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| 28/09/2016

Masters de La Lettre M : les propositions d'Alain Juppé aux PME

À deux mois jour pour jour du 2ème tour de la primaire de la droite et du centre, Alain Juppé, maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole, a dévoilé des parties de son programme économique, et est revenu sur son ancrage girondin, mardi soir au Corum de Montpellier, devant 1.500 décideurs, à l'occasion des Masters de La Lettre M. 
Morceaux choisis de cet entretien réalisé par Alexandre Léoty, journaliste au bureau de Toulouse de La Lettre M, et animateur de cette soirée.

La transition numérique. Alain Juppé est le premier politique français à avoir créé et alimenté son blog, en 2004. 
« J'ai visité le Business Innovation Center de Montpellier Métropole : c'est un coup d’air frais, d’optimisme, d’oxygène, dans un climat général porté à la morosité et au déclinisme. J'ai vu des créateurs d’entreprises qui en veulent, qui ont des idées, qui se développent à l’international, avec une structure qui les accompagne. »
La révolution numérique va concerner tous les champs d'activité, rappelle Alain Juppé : « e-commerce, e-santé, e-démocratie, ça va aussi changer la façon de produire et de consommer. L'économie du partage se développe. Les impacts se voient aussi dans les modes du travail. Il faut accueillir cette transformation avec confiance, car les progrès apportés seront considérables. » Mais il faut veiller aux « conséquences sur le marché du travail, avec des emplois créés et d'autres supprimés. Par ailleurs, nous devons rester maîtres de ces technologies, et ne pas en devenir les esclaves. »
Le financement de l’amorçage (collaboratif, fonds régionaux) ne pose pas de difficultés. Mais on manque en France de fonds d’investissement, pour des sociétés qui doivent lever des dizaines de millions d'euros pour se développer. L’argent des Français est à Genève et Londres (sic), là est le problème. Je suis pour une suppression de l’ISF, qui contribue à la fuite des capitaux. »

Le rôle de l’Etat. Alain Juppé prône un État « facilitateur, pas un État acteur se substituant aux entreprise. Je propose un triptyque visibilité (quinquennat fiscal), liberté (simplification du code du travail, seule une toute petite étape venant d'être franchie avec la loi Travail), responsabilité (dialogue social) ». Le maire de Bordeaux insiste sur le « bien-être au travail » et entend « promouvoir l'actionnariat salarié ». 

Réforme territoriale. « Ce n'est pas la réforme que j’aurai faite. C'est une réforme cafouilleuse, improvisée. L'enjeu majeur, c'était le mille-feuille (administratif, NDLR). On avait engagé un rapprochement progressif entre les Régions et les Départements avant 2012. Alors, Occitanie, super, Nouvelle Aquitaine, super... Mais on n’a rien simplifié et rien économisé. Doit-on repartir à zéro ? J’écoute beaucoup les maires, qui sont le plus grand réseau de travailleurs sociaux bénévoles de France. Ils disent : 'laissez-nous tranquilles quelque temps'. »

Qu’est-ce qui a fait décoller Bordeaux ?
« On dit que je suis trop réservé... Ce soir, je me lâche, alors je réponds : moi ! (applaudissements dans la salle). En 1995, Bordeaux était complexé par rapport à Toulouse. Je me suis lancé dans un projet urbain, en dotant la ville d’un mode de transport qui permette de rassembler les deux parties de l’agglomération, situées de part et d'autre de la Garonne, avec un tramway qui franchit le fleuve. Les bords du fleuve ont été mis en valeur : piétonnisation et transformation des quais. Les Bordelais ont retrouvé le moral, la métropole jouit d'une attractivité, beaucoup de nouveaux quartiers sont créés. Nous attirons des cadres franciliens, et le phénomène va s'amplifier avec la mise en service de la LGV Tours-Bordeaux, cet été. Dans les métropoles qui comptent, il y a bien sûr Montpellier, mais d’abord Bordeaux. J’ai d'ailleurs parfois envie de mettre un panneau à l'entrée de Bordeaux : « Attention, on est complets » : car la croissance démographique, c'est aussi des écoles à construire, des besoins en infrastructures, équipements, logements… »

Viticulture. « Il n'y avait, à mon arrivée à la mairie (1995) aucun lieu à Bordeaux où le touriste pouvait connaître et fêter le vin. J'ai créé « Bordeaux fête le vin », qui affiche 500.000 visiteurs chaque année. La Cité du Vin a déjà attiré 150 000 visiteurs depuis fin mai. C'est la cité de tous les vins du monde, dont les vins du Languedoc (avec humour, il se tourne vers Jean-Claude Mas, qui venait d'affirmer que les vins du Languedoc étaient les meilleurs du monde). Le vin, c'est une culture, une tradition, des paysages, des valeurs, une passion. La Cité du vin comprend un parcours pour les scolaires. Il faut développer une culture de la dégustation, de l'art, du plaisir et de la modération . Former les jeunes à ça est un bon moyen pour lutter contre la suralcoolisation. »

Quelques mesures pour les PME : la baisse de charges sur les emplois peu qualifiés, « car c’est là que se trouvent les gisements d’emploi ». Alain Juppé préconise une hausse de la TVA, « un impôt impopulaire mais intelligent », ainsi qu'une baisse des impôts sur les sociétés - « 30 % et 24 % pour les PME ». Le maire de Bordeaux veut supprimer les seuils dans les entreprises. « Beaucoup d’entreprises ont 49 salariés », relève-t-il. 

Alain Juppé a repris, pour sa conclusion, les propos de Philippe Giuliani, enseignant à Montpellier Business School spécialisé dans l'innovation managériale : « Il faut aussi transférer l’innovation managériale du secteur privé vers le secteur public. »

Hubert Vialatte / vialatte@lalettrem.net
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