Thierry Ducros, FFB 34

11/06/2020

Alors que le gouvernement vient d’annoncer dans le cadre du 3e projet de loi de finance rectificative différentes mesures en faveur de la reprise d’activité dans le secteur du bâtiment, Thierry Ducros, président de la fédération du bâtiment de l’Hérault (FFB 34) fait un point de la situation. « 100 % des ateliers de production – menuisiers et métalliers – ont repris dans l’Hérault tandis que pour les chantiers de construction ce taux varie entre 70 et 90 % après accord avec le maître d’ouvrage. La mise en place des mesures sanitaires, l’absence de co-activité et des effectifs réduits font baisser le taux de productivité de 10 à 30 %. À cette baisse de productivité qui allonge les délais de livraison, s’ajoute les difficultés d’approvisionnement. Ainsi, les délais pour des blocs portes sont de 5 à 10 semaines. Les fournisseurs de climatiseurs ne vivent que sur leur stock, les produits sont sur des bateaux avec un surcoût de 15 % alors que les marchés sont déjà signés. Certaines entreprises considèrent qu’elles ont repris trop tôt, souligne le président de la FFB 34.
Autres enjeux : les surcoûts liés à la mise en place des règles sanitaires. « Certains maîtres d’ouvrage assument les surcoûts liés à la mise en place de barrières sanitaires à 100%, d’autres à 50 % voire à 30 % ou pas du tout. Pourtant, la solidarité doit jouer partout », indique-t-il. Pour aider les collectivités territoriales à financer une partie de ces surcoûts, le gouvernement autorise désormais les préfets à utiliser leur pouvoir de dérogation pour mobiliser des dotations de l’Etat (dotation de soutien à l’investissement local et dotation d’équipement des territoires ruraux).

Premiers dépôts de bilan
Malgré la reprise de l’activité, le président de la FFB 34 constate les premiers dépôts de bilan notamment dans le second-œuvre bien que les entreprises de BTP héraultaises ont pu bénéficier de 156,8 M€ de prêts garantis par l’État (752,16 M€ en Occitanie) et de 13,2 M€ du fonds de solidarité (volet 1) créé par l’État et la Région Occitanie (57,9 M€). « Je crains une recrudescence des dépôts de bilan en septembre. Pour l’heure, les entreprises vivent sur les paiements des chantiers de mars et les Prêts garantis par l’État. Avec la baisse de CA, beaucoup vont inévitablement manquer de trésorerie », s’inquiète-t-il. Le nouveau projet de loi de finance rectificative permet désormais aux entreprises de moins de 50 salariés ayant perdu du chiffre d’affaires de bénéficier jusqu’à 50% de remises de charges sociales sur leurs échéances des mois de mars à mai auprès de l’Urssaf. Par ailleurs, toutes les entreprises pourront aussi demander un plan d’apurement de leurs charges sociales reportées depuis mars sur une durée pouvant aller jusqu’à 36 mois.

Contrôle sur l'activité partielle
« 
À ce jour aucune entreprise du secteur du BTP n’a été contrôlée quant à l’utilisation du chômage partiel. La profession s’attend à ces contrôles de la Direccte, déclare Thierry DucrosLa fédération a fait beaucoup d’information pédagogique dès l’annonce de cette mesure, comme pour le prêt garanti par l’État, afin d’accompagner les entreprises dans leur mise en place ou lever les freins s’il y avait lieu. La fédération est favorable à ces contrôles, les fraudeurs doivent être punis. Toutefois, des signalements de chantiers ou les entreprises ne respectent pas les barrières sanitaires imposées par le Covid-19 ont eu lieu notamment à Béziers et Montpellier. La fédération considère que le non-respect des mesures sanitaires données dans le Guide de l’OPPBTP constitue une forme de concurrence déloyale qui peut impacter la santé des compagnons », conclut Thierry Ducros.

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