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Languedoc-Roussillon
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Tourisme - Loisirs
| 21/07/2016

Plan Littoral 21 : les attentes des élus et des pros

Qu’at­tendent les élus, pro­fes­sion­nels du tou­risme et du bâ­ti­ment du Plan lit­to­ral 21, lancé le 1/7 par Ca­role Delga aux côtés du Pre­mier mi­nistre Ma­nuel Valls ? Ce plan pré­co­nise de mo­der­ni­ser les in­fra­struc­tures por­tuaires et tou­ris­tiques, faire mon­ter en gamme l’hé­ber­ge­ment, amé­na­ger la côte, va­lo­ri­ser le parc na­tu­rel marin et por­ter des in­no­va­tions dans ces dif­fé­rents do­maines. La mis­sion a été confiée aux ar­chi­tectes Chris­tian et Eli­za­beth de Port­zam­parc et à Lau­rence Tu­biana, né­go­cia­trice de l'ac­cord de Paris sur le cli­mat.

Sté­phan Ros­si­gnol, maire de La Grande-Motte et pré­sident de l’ag­glo­mé­ra­tion du Pays de l’Or
« Les stu­dios-ca­bines, ça ne passe plus au­près des tou­ristes »

« Georges Frêche avait confié la Mis­sion Ra­cine 2 à Ni­co­las Mi­che­lin, mais après son décès en 2010, ses suc­ces­seurs n’avaient pas re­pris ce pro­gramme. Ce que j’at­tends de cette nou­velle mis­sion ? Déjà, j’es­père que ça ne sera pas cette fois-ci un effet d’an­nonce. On peut es­pé­rer quelque chose. Une di­rec­tion de la mer a été créée par la Ré­gion. J’en at­tends beau­coup , étant le maire d’une sta­tion créée par la mis­sion Ra­cine.
La Grande-Motte aura 50 ans en 2018, ça vaut le coup de ré­flé­chir à son ave­nir. Les sta­tions créées dans le cadre de la mis­sion Ra­cine ont toutes vieilli, plus ou moins bien. Les mu­ni­ci­pa­li­tés sont res­tées sur les ac­quis. Ces villes ont été li­vrées à l’époque clés en main par une mis­sion d’Etat, tous les équi­pe­ments étaient neufs. Sauf qu’à un mo­ment donné, les ré­seaux (lu­mi­naires, eau, élec­tri­cité…), et tous en même temps, ont 40 ans. Ce vieillis­se­ment si­mul­tané de tous les élé­ments d’une ville est in­ha­bi­tuel. Les villes clas­siques se re­nou­vellent en fonc­tion des quar­tiers, au fur et à me­sure du vieillis­se­ment de ces der­niers.
Les im­meubles construits dans ces an­nées-là étaient dé­diés au loi­sir. Au ni­veau de l’in­so­no­ri­sa­tion, du chauf­fage, de l’iso­la­tion, les ap­par­te­ments n’étaient pas équi­pés pour y vivre l’an­née. Pas de double vi­trage, pas de chauf­fage adapté… ça né­ces­site des tra­vaux im­por­tants. A une époque, on a es­sayé des pro­grammes de ré­no­va­tion avec l’Etat, mais ils n’ont pas été sui­vis d’ef­fets. Les aides n’étaient pas suf­fi­santes, pas assez in­ci­ta­tives pour les pro­prié­taires, qui sont sou­vent des gens mo­destes.
J’alerte les pou­voirs pu­blics de­puis quelques an­nées, sur le né­ces­saire re­grou­pe­ment de stu­dios pour en faire des ap­par­te­ments. La dif­fi­culté, c’est que les an­nées passent, les équi­pe­ments et les bâ­ti­ments vieillissent, alors que les tou­ristes sont de plus en plus exi­geants. Les stu­dios ca­bines ne passent plus. Il y a une cer­taine ur­gence. On est en concur­rence avec l’Es­pagne, qui va faire une sai­son re­cord (d’au­tant plus après l’at­ten­tat de Nice, pos­té­rieur à cet en­tre­tien, NDLR). On peut ré­no­ver nos équi­pe­ments pu­blics, mais en ce qui concerne le privé, on peut pas in­ter­ve­nir, et c’est là que l’État, la Ré­gion et les Dé­par­te­ments peuvent mettre en place une po­li­tique de re­dy­na­mi­sa­tion et de mo­der­ni­sa­tion des sta­tions. Nos sta­tions ac­cueillent cha­cune en­vi­ron 100.000 ha­bi­tants l’été. La Grande-Motte, c’est en­vi­ron 2 M de nui­tées par an, 9.000 ha­bi­tants à l’an­née.
9.000 stu­dios à La Grande-Motte, ce n’est plus adapté à la de­mande de la clien­tèle, qui veut des T2 et des T3. Les at­tentes des fa­milles ont évo­lué. L’État et la Ré­gion doivent aussi ac­com­pa­gner les villes dans leur mo­der­ni­sa­tion, les ex­ten­sions de port, le dé­ve­lop­pe­ment des ac­ti­vi­tés nau­tiques et des ca­ta­ma­rans (Ca­tana à Saint-Cy­prien et Ou­tre­mer à La Grande-Motte). Le nau­tisme, c’est des mil­liers d’em­plois dans la ré­gion. Il ne faut pas le lais­ser aux Bre­tons et à la côte at­lan­tique. Ce sec­teur peut se dé­ve­lop­per. »

Pierre Ay­la­gas, pré­sident de la com­mu­nauté de com­munes des Al­bères et de la Côte Ver­meille (ex-maire d'Ar­ge­lès, Py­ré­nées-Orien­tales) : « Du très haut débit pour le tou­risme »

« Le plan pour­rait nous aider à in­ter­ve­nir sur la digue nord du port d'Ar­ge­lès, la plage du Racou et la par­tie nord du port ainsi que sur le trait de côte. Enfin, il nous faut amé­lio­rer le port à sec pour li­bé­rer des an­neaux, tra­vailler sur le sen­tier du lit­to­ral,... Mal­gré les aides, il y a plus de 10 M€ de tra­vaux, un coût dif­fi­cile à as­su­mer. Par ailleurs, la zone lit­to­rale ne peut se pas­ser d'ac­cès au très haut débit, in­dis­pen­sable pour les tou­ris­tiques, les hé­ber­geurs, les ac­ti­vi­tés,... »

Jean-Guy Amat, cam­ping 4* Le Sé­ri­gnan-Plage (Hé­rault)
« Tout pro­jet d’in­ves­tis­se­ment sur le lit­to­ral est com­pli­qué et dé­cou­ra­geant »

« Les in­fra­struc­tures tou­ris­tiques sont vieillis­santes mais au ni­veau eu­ro­péen, elles ont été amé­lio­rées. L’Es­pagne et l’Ita­lie ont revu les in­fra­struc­tures rou­tières no­tam­ment. Au­jour­d’hui, la France est très à la traîne. Voi­ries, aé­ro­ports : nos voi­sins ont tout ce qu’il faut, pour ac­cueillir une clien­tèle plus for­tu­née. »

Sur le repli stra­té­gique et le ni­veau de la mer

« D’un côté, il y a la di­rec­tion du dé­ve­lop­pe­ment éco­no­mique qui sou­haite faire du tou­risme un le­vier de crois­sance et de l’autre, une di­rec­tion de l’en­vi­ron­ne­ment qui veut pro­té­ger les sites na­tu­rels -ce qui est bien - et prendre en compte la ques­tion de l’élé­va­tion du ni­veau de la mer. Tout pro­jet d’in­ves­tis­se­ment sur le lit­to­ral est au­jour­d’hui com­pli­qué et dé­cou­ra­geant. Plu­tôt que d’in­ter­dire, il fau­drait adap­ter ces in­fra­struc­tures tou­ris­tiques au futur ni­veau de la mer. L’évo­lu­tion des ha­bi­tudes de consom­ma­tion et du cli­mat doivent faire émer­ger un droit nou­veau pour per­mettre des ac­ti­vi­tés avec des échéances. Il faut une ré­gle­men­ta­tion in­no­vante, or, l’État ne sait pas fonc­tion­ner avec des ré­gle­men­ta­tions qui doivent pou­voir s’adap­ter au chan­ge­ment. »

Ber­nard Fran­çois, pré­sident de la Capeb 34
« Prendre en compte les pro­blé­ma­tiques cli­ma­tiques »

« Le plan Lit­to­ral 21 semble in­té­res­sant, à condi­tion que les ré­no­va­tions ou construc­tions se fassent en te­nant compte des pro­blé­ma­tiques cli­ma­tiques de la ré­gion (fortes cha­leurs d’été). Par exemple, la plu­part des stu­dios de La Grande-Motte ne sont pas iso­lés (ou mal iso­lés), donc les tou­ristes uti­lisent énor­mé­ment la cli­ma­ti­sa­tion, ce qui n’est pas éco­lo­gique. »

Thierry Du­cros, FFB 34
« Mettre en place une dé­duc­tion fis­cale pour boos­ter la ré­no­va­tion des ré­si­dences se­con­daires »

« J’at­tends beau­coup de ce plan Lit­to­ral 21. Il y a une concen­tra­tion im­por­tante de ré­si­dences se­con­daires sur ce lit­to­ral, entre La Grande-Motte et Bé­ziers. Il faut lan­cer des aides fis­cales aux éco­no­mies d’éner­gies. J’ai lancé au­près du dé­puté de l’Hé­rault Chris­tian Assaf l’idée d’un élar­gis­se­ment de dé­duc­tions fis­cales pour les ré­no­va­tions de ré­si­dences se­con­daires, ce qui re­lan­ce­rait la fi­lière des tra­vaux liés aux éco­no­mies d’éner­gie. Les ré­si­dences se­con­daires de bord de mer sont en­core équi­pées de me­nui­se­rie avec du vi­trage simple… Cli­ma­ti­ser des ap­par­te­ments qui ont des vi­trages simples, c’est ubuesque. Cette dé­duc­tion fis­cale don­ne­rait un coup de fouet ra­pide à la fi­lière. Et tous ces tra­vaux de ré­no­va­tion - me­nui­se­ries ex­té­rieures, iso­la­tion par l’ex­té­rieur, rem­pla­ce­ment de chauf­fage… - ne né­ces­sitent pas d’études. »

Hu­bert Via­latte, Nelly Barbé, Vé­ro­nique Coll
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