Capacité de traitement des déchets : « Un manque significatif dans le Sud », selon Marie-Ange Debon (Suez)
Interviewée le 13 mars au Mipim à Cannes, Marie-Ange Debon, directrice générale France et directrice générale adjointe de Suez, observe « un manque de capacité significatif en matière de traitement des déchets dans le Sud de la France », dont l’Occitanie, alors que les Régions doivent élaborer des plans de prévention et de traitement des déchets avant cet été. « Il faut aller vers davantage de recyclage et de valorisation des déchets, mais la mutation est compliquée, analyse-t-elle. Financièrement, ce sont des solutions plus exigeantes. Le recyclage coûte beaucoup plus cher. Les régions sont plus ou moins dotées en centres de traitement des déchets. Les régions du Sud de la France ont des problématiques de capacités d’accueil, avec peu d’exutoires. Il faut éviter l’augmentation des dépôts sauvages, avec l’augmentation programmée de la taxe sur l’enfouissement. »
D’après sa dirigeante, Suez « peut conseiller un territoire pour la gestion des plans de déchets : tel déchet doit-il être transporté, sur quelle distance, et pour quel mode de traitement ? Nous avons une connaissance fine des déchets, avec une maîtrise des trois métiers : enfouissement, valorisation énergétique et recyclage ». L’enfouissement reste un mode important de traitement (30 % des déchets sont enfouis).
D’après Marie-Ange Debon, les régions du Sud, dont l’Occitanie, sont particulièrement impactées par les problématiques d’assainissement et de réutilisation des eaux usées, pour pallier le manque d’eau. « Avec la croissance démographique, et même si un effort est fourni pour réduction de fuites d’eau dans les réseaux, l’accès à l’eau va devenir de plus en plus prégnant, détaille-t-elle. L’assainissement est une problématique moins connue que l’eau potable, mais les enjeux sont très importants dans les ville du Sud ». Et de citer la solution mise en place dans le golf d’Agde (34). »
Le lot assainissement gagné pour 12 ans auprès de Toulouse Métropole est le résultat « de deux ans de combat », sourit-elle. Sur la durée de la DSP (12 ans, montant : 520 M€) : « Cinq ou sept ans n’aurait pas eu de sens. On ne peut pas amortir les investissements sur cette durée. Un contrat de 12 ans donne le temps d’investir. »
Que vient faire le groupe français de gestion de l’eau et des déchets sur un salon des professionnels de l’immobilier comme le Mipim ? « Il y a de plus en plus de sujets d’inclusivité et d’économie circulaire dans les projets immobiliers, précise Marie-Ange Debon. On le voit avec les Jeux Paris 2024, avec le Village olympique et paralympique par exemple. Nous essayons d’être des apporteurs de solutions pour les opérateurs immobiliers, en matière de traitement des déchets, de construction efficiente des bâtiments. » Et de rappeler le lancement, au Mipim 2018, de la solution digitale Batirim, permettant une déconstruction sélective des bâtiments.
Concernant la détection des fuites dans les réseaux d’eau et la prévention des inondations, Marie-Ange Debon met en avant la solution AquaAdvanced, « intégrant de l’intelligence artificielle pour prévoir les épisodes pluvio-orageux et optimiser la gestion des réseaux ». Suez a par ailleurs signé, mardi, un partenariat avec le Grand Moscou, en joint-venture avec un partenaire moscovite. L’accord porte sur le traitement des terres qui vont faire l’objet d’excavations dans le cadre de la réalisation de nouvelles lignes de métro.