La coordinatrice de l’association La Mêlée Montpellier, Amandine Raynaud, et son équipe ont mené le 15 avril une journée complète et virtuelle dédiée à la question de la mixité dans le secteur du numérique. « Il faut lever les barrières que les femmes se mettent sur l'accès à ces métiers du numérique et à l'entrepreneuriat », insiste en préambule Hind Emad, vice-présidente de Montpellier Méditerranée Métropole chargée du développement économique. Et les retours sont en effet édifiants « sur les vingt start-up accompagnées par le Village by CA Languedoc, une seule est dirigée par une femme », rapporte Patrick Brusley, maire du village. Même constat pour la directrice du Bic de Montpellier, Isabelle Prevot qui compte 12 % de femmes créatrices dans le numérique, « un chiffre étonnement stable qui n’évolue pas », les sciences du vivant ayant la préférence des entrepreneuses avec 25 % de femmes dirigeantes au sein du Bic.

Il y a urgence, alerte Henri D’Agrain, délégué général du Cigref (Association des grandes entreprises et administrations publiques françaises) : le pourcentage de femmes dans les formations aux métiers techniques « se dégrade depuis plusieurs années, de 30 % dans les années 80 à 15 % à peine aujourd’hui. Mécaniquement, cela va se retrouver dans notre économie dans dix à quinze ans alors que l’on sait que le numérique va porter la croissance. À cela s’ajoute un problème social : on ne peut se satisfaire d’un monde numérique qui ne serait pensé, créé, administré que par des hommes. »

« Pourquoi toutes ces femmes au parcours
extraordinaire ne deviennent pas des mentors
regroupées au sein d'un think tank ? »

Un think tank montpelliérain et féminin
Frédéric Planche, responsable du programme NextInnov de la Banque Populaire du Sud a quant à lui comptabilisé 47 dirigeantes sur les près de 300 entreprises accompagnées. Et d'égrainer pourtant une succession de noms synonymes de succès entrepreneuriaux à Montpellier : Stéphanie Gottlib-Zeh (Techsia racheté par Schlumberger), Claudia Zimmer (Aquafadas racheté par Rakuten), Rachel Delacour (Bime racheté par Zendesk), Karine Puget (Genepep), Sylvie Boichot (Move in Med racheté par Korian), Célia Belline, Marie-Pierre Pasdelou et Sylvie Pucheu (Cilcare)... « Pourquoi toutes ces femmes au parcours extraordinaire ne deviennent pas des mentors regroupées au sein d'un think tank ? Elles pourraient nous aider à tracter les potentiels, les envies... »

Pour Phillipe Duhot, directeur de la communication et de la RSE chez Orange pour la région Grand Sud-Ouest, rien de mieux que de « donner envie aux filles et aux femmes d'aller vers les métiers du numérique », et de proposer un « Top chef des femmes dans le numérique », inspiré de la populaire émission de télévision qui suscite chaque semaine des vocations de chefs cuisiniers. Invitée à témoigner, Muriel Avinens, à la tête de Dell Montpellier, se mobilise pour atteindre l’objectif du groupe qui est d'atteindre les 50 % de femmes dans l’effectif d’ici à 2030. 40 % devraient avoir des postes de manager. « On recrute souvent des personnes qui nous ressemblent, constate la dirigeante. Aujourd'hui, la majorité des recruteurs chez Dell sont des hommes... »