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Région Occitanie
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| 31/08/2018

Sophie Garcia (Medef Occitanie) : « La région peut servir de laboratoire d’essai sur l’emploi et l’apprentissage »

Sophie Garcia, présidente du Medef Occitanie (14 Medef territoriaux et 22 branches professionnelles, représentant environ 12 000 entreprises), revient avec La Lettre M sur l'Université d’été du Medef (28-29 août), où elle a emmené une délégation de 80 personnes.

Cette 20e édition de l'université d’été du Medef a été marquée par le discours du nouveau président national, Geoffroy Roux de Bézieux. Qu’en avez-vous retenu ?
Son focus sur l’Europe (notre newsletter d’hier, NDLR) a été assez étonnant pour quelqu’un qui prend un mandat centré sur la France. Ce propos était plutôt intéressant et courageux, car je ne suis pas sûre que cela plaise à tout le monde ! Il a aussi pointé le besoin d’une réforme interne du Medef. Notre mouvement a besoin de plus de fluidité avec le réseau territorial et les branches professionnelles. Le Medef national est un organe de lobby très bien huilé, tourné vers le gouvernement, ce qui est normal, mais il doit élargir son périmètre. Sur la forme, on a apprécié le discours du Premier ministre Édouard Philippe. On travaille avec ce gouvernement, il y a beaucoup de communication, en permanence. Ce qui n’exclut pas des désaccords sur des points techniques, comme les indemnités journalières supportées par les entreprises, la taxation des contrats courts, la réforme de l’assurance-chômage…

Le rythme des réformes est très soutenu. Arrivez-vous à suivre ?
Le gouvernement met en effet une pression énorme au niveau de l’agenda, qui n’avait jamais été aussi lourd. On se plaignait, avant, que les sujets ne soient pas sur la table. Là, ils le sont tous en même temps, à un rythme effréné, sur des sujets très techniques, avec des centaines de pages à chaque fois. C’est à se demander si ce n’est pas fait exprès, pour qu’on n’ait pas le temps de réagir !

Beaucoup a déjà été fait pour les entreprises. Votre marge de manœuvre, en termes de négociations, ne se réduit-elle pas ?
Si notre discours consiste à revendiquer seulement pour les entreprises, il est évident que, dans le contexte actuel, on aura du mal. Et il s’agirait de postures à l’ancienne. On martèle depuis des décennies les baisses de charges, par exemple. Ce discours corporatiste est devenu stérile. Il n’est pas compris par l’opinion publique. Il faut changer le discours et arriver à discuter, à proposer des solutions globales, englobant des propositions pour les salariés. Nous sommes par exemple favorables à la suppression des charges salariales sur les heures supplémentaires, alors que cela ne nous concerne pas a priori. Passer d’un Medef de combat à un Medef de proposition est un vrai challenge pour nous, car il s’agit d’une petite révolution de notre façon de faire. Il faudra que cela suive en interne.

Quelle place du Medef Occitanie dans l’échiquier national ?
Nous devrions être bien placés. Nous ne sommes que trois régions présentes au niveau du bureau national, avec Sud et Auvergne-Rhône-Alpes. Et parmi ces trois, je suis la seule à être représentante d’une seule région (sans autre mandat par ailleurs, notamment au niveau du national, NDLR). Je suis ainsi sollicitée pour que le Medef Occitanie expérimente une nouvelle commission du Medef, intitulée « croissance et territoires ». Elle traitera des problématiques d’emploi, de recrutements, d’accès au logement ou au numérique, élaborera des plans d’actions pour les déserts territoriaux... Jacques Chanut, président national de la FFB, m’a demandé de co-présider avec lui cette commission. J’accepterai, à condition que l’Occitanie serve de région-test. Notre région a des enjeux clés : une grande superficie, deux métropoles, des déserts territoriaux, des endroits de plein emploi (Gers) ou d’autres très touchés par le chômage (Pyrénées-Orientales).

En quoi consisteraient ces tests en région ?
Des actions concrètes sur les problématiques de recrutements des PME, sur l’apprentissage et la formation. Je veux fixer des objectifs humbles, atteignables, par de petites actions. Nous allons nous y atteler avec la Direccte, le rectorat, la Région Occitanie, l’Apec, la préfecture de région et Pôle emploi.

Vous avez rencontré, à propos du Brexit, le n°2 du gouvernement britannique, David Lidington. Qu’en est-il ressorti ?
Deux niveaux se dégagent. Au niveau national, beaucoup d’acteurs français (banques, aéronautique, spatial, chimie…) redoutent un « hard brexit ». Au niveau régional, je constate que le Brexit n’est pas un sujet quotidien, ni pour les chefs d’entreprise, ni dans la presse. Cela reste, pour moi, un sujet politique, même si des entreprises ont, bien sûr, des relations commerciales avec l’Angleterre, voire des actifs et des salariés là-bas. Mais ce n’est pas majoritaire dans le territoire. Il est plus important, d’après moi, d’avoir une vision sur la nouvelle fiscalité et les nouvelles règles sociales en France en 2019. S’adapter au Brexit ne nous fait pas peur. Ce sera un changement parmi d’autres, et ce n’est pas le pire pour nous. Le pire serait qu’un autre pays européen sorte de l’Union européenne, car on a besoin d’une Europe forte. Face aux Chinois ou aux Américains, il faut parler en tant qu’européen, pas en tant que Français, Italien, Allemand…

Hubert Vialatte / vialatte@lalettrem.net
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