Christophe Perez, Serm et Saam

23/02/2015

Directeur depuis septembre 2014 de la Serm, la Sem d’aménagement de la Ville et de la Métropole de Montpellier, et de la Saam, une SPL créée plus récemment par les deux collectivités, Christophe Perez lance un plan stratégique pour redresser la barre des deux sociétés. « Si rien n’est fait, notre déficit atteindra 2,9 M€ en 2017, sur un budget de 12 M€ », assure le directeur général. Le maire de Montpellier Philippe Saurel a commandé au cabinet lyonnais Orfys deux audits, sur les finances et la gestion du personnel, tous deux critiques pour la gestion de l’ancien DG, Thierry Laget. Si « les équilibres globaux restent acceptables », la situation se dégrade, en raison notamment d’une forte baisse du volume d’activités, passé de 156 M€ en 2011 à 95 M€ en 2013, avec une perspective de 87 M€ en 2014. Dans le même temps, l’effectif a augmenté de 20 personnes. 

Pour « être à l’équilibre en 2017 », le nouveau DG veut jouer sur trois leviers : 1/ « Développer le chiffre d’affaires par l’identification de nouveaux clients », avec un objectif de production de 1 900 logements en 2017. 2/ Réaliser des économies en « favorisant les compétences externes », en regroupant les activités sur « deux à trois sites » au lieu de cinq, et en réduisant la communication. 3/ Supprimer 20 postes sur un effectif de 127 ETP.

Les deux audits, l’un portant sur les comptes des deux sociétés, l’autre sur la situation sociale, seront présentés prochainement au CA de la Serm et de la Saam, puis aux élus de la Ville et de la Métropole. Pour Philippe Saurel, qui compare la Serm à « une très belle Mustang avec un moteur complètement corrodé », les maux reprochés à la société se résument ainsi : « une diminution du volume d’affaires, liée au marché du logement », « une diminution des recettes lié au département énergie », et une « montée importante des charges de personnel ». « De 156 M€ de travaux en 2011, la Sem est passée à 95 M€ en 2013 », précise Bruno Genevois, associé du cabinet Orfys, qui a réalisé les deux audits. Le CA lié à cette activité a baissé dans le même temps de 2 M€. De leur côté, les effectifs ont augmenté de 20 personnes entre 2009 et 2013 « alors que le niveau d’activité était en décroissance ». Pendant cette période, l’activité de gestion d’un réseau de chaleur en délégation de service public a assuré « 70 % du résultat de l’ensemble », ajoute l’auditeur, avec des résultats de 1,8 à 2 M€. Des performances qui « viennent atténuer, si ce n’est masquer, la tendance lourde pour la rentabilité de l’ensemble ». Les indicateurs financiers ne sont pas bons : un endettement « qui se dégrade », une « réduction de la trésorerie disponible », et une « dégradation de la situation ». Néanmoins, « les équilibres globaux restent acceptables et conformes à la moyennes des EPL ».

 

Baisse de la rentabilité

La Saam, une SPL créée plus récemment pour porter, notamment, des opérations de réhabilitation, souffre pour sa part d’une perte importante de ses capitaux propres. « Si rien n’est fait, la Saam aura consommé 170 % de son capital social en 2017 », assure Christophe Perez. Pour l’avenir des deux sociétés, Orfys prévoit « une baisse très importante des résultats du département énergie », en raison notamment de la nécessité de nouveaux investissements, liés à la transition énergétique, et « une rentabilité de l’ensemble fortement mise à mal » par cette baisse de la rentabilité du réseau de chaleur.

Côté personnel, Orfys met en avant deux maux : une « productivité des personnels » inférieure à la moyenne des EPL, un « renforcement de l’absentéisme », et un dialogue social difficile entre l’ancienne direction générale et les représentants du personnel. Christophe Perez s’est également engagé à renouer ce dialogue. Tout en imposant des mesures d'économie vitales, selon la gouvernance, à l'avenir des deux sociétés.

 

Déficit masqué

«  Si nous n’avions pas enclenché ce plan d’action, la Serm serait en situation de cessation de paiement dans trois ans », assure Philippe Saurel. Qui affirme qu’« un certain nombre de choses ont été masquées à Max (Lévita, président de la Serm, NDLR) et à moi ». Selon le président de Montpellier Métropole, l’opération de la Zac Port-Marianne, avenue Raymond Dugrand, « présentait un déficit de 7 M€, qui a été réparti astucieusement dans le bilan des Zac, afin de passer inaperçu ». Selon lui, il y aurait eu « une entente parfaite entre l’ancien directeur de la Serm, et l’ancien directeur de la Ville » pour répartir ces 7 M€ de pertes à l’insu des élus. Les deux directeurs, Thierry Laget et Jules Nyssen, engagés par ses prédécesseurs, ont depuis été remerciés par le maire de Montpellier. 

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