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Région Occitanie
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Agri - Agro
| 26/11/2019

L'agroalimentaire : premier employeur, premier recruteur

Avec une pré­vi­sion de 7 590 re­cru­te­ments au cours de l’an­née 2019, l’in­dus­trie agroa­li­men­taire ré­gio­nale est le pre­mier re­cru­teur de la ré­gion et le pre­mier em­ployeur avec 45 800 sa­la­riés. À l’oc­ca­sion de l’as­sem­blée gé­né­rale de l’As­so­cia­tion ré­gio­nale des en­tre­prises ali­men­taires (Area, 300 adhé­rents), un amer et ré­cur­rent constat est dressé. « Une tren­taine de places en ap­pren­tis­sage n’ont pas été pour­vues faute de can­di­dats », ré­sume Guillaume Ra­verdy, di­rec­teur de l’Ins­ti­tut de for­ma­tion de l’in­dus­trie agroa­li­men­taire (Ifria) Oc­ci­ta­nie, éta­blis­se­ment pro­po­sant des for­ma­tions al­lant du CAP au Bac + 5 (360 ap­pren­tis en 2019). Loin d’être un cas isolé, ce té­moi­gnage re­flète les dif­fi­cul­tés à re­cru­ter de l’en­semble du sec­teur. Cette année, 46,7 % des em­bauches en­vi­sa­gées étaient ju­gées dif­fi­ciles à réa­li­ser, un chiffre en pro­gres­sion de plus de 10 % par rap­port à 2017.

Marque em­ployeur
Pour en­di­guer ce phé­no­mène, la fi­lière agroa­li­men­taire s’amé­liore en ma­tière de com­mu­ni­ca­tion. Déjà mo­bi­li­sée en 2018 avec la mise en place de ses Am­bas­sa­deurs – 55 per­sonnes char­gées de prê­cher la bonne pa­role en fa­veur de leur mé­tier -, l’Area pré­sente cette année la marque em­ployeur de la fi­lière : « Avec l’agroa­li­men­taire, nour­ris­sons notre ave­nir. » Dès le mois de dé­cembre, et dans chaque dé­par­te­ment, des pro­fes­seurs, des re­pré­sen­tants de Pôle em­ploi et des Mis­sions lo­cales vont être in­vi­tés à vi­si­ter des en­tre­prises agroa­li­men­taires afin qu’ils se rendent compte de la réa­lité des mé­tiers. « Les pres­crip­teurs ne savent pas eux-mêmes ce que re­pré­sente l’agroa­li­men­taire, confirme le di­rec­teur de l’Ifria. Ils l’as­si­milent soit à de l’agri­cul­ture, soit à de la dis­tri­bu­tion. » Té­moi­gnages par vidéo, pré­sence ap­puyée sur les ré­seaux so­ciaux, tous les ca­naux de com­mu­ni­ca­tion vont être ac­tion­nés.

Postes de pro­duc­tion
« Les postes les plus dif­fi­ciles à pour­voir sont ceux de la pro­duc­tion », in­dique Di­dier Bar­ral, fon­da­teur de la Com­pa­gnie des des­serts (Aude) et pré­sident jus­qu’au 6 dé­cembre de l’Area (Pierre Me­liet lui suc­cè­dera). Conve­nant que les pro­fes­sion­nels doivent aussi s'amé­lio­rer en fai­sant en­trer la Res­pon­sa­bi­lité so­cié­tale des en­tre­prises (RSE) dans leurs éta­blis­se­ments, le pré­sident de l'Area dé­nonce mal­gré tout le manque de co­opé­ra­tion du corps en­sei­gnant de l’Édu­ca­tion na­tio­nale : « Les pro­fes­seurs en sont en­core à dire que les mé­tiers de l’agroa­li­men­taire sont tout juste bons pour les ratés de l’école… Alors que, au contraire, un poste de chef de ligne de pro­duc­tion exige une grande tech­ni­cité et un fin sens du ma­na­ge­ment… » San­dra Bour­rel, res­pon­sable for­ma­tion et RH du groupe co­opé­ra­tif agri­cole au­dois Ar­ter­ris (2 200 sa­la­riés, CA de plus d’1 Md €, Cas­tel­nau­dary) abonde : « Les a priori res­tent fort vis-à-vis de ces mé­tiers, per­çus comme dif­fi­ciles et peu at­trac­tifs, avec des sites de pro­duc­tion im­plan­tés dans des sec­teurs ru­raux. Nous sommes confron­tés à des dif­fi­cul­tés de re­cru­te­ment ré­cur­rentes avec 40 à 60 offres d’em­plois non pour­vues au sein de notre site, prin­ci­pa­le­ment dans la pro­duc­tion ani­male et les mé­tiers trans­verses comme la lo­gis­tique. »

Nelly Barbé, avec Ide­lette Fritsch