Les nanosatellites ont-ils leur place en Occitanie ?
Le pôle de compétitivité Aerospace Valley, qui rassemble les acteurs régionaux de l’aéronautique, du spatial et des systèmes embarqués, organise le 24/4 à Toulouse une journée dédiée aux nanosatellites. Une opération visant à susciter les vocations dans une région encore étrangement timide en la matière.
Pour Grégory Pradels, en charge du développement de la filière au sein d’Aerospace Valley, « la dynamique nanosatellites (entre 1 et 50 kg, NDLR) prend de l’ampleur un peu partout dans le monde, mais pas à Toulouse ». Un phénomène qui peut s’expliquer par l’histoire de la ville. « C’est ici que s’est construit le spatial français, avec un état d’esprit marqué par l’exigence et la recherche de la performance technologique, mais pas forcément par l’entrepreneuriat. Dans les nanosatellites, c’est très différent. » Moins coûteux et plus accessibles, ces derniers peuvent en effet séduire des acteurs plus modestes et plus « agiles ». Pourtant, à ce jour, à l’exception du toulousain Earthcube, « très peu de start-up locales se lancent sur ce créneau », déplore Grégory Pradels. Et l’homme de lancer un appel : « Il ne faut pas attendre que le marché soit là pour y aller ! Nous devons à la fois donner confiance aux porteurs de projets et obtenir le soutien des grands groupes. » Selon lui, des acteurs comme Airbus Defence and Space (38.000 salariés dont 3.300 à Toulouse, CA : 13 Md) et Thales Alenia space (7.500 salariés dont 2.500 à Toulouse, CA : 2,1 Md€) « sont désormais conscients des enjeux ».
Des initiatives voient ainsi le jour en Occitanie, comme la création par le Cnes, en 2016, du Club Nano, qui a livré une cartographie mondiale du secteur. « Les acteurs français y sont peu présents », regrette sa responsable, Céline Caleya. Le monde académique, lui, a pris une longueur d’avance avec le lancement du projet Janus, qui permet aux étudiants de développer leurs propres nano-satellites. Ainsi, le Centre spatial universitaire Montpellier-Nîmes travaille, aux côtés de la Fondation Van Allen, sur des systèmes orbitaux. « Après un premier lancement effectué en 2012, un autre nanosatellite va être mis en orbite en mai », explique Alain Gaboriaud, responsable du projet. Quant au Centre spatial universitaire de Toulouse, il prévoit deux lancements, en 2018 et 2020. Cependant, du côté des entreprises, il reste encore à définir un modèle économique viable. Grégory Pradels vante une prime au premier entrant : « Ceux qui auront les premières constellations fournissant les données seront les rois du pétrole. »