Au cœur de la saga Sigfox (Les Echos)
Ce mercredi, le quotidien économique et financier consacre une pleine page sur la success story du toulousain Sigfox, dans une enquête intitulée « Sigfox, la course de vitesse d’une pépite française ». Développeur d’une technologie exploitant les réseaux très bas débit pour mettre en lien les différents objets connectés, la start-up « s’est donnée les moyens de ses ambitions en plaçant Anne Lauvergeon, l’ex-patronne d’Areva, à la tête de son conseil d’administration et en levant 100 millions d’euros au printemps ». Son ambition : « construire à la barbe des opérateurs télécoms un réseau bas débit connectant les objets du monde entier ».
« Demain, tout sera connecté : les chaussures, les ampoules, les chaises… », énumère le cofondateur, Ludovic Le Moan. L’entrepreneur « est aux antipodes de sa très médiatique présidente. Face à cette surdiplômée (Normale Sup, agrégation de physique et Corps des mines), Ludovic Le Moan est un patron gouailleur, d’abord passé par un CAP de tourneur avant de devenir ingénieur. » Sigfox attire car « il s’est attaqué à une forteresse : celle des télécoms. Obsédés par l’idée d’accroître sans cesse les débits, les opérateurs ne se sont jamais intéressés aux objets connectés. Résultat, les réseaux actuels ne sont pas adaptés à la transmission de petits paquets de données. Les prix sont trop onéreux et la consommation d’énergie trop importante. Sigfox, lui, a développé une technologie radio exploitant les réseaux très bas débit. A la différence d’un smartphone, la puce Sigfox insérée dans l’objet ne se réveille que pour communiquer et dispose ainsi d’une autonomie de plusieurs années. » Avec huit pays couverts, Sigfox a pris de l’avance, selon Les Echos.
Face à Sigfox, les opérateurs télécoms traditionnels, menés par Bouygues Telecom, tentent de monter leur propre réseau, Lora, technologie concurrente, elle aussi créée par une start-up française, rachetée par le fabricant de puces américain Semtech. A la différence de Sigfox, Semtech se contente de fournir la technologie, charge ensuite à l’opérateur de développer son réseau comme il l’entend.
« Entre Sigfox et Lora, une course de vitesse a commencé. Les deux prétendants le savent : à la fin, il n’y aura qu’un seul vainqueur », analyse notre consoeur Sandrine Cassini. « Il faut que l’on soit premier. Si l’on arrive deuxième, c’est mort », reconnaît Ludovic Le Moan, qui ne passe plus que quelques jours par semaine à Toulouse, et « court le monde pour séduire les grands partenaires industriels ». Sigfox « mise sur l’inertie des opérateurs télécoms, lourds à bouger », concluent Les Echos.