Le poids de la filière aéro
Jean-Philippe Grouthier, directeur régional de l’Insee en LRMP et Agnès Paillard, présidente du pôle de compétitivité Aerospace Valley, présentent le 4 à Toulouse les chiffres clés de la filière aéronautique et spatiale dans le Grand Sud-Ouest (Midi-Pyrénées et Aquitaine). La filière regroupe 1 050 entreprises et emploie près de 125 000 salariés fin 2014. En 2014, 3 200 emplois salariés ont été créés dans la filière, dont près de 2 800 dans la chaîne d’approvisionnement.
Le rythme d’embauches ralentit légèrement (+ 3,5 % en 2014, après + 3,7 % en 2015), en raison d’un moindre dynamisme chez les constructeurs, maîtres d’œuvre et motoristes. 3 000 embauches devraient avoir lieu en 2015, d’après l’Insee (chiffres qui restent à consolider). « Les difficultés de recrutement de personnels qualifiés persistent dans le domaine technique aérospatial », indique Jean-Philippe Grouthier.
L’emploi est très concentré dans quelques grandes unités : 94 entreprises de 250 salariés ou plus, soit 9 % des entreprises de la filière dans le Grand Sud-Ouest, concentrent les trois quarts des salariés. La zone d’emploi de Toulouse concentre à elle seule près des deux tiers (61 %) des salariés de la filière.
Le CA lié aux commandes des constructeurs de la chaîne d’approvisionnement (« supply chain ») progresse encore de 4,1 % en 2014, et dépasse les 11 Md€. Le ralentissement de la croissance, amorcé en 2013 (+ 7,2 %, après + 12 % en 2012) s’amplifie et s’observe sur l’ensemble des deux anciennes régions MP et Aquitaine. Néanmoins, « il est urgent d’investir pour augmenter l’appareil de production, souligne Jean-Philippe Grouthier. Le taux d’utilisation des capacités de production repart à la hausse, à 90 %. Il y a un risque de sous-capacité, et de ne pas pouvoir fournir les clients ».
D’après Agnès Paillard, « les cadences de production sont telles que le moindre retard génère des désordres sur l’ensemble de la chaîne. La filière a fait des efforts, avec le déploiement du lean management au niveau national. La performance intrinsèque des entreprises s’améliore. » Jean-Philippe Grouthier rappelle que les fournisseurs du secteur « ne sont pas interchangeables du jour au lendemain, contrairement à d’autres secteurs comme la grande distribution ». Mais vu le poids des commandes, « il peut être intéressant de répartir la charge entre différents fournisseurs. C’est une chance pour certains fournisseurs, qui vont pouvoir se positionner, et pour les avionneurs, qui auront plus de souplesse », souligne Agnès Paillard.
D’après la présidente du pôle de compétitivité Aerospace Valley, « la filière aéronautique et spatiale s’est ouverte. Il y a une prise de conscience que des technologies ou matériaux embarqués dans des futurs programmes viendront d’autres filières, comme l’automobile. Cette ouverture vers d’autres secteurs de R&D est bon signe. »