Olivier Pedron, Collins Aerospace – Avionics

08/06/2020

S'il ne souhaite pas pour l'heure communiquer de chiffres, Olivier Pedron, DG de Collins Aerospace - Avionics (283 M€ de CA, 650 salariés, Blagnac), division du groupe aéronautique américain Collins Aerospace, reconnaît que l'entité va être « impactée » par la crise du Covid-19. « Nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur un portefeuille d'activités équilibré entre la défense et l'aviation commerciale, explique-t-il à La Lettre M. Dans la défense, un certains nombre de programmes, comme celui de la modernisation des C-130H de l'armée de l'Air française, nous portent, tandis que l'aviation commerciale rencontre les difficultés que l'on sait. » Un positionnement dual particulièrement précieux, car « lorsqu'Airbus ferme les vannes du jour au lendemain, l'impact est direct ».

La division avionique de Collins Aerospace, qui a enregistré 283 M€ de CA et investi environ 7 M€ en R&D l'an dernier, n'a pas pour le moment fait appel au dispositif PGE (prêts garantis par l'Etat), mais elle a placé ses salariés au chômage partiel depuis le 1er juin.

Dans l'attente du plan de relance de l'aéronautique
Aujourd'hui, le dirigeant, régulièrement sollicité par les acteurs publics, à la fois locaux et nationaux, afin de « faire remonter les données et problématiques du terrain », attend de connaître les contours du futur plan de relance de l'aéronautique, attendu d'ici à mi-juin. « Je souhaite que nous ayons été entendus, confie-t-il. Notre secteur est absolument majeur, dans une région comme l'Occitanie. Il se caractérise par des cycles longs, très différents de ceux du tourisme, par exemple. Sur une mesure comme le chômage partiel, il est très important que cette spécificité soit prise en compte. » Quant à l'avenir de la filière, Olivier Pedron l'envisage avec pragmatisme. « L'un des facteurs de la rapidité de la reprise sera le retour de l'aviation commerciale, estime-t-il. Aujourd'hui, un certain nombre de compagnies aériennes sont en grandes difficultés. Cette crise, nous le savons, durera plusieurs années. Nous estimons qu'à l'échelle du secteur, la production ne retrouvera son niveau normal que fin 2023-début 2024. » Pour autant, d'ici-là, le dirigeant ne s'imagine pas porter des projets de diversification dans des secteurs éloignés de son cœur de métier, comme le ferroviaire ou le médical. « Nous avons tout intérêt à maintenir nos compétences telles qu'elles sont aujourd'hui, sur un marché à forte valeur ajoutée », assure-t-il, tout en précisant, sur le volet des ressources humaines, qu'en fonction du contenu du plan de relance du secteur, « les mesures adéquates seront prises afin de maintenir à la fois nos compétences et notre compétitivité ».

Quel “monde d'après” ?
Et le fameux “monde d'après”, dans tout ça ? La crise du Covid-19 pourrait-elle modifier de façon durable le comportement des consommateurs ? Pour Olivier Pedron, en réalité, les questions environnementales sont au cœur des préoccupations des industriels de l'aéronautique depuis de nombreuses années. « Nous contribuons, à notre niveau, au déploiement de produits plus légers, plus résistants et moins énergivores, explique-t-il. Aujourd'hui, nous sentons, c'est vrai, une prise de conscience. Mais nous étions déjà fermement engagés dans cette voie. Charge à l'industrie de fournir à l'avenir des solutions encore plus respectueuses de l'environnement. » Collins Aerospace est né en 2018 de la fusion d'UTC Aerospace Systems et de Rockwell Collins. Le groupe compte environ 4 000 salariés en France, dont plus de 2 500 en Occitanie. Il dispose d'une autre entité importante dans la région : le site Ratier, à Figeac (46). 

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