple, On­ly­Lyon, qui « a sorti la mé­tro­pole lyon­naise de son image bour­geoise et ren­fer­mée » ou la my­thique « I Love New York », pre­mière marque à avoir été créée, en 1976 et... tou­jours ac­tive au­jour­d'hui.

Hu­bert Via­latte / vialatte@​lalettrem.​net
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