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Hérault
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Immobilier
| 22/10/2019

Les défis de la Smart city : l’humain, les usages et la gestion des données

« Smart city : mythe ou réa­lité ? », tel est le thème évo­qué lors du Petit Déj Im­mo­bi­lier de La Lettre M, le 22 oc­tobre au Ga­zette Café à Mont­pel­lier. Cinq ex­perts : Élo­die Nour­ri­gat, ar­chi­tecte, pré­si­dente de l’AMO Oc­ci­ta­nie ; Gilles N’Goala, pro­fes­seur des uni­ver­si­tés à Mont­pel­lier Ma­na­ge­ment (UM), co-ti­tu­laire de la chaire in­ter­na­tio­nale sur les usages et pra­tiques de la ville in­tel­li­gente ; Chris­tophe Pérez, DG de la Serm/SA3M ; Cy­rille Del­bos, di­rec­teur du bu­reau d’études BET Delta ; et Hé­lène Rous­sel, co­or­di­na­trice de la Cité in­tel­li­gente Mont­pel­lier Mé­di­ter­ra­née Mé­tro­pole. Par­te­naire de l’évé­ne­ment : Cé­dric Le­beau, di­rec­teur de l’agence Les Vil­lé­giales à Mont­pel­lier qui va réa­li­ser une opé­ra­tion de 140 lo­ge­ments en co-pro­mo­tion avec Cré­dit Agri­cole Im­mo­bi­lier sur la Zac Eu­réka (amé­na­geur : Serm) où la no­tion de smart city est très pré­sente.

Le Google du quar­tier
Pour Chris­tophe Pérez, DG de la Serm-SA3M qui in­ter­vient comme amé­na­geur, « la smart city est une énorme ré­vo­lu­tion qui place l’hu­main au cœur de la ville. On parle de « ville ai­mable » ca­pable de pro­po­ser des ser­vices pour amé­lio­rer les condi­tions de vie aux ha­bi­tants et gé­né­rer du lien so­cial. Avec la pla­te­forme « serm.​cité », nous avons créé le Google du quar­tier, en marge des Gafa. Elle pro­pose un bou­quet de ser­vices de proxi­mité : foi­son­ne­ment des par­kings, concier­ge­rie 2.0, vente de pro­duc­tions agri­coles lo­cales en cir­cuit court... Pour nous ac­com­pa­gner, nous nous ap­puyons sur des start-up lo­cales comme Idea­lys ou Ama­place. »

L'ob­so­les­cence des tech­no­lo­gies
Alors que 50 % des pro­mo­teurs veulent gé­né­rer des pro­duits liés à la smart home, leurs at­tentes et leurs ques­tions sont nom­breuses. « En tant que maître d’ou­vrage, nous sommes confron­tés à la ges­tion de l’ali­men­ta­tion élec­trique dans nos im­meubles avec des in­ves­tis­se­ments lourds à la clé pour ré­pondre aux be­soins des tech­no­lo­gies di­gi­tales. L’ob­so­les­cence de la tech­no­lo­gie n’est-elle pas un frein à la smart city ? », s'in­ter­roge Alain Pen­chi­nat, di­ri­geant du groupe Les Vil­lé­giales. « Com­ment in­té­grer une tech­no­lo­gie qui sera sans doute ob­so­lète dans 50 ans ? Ne vaut-il pas mieux se po­si­tion­ner sur l’in­di­vidu ? », ajoute Cé­dric Le­beau. « Il faut de l’hu­mi­lité car on construit pour au moins 100 ans. Ar­chi­tectes, amé­na­geurs, pro­mo­teurs ont l’obli­ga­tion de prendre de la hau­teur et d’an­ti­ci­per car la tech­nique doit être au ser­vice des dé­sirs d’ha­bi­ter », ré­pond Chris­tophe Pérez. L'ar­chi­tecte Élo­die Nour­ri­gat ap­pelle à la vi­gi­lance crai­gnant de voir ap­pa­raître la « ge­ne­ra­tive ar­chi­tec­ture » (mo­dé­li­sa­tion ar­chi­tec­tu­rale). En­sei­gnante à l'école d'ar­chi­tec­ture de Mont­pel­lier, elle tra­vaille avec ses étu­diants en Mas­ter sur la ville de Sin­ga­pour qui est cri­blée de cap­teurs pour nu­mé­ri­ser les usages cela per­met de tra­vailler sur des si­mu­la­tions d'im­plan­ta­tion de bâ­ti­ments en fonc­tion du vent, de la cha­leur,...

Les usages et la ges­tion des don­nées
Ces ques­tion­ne­ments ra­mènent à la place de l’hu­main dans la smart city, aux usages des tech­no­lo­gies et in fine à la ges­tion des don­nées. « La smart city était au dé­part un concept mar­ke­ting. Au­jour­d’hui, on parle da­van­tage de ville ai­mable, bien­veillante. L’im­por­tant est d'al­ler vers l'usa­ger et de par­ler de l'adop­tion de la tech­no­lo­gie », sou­ligne Gilles N'Goala. À Mont­pel­lier, une ex­pé­ri­men­ta­tion bap­ti­sée HUT (human at home) est menée à tra­vers un ap­par­te­ment connecté doté de cap­teurs pour tes­ter les ha­bi­tudes des oc­cu­pants et les usages. Elle joue sur l’in­ter­dis­ci­pli­na­rité en mo­bi­li­sant le pro­mo­teur Nexity, le CNRS, les uni­ver­si­tés de Mont­pel­lier et Paul Va­léry, 14 uni­tés de re­cherche, la Ré­gion, l’Eu­rope, Ene­dis, les col­lec­ti­vi­tés dont la Mé­tro­pole de Mont­pel­lier. « Le lo­ge­ment est la pre­mière brique de la cité de de­main, sou­ligne Malo De­pincé, uni­ver­si­taire en charge de ce pro­jet. Cette ex­pé­ri­men­ta­tion entre dans sa phase 2 avec les in­ter­faces homme/ma­chine ». La smart city re­quiert des équi­pe­ments dé­diés et une ges­tion des don­nées gé­né­rées par les ap­pli­ca­tions di­gi­tales. « L’in­té­gra­tion des équi­pe­ments dès la concep­tion des lo­ge­ments et leur in­ter­opé­ra­bi­lité sont né­ces­saires. Pour cela, nous tra­vaillons sur le label R2S qui sera bien­tôt pré­senté à Mont­pel­lier », an­nonce Cy­rille Del­bos. « Nous tra­vaillons sur un ob­ser­va­toire in­tel­li­gent et struc­tu­rer les don­nées afin de dé­ve­lop­per de nou­veaux ser­vices », com­plète Hé­lène Rous­sel, co­or­di­na­trice Cité in­tel­li­gente.

Vé­ro­nique Coll / coll@​lalettrem.​net