André Joffre

23/06/2025

Pôle Derbi-Cemater

© DR

Des centaines d’entreprises et plusieurs milliers d’emplois en jeu dans les EnR. « Le vote, jeudi dernier à l’Assemblée nationale (19 juin, NDLR), d’un amendement instaurant un moratoire sur le solaire et l’éolien a sidéré l’ensemble de la filière des énergies renouvelables », explique André Joffre, président du pôle de compétitivité Derbi-Cemater, après avoir adressé une lettre aux députés d'Occitanie le 21 juin. En Occitanie, le poids économique du secteur est « considérable » rappelle-t-il en appelant les députés à « rejeter » cette mesure lors du vote prévu le 24 juin : Si cette proposition de loi devait être définitivement adoptée, les conséquences seraient majeures pour notre région. » Le moratoire porte sur « l’instruction, l’autorisation et l’installation de tout nouveau projet d’installation de production d’électricité utilisant l’énergie du vent éolien, terrestre ou maritime ainsi que l’énergie solaire photovoltaïque. »

Menaces
Si le projet de loi dit « PPL Grémillet » était validé, cette décision impacterait selon lui « des centaines de projets en cours partout sur le territoire, qu’ils soient portés par des collectivités, des entreprises ou des ménages... ». La ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a estimé le 22 juin sur France 3 (Dimanche en politique) que ce moratoire n'avait « aucun sens » et a également appelé à la « responsabilité » des parlementaires sur le futur énergétique de la France. Les syndicats des professionnels de l’énergie solaire Enerplan et France Renouvelables ont également exprimés leur mécontentement et appellent à rejeter ce moratoire. Autre soutien, la CCI des Pyrénées-Orientales qui partage l’inquiétude exprimée par André Joffre, qui est par ailleurs vice-président de la chambre consulaire. « En l’état, le texte mettrait à l’arrêt non seulement les projets industriels mais également les initiatives portées par des particuliers ou des collectivités, remettant en cause des années d’efforts en faveur de la décarbonation et du développement économique local », indique Laurent Gauze, président de lCCI des Pyrénées-Orientales. Toujours dans ce département, la sénatrice Lauriane Josende, s’est publiquement opposée à ce moratoire, rappelant que « le Sénat avait trouvé un équilibre entre développement des énergies renouvelables, relance du nucléaire et souveraineté énergétique. Elle a rappelé à juste titre que la transition énergétique ne pouvait s’opérer par des ruptures brutales, mais par une coordination fine et adaptée aux réalités territoriales ». Les détracteurs des EnR estiment nécessaire une étude pour déterminer le mix énergétique optimal pour la France. Ils craignent également un black out comme en Espagne en raison de l'intermittence de ces énergies. Ils pointent également une hausse du prix de l'électricité due aux EnR et les dégradations du cadre de vie suite à l'installation de parcs. À l'image des acteurs du secteur, la ministre pointe le risque accru de dépendance de la France aux énergies fossiles importées du Moyen-Orient, de la Russie et des États-Unis ; une perte de temps estimée à 15 ans, la disparition de 150 000 emplois en France et la menace sur les projets de giga-usines de photovoltaïques.

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