Comment la viticulture régionale répond à la forte demande en vin bio
Dur constat pour les professionnels viticoles d’Occitanie, première région française productrice de vin bio : les volumes produits (800 000 hl en 2018) ne suffisent pas à répondre à toute la demande. Pour y remédier, des professionnels misent sur le potentiel des vins « en cours de conversion vers l’agriculture biologique », sous label Cab. 100% occitan, il a été lancé en juillet dernier à Montpellier. Des metteurs en marché sont prêts à valoriser des vins en 2e et 3e année de conversion. L’objectif : aider les vignerons à atténuer les efforts financiers consentis pour trois années de conversion. Jean-Luc Andrieu, directeur de la cave coopérative gardoise Le Vignoble de la Voie d’Héraclès (70 000 hl à 80 % bio), annonce que l’Audois Gérard Bertrand, partenaire historique, « va prendre cette année 3 100 hl en Cab. » La distribution spécialisée, « comme Biocoop ou la Vie Claire, est enthousiaste à propos de ce label », confirme le négociant en vin bio Jacques Frelin (3,4 M de cols par an, Montpellier), également vice-président de l’association interprofessionnelle SudVinBio. « C’est un élément de réponse à cette demande en vin bio », poursuit Jacques Frelin qui décide aussi d’élargir sa gamme vers d’autres régions viticoles, comme la Loire. A contrario, certains acteurs, à l’instar de Plaimont producteurs dans le Gers, se montrent plus sceptiques à l’égard du label Cab : « il est difficile à exploiter commercialement. Il y aura toujours une incertitude chez le consommateur, estime Yannick Flamant, responsable commercial. On est bio ou on ne l’est pas ».
Du vin bio arrive. En 2013, les taux de conversion des vignobles vers le bio étaient tombés à 7 %, participant ainsi au goulot d’étranglement en termes de demande. En 2017, les conversions repartent, avec +14% par an attendu d’ici à 2022. « Si ces chiffres se confirment, la région Occitanie, qui a un potentiel de production à ce jour de 1 Mhl de vins bio, aura en 2022 un potentiel de 1,7 Mhl », calcule Jacques Frelin. L’espoir est de mise et tout le monde s’y met. « Le bio représente à ce jour 3 à 4 % de notre production, indique Yannick Flamant de Plaimont Producteurs, l’objectif est d’atteindre 15 % d’ici à 2025. » Dans l’Aude, les Vignobles Foncalieu comptent 36 ha aujourd’hui en bio, « et 128 ha d’ici 1 à 2 ans avec la conversion de certains de nos adhérents », indique Stéphane May, responsable commercial France pour le CHR. A ce jour, 25 % des 800 ha de vignoble des domaines Paul Mas sont bio. Le dirigeant Jean-Claude Mas souhaite passer à 100 % d’ici à 5 ans. Cinq des huit propriétés des Vignobles Jeanjean (9 M€ de CA en 2018, groupe Advini) sont bio, soit 2 M des bouteilles. Les trois domaines restants auront achevé leur conversion vers le bio en 2021.
A l'avenir, des solutions techniques restent à trouver pour réduire la consommation de cuivre. La réglementation européenne abaisse son utilisation de 6 kg par an et par hectare à 4 kg. Reste aussi à traiter les enjeux de la transmission des exploitations : « la pyramide des âges ne nous est pas favorable, confirme Patrick Guiraud, président de l’association interprofessionnelle SudVinBio, il faut créer de nouveaux outils pour favoriser l’installation des nouveaux vignerons. »