Questions à Pascal Lannette, président de Derichebourg Aeronautics Services.

Vous avez pris l’initiative de réunir les différents acteurs de la formation du secteur de l’aérospatial lors d’une table ronde pour débattre sur le thème : « secteur de l’aéronautique, enjeux et challenges de demain » ? Pour quelles raisons ?
L’idée était de dresser un état des lieux et de discuter ensemble des actions à mener pour relancer nos organismes de formation après la crise sanitaire. Tous les opérateurs de formation préparant aux métiers de l’aéronautique, l’Union des Industries des Métiers de la Métallurgie, la Région Occitanie, Pôle Emploi, les agences d’intérim ont répondu présent. Tous les participants ont trouvé légitime de se retrouver. Chacun a pu faire part de sa situation. Nous sommes tous à l’arrêt. Dans notre centre de formation, nous n’avons plus organisé de formations depuis le mois de mai. Faute de visibilité sur l’emploi dans la filière aéronautique, nous n’avions plus de candidat, plus de salon organisé pour les recruter. Nous avons perdu des compétences, des personnels qui ne pouvaient plus attendre que nos formations rouvrent. Nous n’avons pas de syndicat de métier pour nous appuyer auprès des institutions. Par le volontariat, nous voulons ensemble porter des actions.

Quel est votre objectif ?
La filière aéronautique est résiliente. Le secteur va retrouver un fort niveau de production en 2023-2024 notamment avec les nouvelles versions de l’A350 et de l’A330 Neo ainsi que la nouvelle chaîne d’assemblage A321 sur Toulouse (juillet 2022) annoncées par Airbus. Notre objectif est de relancer les formations au 4e trimestre. Mais il nous faut redonner envie aux candidats potentiels, que les acteurs de la formation professionnelle qui flèchent les candidats et financent les formations se rallient le plus tôt possible afin de pouvoir répondre à la demande. Il faut que la reprise soit maîtrisée, que nous regardions les besoins des centres de formations les plus fragiles, que nous mutualisions nos ressources.

Derichebourg Aeronautics Training dispose d’un catalogue de 40 formations. Quelles sont celles que vous souhaitez relancer en priorité ?
Les Certificats paritaires de qualification paritaire (CQPM), seul diplôme reconnu par les OEM et les autorités aériennes (Part 21). Dans notre centre de formation à Toulouse- Montaudran (31), nous disposons de tronçons A340, A320 et ATR ainsi que des ateliers et salles de cours pour former par exemple, des câbleurs et des ajusteurs monteurs, des mécaniciens, des techniciens cabine, des inspecteurs aéronautiques. Avec les autres organismes de formation, nous avons aussi identifié un besoin de formation plus rapide de remise à niveau des salariés ayant eu un long arrêt de travail suite au chômage partiel. Nous pourrions proposer à nouveau ce genre de produits.

Quelles sont les actions que vous avez identifié pour accompagner votre reprise d’activité lors de la table ronde ?
Nous devons par exemple communiquer sur la réouverture des cessions CQPM aéronautique au 4e trimestre. Nous prévoyons également de mettre en commun les plannings prévisionnels des opérateurs de formations pour assurer des cessions les plus complètes possible. Nous envisageons une mutualisation possible des ressources en se mettant à disponibilité du personnel. Nous devons recruter des formateurs car beaucoup se sont reconvertis. Nous allons réfléchir à mutualiser, également, les campagnes commerciales, à organiser des actions collectives envers tous les publics, et à échanger avec les prescripteurs et les financeurs de la formation professionnelle pour relancer la filière. Nous avons tous identifié le besoin de nous revoir régulièrement en tournant sur nos structures. Annie Brinet, directrice des centres de formation de Toulouse Métropole et département de l'Ariège chez AFPA a proposé de nous recevoir dans trois semaines. L’envie et l’expertise sont bien là, la formation aéronautique a encore de longues heures de vol devant elle.