Jean-Claude Maillard, Figeac Aéro

22/12/2020

Le groupe aéronautique Figeac Aéro, fortement impacté par la crise, dévoile des résultats en chute libre pour le 1er semestre 2020-2021 (du 1er avril au 30 septembre). Le petit empire lotois, fondé et présidé par Jean-Claude Maillard, a enregistré au cours de la période un CA de 94,4 M€, en baisse de près de 58 %. Son Ebitda est porté à – 6,7 M€, contre 39 M€ lors du précédent semestre, et son résultat net s'établit à – 51,1 M€. « Nous sommes extrêmement touchés par la crise, car nous travaillons pour des sous-ensembliers, des équipementiers et des constructeurs aéronautiques, explique Jean-Claude Maillard. Mais depuis quelques semaines, des éléments positifs apparaissent. Nous avons touché le fond et nous remontons à la surface. Ce que l'on ne sait pas encore, c'est à quelle vitesse nous le ferons... »

 

Un PSE de 341 postes en France
Positionné sur les principaux programmes aéronautiques mondiaux, Figeac 
Aéro est une victime directe de la crise du secteur. « Actuellement, le trafic aérien repart à la hausse, analyse Jean-Claude Maillard. Mais il faudra laisser le temps aux compagnies aériennes d'épurer leurs dettes devenues abyssales. Ensuite, elles seront en mesure de commander à nouveau des avions, ce qui aura un impact sur les constructeurs, puis sur nous. Il est difficile, dans ce contexte, de donner une date de retour à la normale. » En attendant, le groupe lotois, qui a bénéficié d'un PGE de 80 M€ et d'un prêt Bpifrance de 15 M€, a pris un certain nombre de mesures destinées à passer la tempête. Tandis que, côté industriel, ses cadences de production sont drastiquement réduites, Figeac Aéro a initié un plan global d'optimisation permettant de générer 30 M€ d'économies. Il prévoit notamment la disparition de 742 postes à l'étranger (déjà effective) et la suppression programmée de 341 postes en France : 320 dans le Lot et 21 en Picardie. À Figeac, le PSE devrait prendre son plein effet mi-janvier 2021. Par ailleurs, le groupe a mené des opérations visant à réaliser des économies en termes d'achats tout en optimisant ses sites de production et son approvisionnement en matières premières.

 

Nouveaux clients et diversification
En parallèle, Figeac Aéro mise sur une politique commerciale dynamique. Depuis le début de la crise, le groupe a ainsi renouvelé 96 % de ses contrats, tout en signant avec de nouveaux clients, à l'image de Collins Aerospace (17 M$ en 2021, contrat global de 250 M$) et Rolls Royce (50 M$). D'autres opportunités, « notamment avec des clients nord-américains », devraient être concrétisées « dans les mois qui viennent ». Par ailleurs, Figeac Aéro entend bien poursuivre sa stratégie de diversification, principalement sur les marchés de la Défense et de l'énergie. Autre relais de croissance : les services. Dans ce cadre, le groupe va déployer des partenariats avec des acteurs industriels en Chine et en Arabie Saoudite visant à implanter des usines dans ces territoires. Jean-Claude Maillard, qui ne souhaite pas annoncer de chiffres prévisionnels pour 2021, se veut résolument optimiste. « Dans cinq ans, le groupe aura retrouvé son niveau de CA d'avant crise et un niveau de rentabilité équivalent », estime-t-il.

 

Vers une consolidation du secteur ?
Dans ce contexte, qu'en est-il des rumeurs de recomposition capitalistique du secteur, notamment en Occitanie, alors que certains analystes estiment que les ETI aéronautiques sont destinées à se rapprocher dans les années à venir ? À cette question, Jean-Claude Maillard – qui possède toujours 75 % du groupe Figeac Aéro - formule une réponse amusée. « J'ai bientôt 64 ans et pas d'enfant qui prendra ma suite. Ma durée de vie à Figeac Aéro est relativement limitée, disons entre un an et dix ans. Si c'est un an, cela signifie que je vais vendre mes parts. Et si c'est dix ans, cela veut dire que je serais impliqué dans la consolidation du marché. Mais pas en tant que leader, car nous n'avons pas les moyens de racheter des concurrents. Je le ferais en tant qu'acteur. Pour le moment, je n'ai que des discussions très générales avec ACE Management (fonds d'investissement aéronautique, NDLR). Mais la porte n'est pas fermée... » Présent dans six pays (France, États-Unis, Maroc, Mexique, Roumanie et Turquie), le groupe Figeac Aéro compte 14 usines et environ 4 000 salariés. Au 31 mars 2020, il avait enregistré un chiffre d’affaires annuel de 447 M€. Au 30 septembre 2020, il s'appuyait sur une trésorerie disponible de 104 M€, tandis que son niveau de dette nette s'établissait, lui, à 301 M€.

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