La Lettre M

La formation dans le démantèlement nucléaire

Les faits: 

Lors de la 5e édition des Assises du démantèlement nucléaire (13 et 14/12/2017), plusieurs experts du nucléaire se réunissent sur le site stratégique de Marcoule (Bagnols-sur-Cèze – 30), où est notamment implanté le CEA (commissariat à l’énergie atomique). Au cœur des échanges, l’évolution nécessaire des formations et la difficulté à recruter.

L'analyse: 

« Il faut préparer les futures générations à relever les défis du démantèlement et de l’assainissement nucléaire », déclare Philippe Correa, directeur de l’INSTN*. Hervé Ridoux, directeur général de Nuvia France (Aix-en-Provence - 13) ajoute : « Le démantèlement nucléaire ne séduit pas, on lui préfère la maintenance ou la construction », des projets jugés plus gratifiants par les jeunes ingénieurs. « Il y a un décalage entre nos besoins et les formations, estime Laurence Sanguinetti, présidente du cluster gardois Cyclium. Il faudrait que, chaque année, les industriels aient accès aux programmes de formation . » Car le marché du démantèlement nucléaire est prometteur : d’ici à 2030, 220 Md€ sont à investir à l'échelle mondiale. À l’heure actuelle, une trentaine d’installations nucléaires de base sont à l’arrêt en France, en cours ou en attente de démantèlement. Les activités d’assainissement et démantèlement représentent environ 7 % de la valeur ajoutée de la filière nucléaire française, soit environ 800 M€ par an (rapport parlementaire Romagnan/Aubert, 2017). 
En Occitanie, le site de Marcoule est l’un des plus grands en Europe pour le démantèlement nucléaire, avec l’usine de retraitement UP1** (5 Md € sur environ 40 ans), l'atelier pilote de Marcoule (700 M€ sur 37 ans), le réacteur à neutrons rapides Phénix (de l'ordre d'1 Md € sur environ 30 ans)… « Ayant débuté, pour les premiers, à la fin des années 1990, ces chantiers devraient durer jusqu'à 2040. Ils mobilisent un millier de personnes sur tous les métiers de la chaîne du démantèlement », explique Philippe Correa. Au sein même du démantèlement nucléaire, certains métiers sont particulièrement en tension. C'est le cas notamment de la sûreté, de la radio-protection ou encore l'établissement des scénarios préalables aux opérations sur site. Conscients de ces besoins, plusieurs grands donneurs d’ordres (Areva, EDF…) ont décidé de former le groupe de travail ‘e-dem’. Un 1er comité de pilotage se tiendra en février pour répertorier les formations existantes sur le démantèlement nucléaire, dans l’optique de réfléchir à leur évolution. « Avec l’ISTN et l’Apave, nous travaillons sur un projet de chantier-école amiante et nucléaire destiné aux professionnels pour de la formation continue », explique Arnaud Céré. Une façon pour ces derniers de continuer à se former dans des situations réelles. Une réflexion sur la transition numérique est également entamée. « Le CEA a développé, sur le site de Marcoule, une salle immersive où sont reconstitués en 3D des sites nucléaires à démanteler. » Des sociétés l’utilisent actuellement mais des étudiants pourraient également s’y former. Un Campus des métiers et des qualifications consacré aux « process et technologies en milieux sensibles », et donc aux métiers du nucléaire, a été inauguré à Bagnols-sur-Cèze en juin dernier.
* Institut national des sciences et techniques nucléaires (siège à Saclay – 91, plusieurs antennes dont une à Marcoule).
** Usine d'extraction du plutonium (UP1 pour usine de plutonium n°1).

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