Nicolas Pobeau, Recaero

19/05/2020

Présidée par Nicolas Pobeau, la société Recaero (siège à Verniolle), qui compte 710 salariés et a enregistré 52,5 M€ de CA en 2019, monte un dossier en vue d'obtenir un prêt garanti par l'Etat (PGE) de « 4 à 5 M€ », confie le dirigeant à La Lettre M. Spécialisée dans la rechange aéronautique, l'entreprise ariégeoise n'a pas interrompu son activité en France depuis le début de la crise du Covid-19, mais a été contrainte à une fermeture provisoire en Inde. « Notre rôle est celui d'urgentiste de l'aéronautique, explique Nicolas Pobeau. Nous devons donc répondre présent. » Depuis mi-mars, Recaero a enregistré une baisse d'activité de 35 %. « Et notre entrée de commande a été réduite de moitié », déplore le chef d'entreprise.

« Les gens revoleront »
Afin de poursuivre au mieux son activité, Recaero a mis en place des mesures de protection sanitaire de ses salariés, tandis que le télétravail était privilégié lorsque c'était possible. La société a par ailleurs placé environ 45 % ses effectifs français au chômage partiel. « Nous avons également réduit la voilure au niveau des intérimaires, en France comme en Inde », indique Nicolas Pobeau, qui précise que son objectif « est de tout faire pour maintenir l'effectif ». Le capitaine d'industrie prévoit cependant un redémarrage d'activité « probablement long ». « 2021 devrait être une année de convalescence et 2022 une année de réaccélération, avant que le secteur ne retrouve son niveau d'activité de 2019 en 2023 », anticipe-t-il. Recaero concentre aujourd'hui ses efforts sur le développement des marchés les moins impactés par la crise (hélicoptères, défense, spatial). Pour Nicolas Pobeau, « ce qui arrive à Airbus est terrible. C'est un choc très brutal. Il est probable que le groupe soit amené à réduire la voilure. Mais son carnet de commandes reste bien rempli. » Sur le fameux “monde d'après”, l'homme se veut résolument optimiste. « Les gens vont revoler, assure-t-il. On parle déjà de réamorcer les vols intérieurs en Europe dans les semaines à venir. Nous allons tous apprendre à vivre avec le virus et avec les contraintes qu'il implique. Voler sera sans doute plus compliqué qu'avant, mais ce sera possible. Et lorsqu'un vaccin sera trouvé, chacun reprendra ses habitudes. » En revanche, convient-il, il y aura eu entre-temps des dommages collatéraux importants au sein de la filière, notamment chez les sous-traitants de rangs 2 et 3. « Certaines sociétés, qui étaient déjà en souffrance avant la crise parce qu'il n'y avait pas de nouveaux programmes d'avions, ont de lourdes difficultés de trésorerie, constate-t-il. Il faut que nos gouvernants continuent à soutenir la filière, notamment en maintenant le dispositif du chômage partiel. » Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des finances, doit présenter d'ici au 1er juillet un vaste plan de soutien à l'aéronautique. 

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