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Midi-Pyrénées / Languedoc-Roussillon
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Institutions
| 3/12/2015

Gérard Onesta (EELV) : "Les aides de la Région seront éco-conditionnées"

Le can­di­dat éco­lo­giste, qui mène une coa­li­tion réunis­sant no­tam­ment EELV et le Front de gauche de Jean-Luc Mé­len­chon, veut condi­tion­ner les aides éco­no­miques de la fu­ture Ré­gion à des clauses so­ciales et en­vi­ron­ne­men­tales, et prône une éga­lité des ter­ri­toires. Il égra­tigne, au pas­sage, la can­di­date so­cia­liste Ca­role Delga, avec qui il de­vrait pour­tant faire al­liance au se­cond tour. Der­nier volet de notre série d'in­ter­views des prin­ci­paux can­di­dats aux élec­tions ré­gio­nales des 6 et 13 dé­cembre sur leur pro­gramme éco­no­mique.

À com­bien vou­lez-vous por­ter le ni­veau d’in­ves­tis­se­ment an­nuel de la nou­velle ré­gion ?

Il faut d’abord éta­blir un état des lieux de cette ré­forme im­po­sée. Il n’y a aucun contact entre les élus de MP et LR. Je suis donc in­foutu de vous dire quelle est la réa­lité des dis­po­si­tifs du LR ! Le dé­tail est soi­gneu­se­ment gardé par les sou­tiens de la can­di­date PS. Aucun état des lieux n’a été éta­bli au ni­veau des élus. À ma connais­sance, le ratio est de 60 % pour le fonc­tion­ne­ment, et 40 % pour l’in­ves­tis­se­ment. Il fau­drait tendre vers le 50/50. Mais pour y par­ve­nir, il fau­drait re­mettre de la dé­mo­cra­tie fis­cale dans le conseil ré­gio­nal, en lui re­don­nant une ca­pa­cité à lever l’im­pôt. Je pré­cise que nous n’avons pas une ap­proche stric­te­ment comp­table entre fonc­tion­ne­ment et in­ves­tis­se­ment. L’em­ploi as­so­cia­tif, c’est de l’in­ves­tis­se­ment.

Quel bud­get al­lez-vous consa­crer au dé­ve­lop­pe­ment éco­no­mique, avec quelles prio­ri­tés ?

Faire de la for­ma­tion, in­ves­tir dans la culture, aider des jeunes agri­cul­teurs à s’ins­tal­ler, c’est faire du dé­ve­lop­pe­ment éco­no­mique. 100 % de notre bud­get sera donc consa­cré au dé­ve­lop­pe­ment éco­no­mique ! Notre prio­rité c’est l’em­ploi, non dé­lo­ca­li­sable et cli­mato-com­pa­tible. Les sub­ven­tions aux fonds de pen­sion qui sup­priment des em­plois, c’est ter­miné. Les aides de­vront ré­pondre à des clauses so­ciales et en­vi­ron­ne­men­tales pré­cises. Nous vou­lons fa­vo­ri­ser les em­plois de proxi­mité, so­cia­le­ment utiles, et non pré­caires. Nous se­rons éga­le­ment at­ten­tifs à l’éga­lité des ter­ri­toires. Certes, la grande ré­gion compte deux mé­tro­poles, qui re­pré­sentent 25 % de la po­pu­la­tion. Nous sommes fiers d’avoir deux mé­tro­poles, c’est une chance. Mais il faut of­frir à tous les bas­sins de vie de vrais ser­vices pu­blics, pour fa­vo­ri­ser l’im­plan­ta­tion des en­tre­prises. Il faut créer un bio­tope éco­no­mique fa­vo­rable dans tous les ter­ri­toires.

Quelle sera votre me­sure phare en fa­veur des en­tre­prises ?

Nous vou­lons créer un label d’« en­tre­prise en tran­si­tion ». Nos aides se­ront éco-condi­tion­nées, en fa­veur de l’éco­no­mie cir­cu­laire et des cir­cuits courts. Nous vou­lons aider les en­tre­prises ob­so­lètes à aller vers les tech­no­lo­gies du futur.

Faut-il har­mo­ni­ser les dis­po­si­tifs de sou­tien à l’éco­no­mie des deux ré­gions ac­tuelles, et à quelle échéance ?

Oui, et le plus tôt pos­sible. Ça fait 18 mois qu’on sait que les deux Ré­gions ont vo­ca­tion à tra­vailler en­semble, mais chaque ré­gion a tou­jours ses propres dis­po­si­tifs. Nous al­lons vivre le 1er jan­vier un grand mo­ment de poé­sie po­li­tique ! On va nous de­man­der de réa­li­ser en quelques mois ce qu’on n’a pas fait en deux ans. Une en­tre­prise qui fonc­tion­ne­rait de cette façon au­rait dé­posé le bilan de­puis long­temps... Il fau­drait har­mo­ni­ser ces dis­po­si­tifs pour 2017 au plus tard. Je me suis battu en Midi-Py­ré­nées pour mettre en place le sys­tème des avances rem­bour­sables, et j’ai­me­rais qu’ils soit gé­né­ra­lisé. Le LR a mis en place le fonds Je­re­mie, et j’ai de­mandé que la Ré­gion MP s’ap­puie sur ce dis­po­si­tif.

La fu­ture ré­gion doit-elle fi­nan­cer et gérer en di­rect des parcs ré­gio­naux d’ac­ti­vi­tés éco­no­miques ?

Il faut éta­blir un vrai bilan des PRAE mis en place en LR, et har­mo­ni­ser le dis­po­si­tif entre les deux ré­gions. Au­jour­d’hui, il n’y a pas une com­mu­nauté de com­munes qui ne rêve de créer sa zone d’ac­ti­vi­tés éco­no­miques. Mais il ne suf­fit pas d’avoir une bre­telle d’ac­cès à une au­to­route pour faire venir les en­tre­prises. Je ne suis pas cho­qué que la Ré­gion soit di­rec­te­ment im­pli­quée dans la créa­tion de parcs d’ac­ti­vi­tés, si c’est une façon de fa­vo­ri­ser une fi­lière. Mais ça ne fonc­tion­nera que dans une lo­gique de co­opé­ra­tion.

Faut-il har­mo­ni­ser les CPER des deux ré­gions, et à quelle échéance ?

C’est une faute po­li­tique d’avoir mis en place deux contrats de plan sé­pa­rés, alors qu’on sa­vait que les deux Ré­gions al­laient fu­sion­ner. Il fau­dra pro­fi­ter de la clause de re­voyure pour har­mo­ni­ser les deux contrats de plan dès 2017.

Faut-il gar­der la marque Sud de France et l’étendre à la grande ré­gion ?

Les deux pré­si­dents ont lancé leur propre marque, Sud de France d’un côté, Sud Ouest de l’autre. Sud de France, le terme per­met de se dé­fi­nir par rap­port à Paris, mais nous avons une autre am­bi­tion que d’être les ban­lieu­sards de Paris ! Qui a envie de vivre dans une ré­gion qui ne sait pas où elle ha­bite ? Il faut bap­ti­ser cette grande ré­gion Oc­ci­ta­nie ou Ca­ta­logne, ça a un sens pour les gens, c’est un nom fort mar­qué du sceau de l’au­then­ti­cité. Au lieu d’une marque qui dit tout et son contraire, la­bel­lise tout et ne porte pas grand chose.

Henri Frasque
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