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Haute-Garonne / Hérault
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Institutions
| 28/04/2015

Montpellier et Toulouse veulent s’inventer un « destin commun »

Deux métropoles, et presque une seule voix. Les deux ambassadeurs de Toulouse et Montpellier, réunis par La Lettre M le temps d’un « petit déj » exceptionnel, le 28 avril, au Gazette Café, à Montpellier, ont préféré parler de ce qui les rassemble, plutôt de ce qui les oppose. Interrogés par le rédacteur en chef du bureau de Toulouse, Hubert Vialatte, le toulousain François Chollet et le montpelliérain Max Lévita promettent de travailler ensemble dans le numérique, le tourisme, de parler d’une seule voix face à l’Etat, et de s’inspirer de leurs bonnes pratiques respectives.

Inventer un nouveau modèle

Surtout, ne pas afficher de volonté d’hégémonie. Au lendemain de la signature d’un décret instituant Toulouse comme chef lieu provisoire de la future grande région, le toulousain François Chollet a mis l’accent, tout au long du « Petit Déj » de La Lettre M, sur le « destin commun à bâtir entre les deux métropoles ». « Nous n’avons pas intérêt à voir tout concentré sur Toulouse », estime le neurologue. Pour des « raisons psychologiques ». Mais aussi, selon lui, parce qu’une « alliance déséquilibrée ne fonctionnera pas ». Bottant en touche dans le camp de l’Etat, qui a nommé des préfigurateurs toulousains pour tous les grands services de l’Etat en région (préfecture, ARS, rectorats), l’élu assure les décideurs montpelliérains de la bonne volonté des Toulousains : « Philippe Saurel (maire divers gauche de Montpellier, NDLR) et Jean-Luc Moudenc (maire UMP de Toulouse, NDLR), se sont vus hier matin. Ils ont décidé d’aller ensemble discuter avec l’Etat de la répartition des services. Il y aura un discours commun ». « Nous avons une chance d’avoir deux métropoles sur une même région », assure François Chollet. « À nous de faire en sorte que l’équilibre soit respecté ». « La 8e ville de France a un avenir à jouer », renchérit l’élu montpelliérain. « Il faut voir comment on va le faire avec Toulouse, pas contre Toulouse ». Max Lévita plaide pour un nouveau modèle : « On est tous jacobins de naissance. Il faut inventer un système girondin. Nos collègues plus proches de Bordeaux vont nous aider dans cette démarche. »

Synergies

S’entendre, fort bien. Mais pour quoi faire, et dans quels domaines ? « Les services des deux métropoles travaillent déjà ensemble », assure François Chollet. Et les élus se rencontrent : ceux délégués au tourisme, au numérique. « Dans le numérique, il y a plusieurs dizaines de milliers d’emplois de part et d’autre. Il y a moyen de trouver des synergies ». Le 5 juin, l’élu toulousain en charge du numérique sera à Montpellier pour découvrir l’éco-système de la capitale languedocienne. « Le BIC (Business Innovation Center) de Montpellier marche très bien », assure Max Lévita. Le Toulousain renchérit aussitôt : « Je suis impressionné par le modèle innovant que vous avez développé. Ce n’est pas une simple pépinière avec un loyer. Vous avez prévu une infrastructure, les aspects financiers, les business plans. C’est un modèle particulièrement intéressant qui colle à une réalité, et aux besoins des futurs entrepreneurs ». Interrogés sur ce qui peut opposer Toulouse et Montpellier, les deux élus esquivent la question, et préfèrent parler convergences : « Il y a beaucoup plus de points sur lesquels des synergies peuvent être trouvées que des points d’opposition », assure François Cholet. Le Toulousain veut faire avec Montpellier ce qu’elle a déjà fait avec Bordeaux : « En 2005, nous avons voulu créer un pôle de compétitivité. Ça nous paraissait impossible de le faire avec Bordeaux, mais finalement les barrières ont été franchies. Avec cette alliance, nous avons doublé le nombre de projets à réaliser ».

Peser en Europe et face à la Région

Une alliance conçue pour peser face à l’Europe (« nous aurons une visibilité et une influence ») et dans le cadre de la future grande région. « Nous voulons peser face à la nouvelle région », en « instaurant un dialogue fructueux » avec la nouvelle entité, qui naîtra en janvier 2016. « Il faudra une génération pour construire cette entité », estime François Chollet. « Il est illusoire de penser qu’au 2 janvier 2016, les choses seront terminées ». Max Lévita relativise quant à lui le poids de la future grande région. « Tout le monde, estime-t-il, s’est mis à la régionalisation » après le succès des Länder allemands. « Nous, on fait semblant. Nos régions ont un budget complètement ridicule par rapport à celui des régions espagnoles. Notre combat n’est pas politique, mais intellectuel : quelle est notre conception de la région en 2015 ? L’Etat ne nous en proposera pas une. On se bat aujourd’hui pour savoir ce que l’Etat va bien pouvoir nous consentir ». La mission des deux élus prendra fin début 2016, avec la naissance de la nouvelle région.

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