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Région Occitanie / Languedoc-Roussillon
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BTP
| 20/04/2017

Les TP donnent leur feuille de route aux candidats

Route, rail, tran­si­tion éco­lo­gique, dé­con­ges­tion des ag­glo­mé­ra­tions, THD... 150 ac­teurs as­sistent le 20/4 au débat or­ga­nisé par la FRTP Oc­ci­ta­nie Mé­di­ter­ra­née « Ré­in­ves­tis­sons la France, que pro­posent les prin­ci­paux can­di­dats ? », en pré­sence des cinq re­pré­sen­tants ré­gio­naux (dont trois can­di­dats in­ves­tis aux pro­chaines lé­gis­la­tives dans l'Hé­rault) des prin­ci­paux can­di­dats à l'élec­tion pré­si­den­tielle : Michaël De­la­fosse (Hamon), Co­ra­lie Du­bost (Ma­cron), Jo­seph Fran­cis (Fillon), France Jamet (Le Pen) et Mu­riel Res­si­guier (Mé­len­chon). Un débat, or­ga­nisé en par­te­na­riat avec La Lettre M, at­tendu par le sec­teur des TP dont l’ac­ti­vité dé­pend à 70 % de la com­mande pu­blique. Les can­di­dats af­fichent des di­ver­gences : plu­tôt route pour Fillon, plu­tôt rail pour Ma­cron ; ren­for­ce­ment des com­pé­tences de la Ré­gion pour la plu­part, sup­pres­sion de la Ré­gion pour F.​Jamet. M.​Delafosse in­siste sur la ligne 5 du tram­way à Mont­pel­lier, dé­cla­rée d'uti­lité pu­blique mais dont les tra­vaux n'ont pas dé­buté. J.​Francis veut re­boos­ter l'in­ves­tis­se­ment dans les col­lec­ti­vi­tés en re­strei­gnant le bud­get fonc­tion­ne­ment : « Il y a une baisse de 40 % des in­ves­tis­se­ments routes pour le CD 34 en deux ans. » Co­ra­lie Du­bost a tenu à dé­mi­ner l'im­pact sur les fi­nances des col­lec­ti­vi­tés de la sup­pres­sion de la taxe d'ha­bi­ta­tion pour 80 % des Fran­çais : « Elle sera com­pen­sée par l’État à l’euro près et, au-delà du quin­quen­nat, sera en­té­ri­née dans une loi. » Mu­riel Res­si­guier pointe « le recul de la com­pé­ti­ti­vité des in­fra­struc­tures due au dum­ping so­cial. Nous sommes pour les trains du quo­ti­dien ou en­core une LGV Per­pi­gnan-Mont­pel­lier mixte à grande vi­tesse et pas à très grande vi­tesse, pour éco­no­mi­ser 3 à 4 Md€ » (chiffre contesté par SNCF Ré­seau après le débat, NDLR). France Jamet in­siste sur les pe­tites com­munes, « bonne échelle de me­sure pour la dé­mo­cra­tie ».
Tous s'op­posent à l'ins­tau­ra­tion de péages pour ac­cé­lé­rer la réa­li­sa­tion d'in­fra­struc­tures at­ten­dues de longue date (comme le contour­ne­ment ouest de Mont­pel­lier). Par contre, le pro­jet d'éco­taxe ré­gio­nale fait l'una­ni­mité, mais pose la ques­tion de sa fai­sa­bi­lité. « La Ré­gion a-t-elle la lé­gi­ti­mité pour lever une taxe comme l’éco­taxe ? », in­ter­roge Co­ra­lie Du­bost.
Autre point abordé : la dif­fi­culté à faire abou­tir les pro­jets. « Les pro­jets sont sou­vent sou­mis à une gué­rilla ju­ri­dique, voire une gué­rilla tout court, a conclu Oli­vier Gior­giucci (FRTP Oc­ci­ta­nie Mé­di­ter­ra­née), fai­sant al­lu­sion à des cas em­blé­ma­tiques na­tio­naux - aé­ro­port de Notre-Dame-des Landes, bar­rage de Si­vens. Les dé­bats pu­blics sont lents à se mettre en place, les re­cours nom­breux, les dé­ci­sions pas tou­jours ap­pli­quées et les ré­gle­men­ta­tions changent plus vite que l’avan­cée du pro­jet lui-même. »

Recul de la com­pé­ti­ti­vité des in­fra­struc­tures. « Dans l’ar­rière-pays hé­raul­tais, il y a en­core des en­jeux de des­serte, pointe Michaël De­la­fosse. Il faut main­te­nir un haut ni­veau d’in­ves­tis­se­ment pu­blic sur notre ter­ri­toire pour une com­pé­ti­ti­vité in­ter­na­tio­nale de nos in­fra­struc­tures et une co­hé­sion ter­ri­to­riale. » « Nous sommes conscients du recul de com­pé­ti­ti­vité sur les in­fra­struc­tures de trans­port de ma­nière gé­né­rale, sou­ligne Co­ra­lie Du­bost. Notre pro­jet est de pas­ser par des in­ves­tis­se­ments pu­blics mas­sifs. 5 Md € dans le trans­port et le rail, 15 Md€ dans la tran­si­tion éco­lo­gique… Nos prio­ri­tés : la connexion entre les modes de trans­port et la dé­con­ges­tion des ag­glo­mé­ra­tions. La THD est aussi un des ob­jec­tifs prio­ri­taires. » De son côté, France Jamet pointe sur­tout le fait que « nous ne man­quons pas de pro­jets, mais de fi­nan­ce­ments. Or, 1 € in­vesti dans les in­fra­struc­tures, c’est 1,5 € de crois­sance dans les 5 ans. Il faut in­no­ver dans le fi­nan­ce­ment pu­blic : péage, éco­taxe, PPP,… et faire des ajus­te­ments bud­gé­taires ».
Jo­seph Fran­cis veut re­boos­ter l'in­ves­tis­se­ment dans les col­lec­ti­vi­tés : « Il y a une baisse de 40,4 % des in­ves­tis­se­ments routes pour le CD 34 en deux ans. Nous sommes fa­vo­rables aux routes pour désen­cla­ver les ter­ri­toires, dé­ve­lop­per le rail et sanc­tua­ri­ser les cré­dits pour l’en­tre­tien du ré­seau ferré ou en­core dé­ployer le THD... Il faut pas­ser de la ga­be­gie à l’ef­fi­cience ». Il pour­suit : « on doit acter un nou­veau plan de dé­cen­tra­li­sa­tion pour don­ner plus de com­pé­tences aux Ré­gions en ma­tière de dé­ve­lop­pe­ment éco­no­mique et qu’elles soient sanc­tion­nées pour leur per­for­mance éco­no­mique et l’em­ploi, s'il le faut. »

Mu­riel Res­si­guier re­lève « le recul de la com­pé­ti­ti­vité des in­fra­struc­tures due au dum­ping so­cial. Nous sommes pour les trains du quo­ti­dien ou en­core une LGV Per­pi­gnan-Mont­pel­lier mixte à grande vi­tesse et pas à très grande vi­tesse pour éco­no­mi­ser 3 à 4 Md. »(chiffre contesté par SNCF Ré­seau après le débat, NDLR). 

Le fi­nan­ce­ment des dos­siers d’in­fra­struc­tures. « Faut-il fi­nan­cer un nou­veau stade à 320 M€ ou ré­no­ver la voi­rie mont­pel­lié­raine ? Beau­coup de maires s’in­quiètent de pou­voir fi­nan­cer les in­ves­tis­se­ments de voi­ries, dé­clare Michaël De­la­fosse, qui prône « la prio­rité d’in­ves­tis­se­ment aux in­fra­struc­tures de rail. C’est en­core une in­cer­ti­tude en ex-LR de prendre le train. La ligne 5 du tram de Mont­pel­lier n’est pas réa­li­sée et est in­cer­taine. Rennes a un métro, Tou­louse bien­tôt 3 lignes de métro : ce dos­sier de L5 est prio­ri­taire. »
Co­ra­lie Du­bost avance une « do­ta­tion de 10 Md€ pour les col­lec­ti­vi­tés pu­bliques en contre­par­tie de 2 Md€ d’éco­no­mie par an dans les dé­penses de fonc­tion­ne­ment : ré­duc­tion des ef­fec­tifs, ges­tion des dé­chets et achats pu­blics ». France Jamet confirme aussi « la né­ces­sité pour les col­lec­ti­vi­tés de gé­né­rer des éco­no­mies ». La mé­thode d’Em­ma­nuel Ma­cron est de chan­ger les re­la­tions entre l’État et les col­lec­ti­vi­tés. « Avec une confé­rence se­mes­trielle des ter­ri­toires pour re­ga­gner la confiance des élus. On veut chan­ger de lo­gique et tra­vailler avec les élus… face à l’in­quié­tude des élus sur la sup­pres­sion de la taxe d’ha­bi­ta­tion pour 80 % des mé­nages, un impôt in­juste pour les mé­nages, il sera com­pensé par l’État à l’euro près ! Au-delà du quin­quen­nat, ce sera en­té­riné dans une loi » pré­cise-t-elle.
De son côté Fran­cis Jo­seph prône « tout sauf l’im­pôt, sinon on as­phyxie nos en­tre­prises. L’Eu­rope est un atout pour fi­nan­cer nos pro­jets. Nous vou­lons ou­vrir le fi­nan­ce­ment des in­fra­struc­tures aux ca­pi­taux pri­vés par les PPP, exemple du via­duc de Mil­lau. Autre moyen, la ces­sion de parts pu­bliques pour les mettre dans des in­ves­tis­se­ments et rat­tra­per le re­tard. » Concer­nant la Ré­gion, « nous n’avions pas de vi­sion ni de vo­lonté. Il faut une vi­sion de fi­lière in­dus­trielle. La fi­lière lo­gis­tique doit être ap­puyée par une pla­te­forme mul­ti­mo­dale sur la fa­çade lit­to­rale réunis­sant :  port ma­ri­time, liai­sons flu­viale, fer­ro­viaire, les au­to­routes, l’aé­ro­port in­ter­na­tio­nal… Plu­sieurs di­zaines de mil­liers d’em­plois sont à créer dans la fi­lière lo­gis­tique

Re­lance des in­ves­tis­se­ments pu­blics lo­caux. « En ex-LR, la chute de l’in­ves­tis­se­ment est de 20 % ces trois der­nières an­nées. Com­ment dé­blo­quer cet in­ves­tis­se­ment et qu’al­lez-vous faire par rap­port aux do­ta­tions aux col­lec­ti­vi­tés ? » in­ter­roge Oli­vier Gior­giucci. Le camp PS/EELV « sou­haite mettre fin au mou­ve­ment de baisse des do­ta­tions aux col­lec­ti­vi­tés à tra­vers la stag­na­tion de la do­ta­tion glo­bale de fonc­tion­ne­ment. » Autre pro­po­si­tion, « sor­tir les dé­penses liées à la dé­fense du cal­cul des 3 % de dé­fi­cits de l’Eu­rope pour re­trou­ver des marges de ma­nœuvre. » Pour Co­ra­lie Du­bost « la re­lance passe par l’in­ves­tis­se­ment. Les col­lec­ti­vi­tés qui in­ves­tissent se­ront en­cou­ra­gées. On veut ré­in­té­grer l’éva­lua­tion des po­li­tiques pu­bliques ». Même dis­cours chez Mé­len­chon qui prône « les in­ves­tis­se­ments mas­sifs et pour la ré­duc­tion des dé­penses pu­bliques en fai­sant des choix sur la base d’une co-éla­bo­ra­tion. Sans ou­blier de faire pres­sion sur l’Eu­rope pour stop­per les po­li­tiques d’aus­té­rité, les pe­tites en­tre­prises crèvent ! » Le Front na­tio­nal en­tend sou­te­nir les in­fra­struc­tures fer­rées et rou­tières mais aussi « le THD à hau­teur de 3 Md€ et les ca­na­li­sa­tions d’eau pour 9 Md€ », dé­taille l’élue FN ré­gio­nale. 

Ré­forme ter­ri­to­riale. Michaël De­la­fosse confirme qu'il n'y aura « pas de nou­velle ré­forme ter­ri­to­riale, il faut de la sta­bi­lité sur l’ar­chi­tec­ture ter­ri­to­riale et de la li­si­bi­lité ». La FRTP re­ven­dique l’idée de don­ner une com­pé­tence à la Ré­gion pour pi­lo­ter le volet in­fra­struc­ture dans le cadre du CPER (contrat de plan État-Ré­gion) pour fa­vo­ri­ser un pro­jet ré­gio­nal d’amé­na­ge­ment du ter­ri­toire flé­ché et dé­fini. Co­ra­lie Du­bost confirme un « pacte de 5 ans stable pour flé­cher les pro­jets ».

Fi­nan­ce­ment des pro­jets. Michaël De­la­fosse : « on va pas faire un péage pour fi­nan­cer des in­fra­struc­tures. Sur l’éco­taxe, on bé­né­fi­cie ici d’un tra­fic de tran­sit im­por­tant. » Pour Jo­seph Fran­cis : « l’éco­taxe sera le der­nier re­cours, elle se­rait payée par les poids lourds étran­gers en tran­sit dans la ré­gion ». De son côté Mu­riel Res­si­guier pense qu'« on peut trou­ver des fi­nan­ce­ments pa­ral­lèles. Mais on n’est pas op­posé au prin­cipe d’une éco­taxe. » Et Co­ra­lie Du­bost d’ajou­ter « la Ré­gion a-t-elle la lé­gi­ti­mité pour lever une taxe comme l’éco­taxe. On n’est pas contre. Et pour le péage, il y a d’autres moyens pour fi­nan­cer des équi­pe­ments pu­blics. »

Les dé­lais des pro­jets et les re­cours. « Les pro­jets sont sou­vent sou­mis à une gué­rilla ju­ri­dique. Les dé­bats pu­blics sont lents à se mettre en place, les dé­lais de re­cours et les ré­gle­men­ta­tions changent plus vite que l’avan­cée du pro­jet », s’in­quiète Oli­vier Gior­giucci. Michaël De­la­fosse : « Un pro­jet doit être dé­li­béré et concerté. Il faut amé­lio­rer les pro­cé­dures de concer­ta­tion. Pour les re­cours abu­sifs, le cadre ju­ri­dique doit être ren­forcé. » Pour Co­ra­lie Du­bost, il faut « dé­ve­lop­per la pé­da­go­gie des pro­jets, sim­pli­fier les pro­cé­dures, dé­ve­lop­per la mé­dia­tion… ». « Il faut mettre en place les moyens pour faire bais­ser les dé­lais de trai­te­ment des re­cours. 10 mois, ce se­rait lar­ge­ment suf­fi­sant », com­plète Jo­seph Fran­cis. France Jamet pointe « les re­tards pris par la jus­tice concer­nant les re­cours ». À l’op­posé, Mu­riel Res­si­guier consi­dère que « les re­cours doivent ser­vir aux élus à se rap­pe­ler qu’ils sont au ser­vice des gens, que les pro­jets doivent être utiles et que les re­cours ap­pellent des ex­pli­ca­tions com­plé­men­taires et de re­voir la copie du pro­jet. C’est le cas de la gare de Mont­pel­lier Sud de France ».

Si aucun re­pré­sen­tant des can­di­dats n’af­fiche de pré­ten­tion à un mi­nis­tère, ils sont quasi una­nimes sur « la fai­blesse de Mont­pel­lier par rap­port au pou­voir cen­tral de l’État », note Michaël De­la­fosse. « En ex-LR, on ne nous connaît pas car nous ne sommes pas unis au­tour d’un pro­jet col­lec­tif, comme savent le faire les élus à Tou­louse », com­plète Jo­seph Fran­cis.

 

Vé­ro­nique Coll et Hu­bert Via­latte
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